bandeau art philo
lundi, 07 septembre 2020 11:16

L’éternité ainsi de suite

Muller ColardLa théologienne Marion Muller-Colard nous entraîne toujours dans les profondeurs du cœur et ne rate pas une occasion pour donner à la réalité un sens pour plus d’humanité. Elle part à la rencontre de Nikola Zaric, sculpteur lausannois décédé en 2017. Voici ce qu’en dit Wikipedia: «Zaric apprécie la frontière floue séparant l’homme de l’animal; il désire créer une relation entre un no man’s land et un animal’s land, entre zoomorphisme et anthropomorphisme, tout en s’efforçant d’allier ses connaissances scientifiques à une approche poétique et artistique.»

Marion Muller-Colard
L’éternité ainsi de suite
Genève/Paris, Labor et Fides/Bayard 2019, 72 p.

Marion Muller-Colard fait une longue méditation sur la mort, sur le corps, sur l’art, à partir de la sculpture Le Christâne. Elle pointe l’«irréparable tension» où Zaric modela cette sculpture, «l’endroit de la ronde où naître et mourir convergent». Et elle déclare: «À son insu, Nikola me remet sur mon chemin d’Emmaüs, brûlant de paroles et de silence.» Quête initiatique en constante liaison avec les évangiles. «Ta mort m’a donné l’imaginaire, elle l’a renfloué d’un espace nouveau»: un imaginaire qui agrandit le réel.

Cette écriture en colimaçon aspire vers l’innommable. Entre deuil et désir, entre vie et mort, le langage n’est qu’une approche tâtonnante où la vie «ne se trace pas en ligne mais en ronde». L’auteure n’a pas hésité à monter à 3200 mètres d’altitude pour découvrir d’autres statues déposées là. Elle a aussi fait un détour par l’exposition de Pully, Hodler et le Léman, pour «prendre le courant ascendant des circonvolutions qui nous conduisent le long d’un invisible colimaçon qui ne se resserre qu’à l’infini, vers le centre». Un livre qui irrigue notre imaginaire et ouvre un espace à notre créativité.

Lu 413 fois
Plus dans cette catégorie : « Le joyau de l’âme Cellules je vous aime »