Marion Muller-Colard fait une longue méditation sur la mort, sur le corps, sur l’art, à partir de la sculpture Le Christâne. Elle pointe l’«irréparable tension» où Zaric modela cette sculpture, «l’endroit de la ronde où naître et mourir convergent». Et elle déclare: «À son insu, Nikola me remet sur mon chemin d’Emmaüs, brûlant de paroles et de silence.» Quête initiatique en constante liaison avec les évangiles. «Ta mort m’a donné l’imaginaire, elle l’a renfloué d’un espace nouveau»: un imaginaire qui agrandit le réel.
Cette écriture en colimaçon aspire vers l’innommable. Entre deuil et désir, entre vie et mort, le langage n’est qu’une approche tâtonnante où la vie «ne se trace pas en ligne mais en ronde». L’auteure n’a pas hésité à monter à 3200 mètres d’altitude pour découvrir d’autres statues déposées là. Elle a aussi fait un détour par l’exposition de Pully, Hodler et le Léman, pour «prendre le courant ascendant des circonvolutions qui nous conduisent le long d’un invisible colimaçon qui ne se resserre qu’à l’infini, vers le centre». Un livre qui irrigue notre imaginaire et ouvre un espace à notre créativité.