Ce prêtre et théologien tente de raconter ce qu’il vit au jour le jour, là où la vie l’appelle ou dans son prieuré Malèves-Sainte-Marie, en Belgique. Il plaide pour "le déplacement des frontières liturgiques trop étroites et pour le déplacement du regard". Une seule visée: être large, généreux, ouvert, souple et surtout libre. "Il semble dommage que seule la tête soit au rendez-vous et alors que le corps est resté à l’église." Gabriel Ringlet décrit des célébrations où chacun ensemence l’autre, partage ses énergies. Il plaide pour des célébrations ouvertes et inventives que tissent des textes, des fleurs, des chants, de la peinture ou du cinéma à l’occasion. Ces liturgies proposées demandent un temps infini de préparation. Elles sont l’œuvre d’équipes spécialisées. C’est une recherche de groupe. Chaque célébration ainsi pensée, préparée de longue date, dure cinq heures: entretien, lecture, chant, débat, repas et célébration. Des témoins de tout bord sont invités (par exemple Albert Longchamp, Lytta Basset ou Marion Muller-Collard, entre autres…).
Depuis des décennies, ce prêtre belge travaille à réenchanter les rites par des symboles sans cesse signifiants. Ces liturgies hors de sentiers battus à "la lumière de l’actualité et de l’imaginaire non pas «au-dessus» mais «en-dedans" dans leur simplicité, "supposent pas mal de recherches et de confrontations pour faire se rencontrer des univers qui n’ont pas été habitués à se fréquenter d’aussi près".
J’ai été bouleversée par ce livre. La sensibilité liturgique et poétique de l'auteur éveille des émotions au plus profond de soi. Vivre une liturgie pour vivre pleinement… "Il faudra, dit-il, proposer des ateliers de célébration sérieux et exigeants." Il est bien conscient de soulever des réticences aussi bien laïques que chrétiennes, mais il est urgent pour lui de "redonner sens, sel et rythme à l’existence". Me vient une question personnelle: faut-il célébrer tous les dimanches? Des temps forts de l’année liturgique ne jalonneraient-ils pas nos recherches spirituelles plus en profondeur?
Une dernière parole pour conclure la démarche de Gabriel Ringlet: "Je rêve de sortir d’une célébration où un participant me dirait: «Votre liturgie m’a beaucoup aimé!» Renversement salutaire!"