Sami Hallak sj

mardi, 23 février 2016 09:01

Alep : le temps des miracles...

Alep populationA Alep, en Syrie, l’hiver se poursuit sous les obus. L’absence d’eau se fait cruelle. Les habitants ne manquent pas d’ingéniosité pour économiser ce « or sans odeur », comme le raconte dans son journal le Père jésuite Sami Hallak sj. Chaque goutte d’eau est utilisée deux à trois fois... Et malgré les drames quotidiens ceux qui n’ont pas les moyens de partir veulent continuer à croire aux miracles.

22 janvier 2016

Le moral de la population d’Alep est très bas. L’eau de la ville est coupée, et on parle d’une longue coupure. L’Etat islamique, qui contrôle le barrage alimentant Alep en eau, a coupé l’eau pour des raisons qu’on ignore encore. Un motif de plus pour quitter la ville et, tant qu’on y est, se rendre en Occident. On apprend que de plus en plus de familles émigrent au Canada. A la résidence du Service jésuite des réfugiés, nous avons un grand réservoir (22 000 litres), mais nous avons également une grande consommation. Plus de vingt personnes travaillent à la résidence. Le réservoir peut nous fournir de l’eau pour 12 jours maximum. Je m’inquiète moi aussi.

A chaque jour, son lot de joies et de contraintes nouvelles. A Alep, plus qu’ailleurs, on vit au jour le jour. Et chaque jour, à Alep, le Père jésuite Sami Hallak, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS), tient son journal. A travers lui, c’est le quotidien d’une ville dévastée par la guerre, et mue par un incroyable instinct de (sur)vie qui s’anime. Nous avons publié deux extraits de ce journal en 2015 déjà, le premier en date du 29 avril et le second en date du 5 novembre. Aujourd’hui, les dernières nouvelles du Père Hallak sj relatent la dureté de l’hiver, les pénuries de carburants et d’électricité, les prix effarants des denrées alimentaires et l’espoir des étudiants.

5 novembre 2015
Les rumeurs se confirment. L'encerclement d'Alep est terminé. Aujourd'hui, les fruits commencent à réapparaitre sur le marché.

jeudi, 05 novembre 2015 09:07

Alep : le temps de l'annonce de l'Evangile

Le Père jésuite Sami Hallak, engagé à Alep auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS), tient un journal de bord. Le 29 avril 2015, nous en avions publié un extrait.  Nous avons reçu aujourd’hui d’autres nouvelles de lui. Il décrit ses conditions de vie dans la ville bombardée, la poussière et la chaleur, le manque d’eau et de nourriture, la résignation des habitants. Chaque jour, la ville est un peu plus désertée. Les « au revoir » tapissent le quotidien des Syriens qui restent et du Père jésuite. « Quel sentiment quand vous voyez des jeunes se jeter dans la gueule de la mort pour vivre », écrit-il suite au départ de deux de ses neveux pour l’Allemagne, via le Liban, la Turquie... et les passeurs... Et aussi : « Nous continuons nos activités au JRS comme avant, mais avec presque 100 personnes au lieu de 150. D’où la question: devons-nous continuer? Vers où irions-nous? Un sentiment étrange nous harcèle le Père Ghassan et moi. Ce que nous faisons pour aider les gens est bien, mais on a l’impression que les gens ont besoin d’autre chose que du pain. Qu’est-ce que nous pouvons faire? Nous ne sommes que deux jésuites dans la ville. Nous tâtons des terrains... Le temps est venu pour passer à l’annonce de l’Evangile, au témoignage de notre foi devant ceux que nous servons en humanitaire depuis trois ans.» Et plus loin : « Le plus dur pour moi est que nous faisons une mission de maintenance non pas une mission de relance. Aucun avenir n’est visible. Nous sommes dans l’aberration totale. C’est pourquoi j’affirme partout que notre crise sera terminée en janvier, février au maximum. Suis-je un faux prophète? Pas du tout. Mon affirmation est sans argument tout comme celle qui dit que la crise durera des années. Avec une différence, la mienne redonne espoir. »

Un message poignant a pu être envoyé d’Alep par le Père jésuite Sami Hallak, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS). Tout comme d’autres volontaires du JRS, il a fait le choix de ne pas quitter le pays, et de rester auprès de la population bombardée. Tout comme le Père Frans van der Lugt le fit lui aussi, avant d’être assassiné, le 7 avril 2015. Ce message rédigé sous forme de « journal » est parvenu au Père Alex Bassili sj, socius du Père Provincial du Proche-Orient, et nous le retransmettons ici dans son intégralité. Car, comme le dit le Père Bassili, « il faut que le monde sache qu’il y a, malgré toutes les obscurités, des lueurs d’espoir qui donnent la force de vivre ».

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