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lundi, 18 décembre 2017 10:51

Pierre Favre. Né pour ne jamais s’arrêter

CouvFavreContagieuse... une telle vie rayonnante ! Voilà un homme intelligent et bon, doué du sens de l’humain et plein de confiance en Dieu, exprimant une empa­thie naturelle, une vision positive, un regard toujours bienveillant, même avec ceux qui pensent autrement. À tout cela s’ajoute une manière d’être qui nous rejoint dans de mêmes préoccupations. Pierre Favre est contagieux en raison de sa capacité de nous associer à ses points de vue.

Pierre Emonet
Pierre Favre (1506-1546)
Né pour ne jamais s’arrêter
Namur, Editions jésuites 2017, 216 p.

Né à Villaret, près de Saint Jean de Sixt, le 13 avril 1506, il apprend très tôt par sa maman catéchisme et prières. Berger de brebis, il exhorte dans les prés ses petits compagnons, au point que de grandes personnes s’arrêtent pour l’écouter. Deux oncles et un cousin sont chartreux. Ils l’aideront pour ses études: école de Thônes, puis collège de la Roche et collège Sainte-Barbe à Paris avec comme compagnon de chambre le futur saint François Xavier. Tous deux ob­tiennent leur licence d’enseigner «à Paris et partout dans le monde». Peu avant, le recteur leur avait proposé de partager leur chambrée avec un espagnol, quinze ans plus âgé, Inigo de Loyola.

Au cœur de ce trio animé de spiritualité, se confirme pour Pierre le désir du sacerdoce. L’archevêque de Paris l’ordonne «prêtre du diocèse de Genève» en 1534. Il a 28 ans. Le groupe agrandi à huit étudiants se «rend à Notre-Dame de Monmartre pour y faire le vœu de quitter leurs parents, de ne garder qu’un peu d’argent pour la route, d’aller à Jérusalem et de se placer sous l’autorité du Pontife romain. Pierre, l’unique prêtre du groupe, célèbre la messe et reçoit les vœux de ses compagnons.» C’est la naissance de la Compagnie de Jésus, les jésuites.

À plusieurs reprises, diverses personnes relèvent le rayonnement de Pierre: «Sa seule présence dégage un charme particulier. De tempérament ré­fléchi, profondément pieux, émotif, il attire et rassure.» Lors d’événements par­fois difficiles, ces traits de caractère apportent lumière et paix; à relever son es­prit d’obéissance et sa disponibilité.

Il sillonne l’Espagne, l’Allemagne surtout, où il se lie d’amitié avec Pierre Canisius, alors âgé de 22 ans, le Portugal, la Belgi­que, la France, l’Italie. Comme il dit: «Né pour ne jamais s’arrêter.» Il connaît ainsi des prélats, des chefs politiques, des princes et des gens de toutes conditions. Les Exercices spirituels de saint Ignace constituent le déclic de sa prédication et des contacts spirituels. Il décède à Rome, le 1er août 1546, à 40 ans.

Très estimé de son vivant, bien honoré dans son pays, il restera oublié par la suite. Un sentiment exprimé par saint François de Sales dans L’introduction à la vie dévote: «Le grand Pierre Favre... Je fus consolé cette année passée de consacrer un autel sur la place en laquelle Dieu fit naître ce bienheureux hom­me, au petit village du Villaret, entre nos âpres montagnes. » À l’occasion d’un jubilé en 2006, le souvenir et le culte de Pierre Favre ont suscité un regain d’intérêt. Le 17 décembre 2013, il a été finalement canonisé par le pape François.

Le jésuite Pierre Emonet, directeur de la revue choisir, a retracé avec bonheur et dans le détail l’itinéraire spiri­tuel de cet apôtre rayonnant, en deuxième partie du livre. En voici les thèmes: «l’unité d’une vie, le réalisme de l’incarnation, le maître spirituel, réforme et ré­formateurs, la grâce de l’amitié, la douce obsession de la correspondance, mo­deste au-delà de la mort». Ainsi, Pierre Favre devient comme un compagnon; il fait route avec nous dans la simplicité et dans la confiance en Dieu. L’écriture agréable restitue événements et paroles d’une manière vivante.

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