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lundi, 07 septembre 2020 11:38

Le crépuscule d’un homme

RebourgLorsque la démence «explose le temps, la logique, qu’elle rétrécit l’espace et rompt le dialogue», qu’elle envahit le champ de l’amour, les questions taraudent celle qui a accompagné son mari dans la maladie pendant dix ans. «Où vas-tu? C’est quoi aimer? C’est quoi un homme lorsqu’il perd la conscience de lui-même? Est-ce qu’il est encore quelqu’un?...» Elle «creuse la matière jusqu’à l’absurde», pour rester debout, vivante.

Christine Rebourg-Riesler
Le crépuscule d’un homme
Les Plans-sur-Bex, Balland 2018,
104 p.

Dans la terrible traversée de deux êtres tenus par l’amour, dans la douleur insoutenable de ces «dix années comme un arrêt en plein vol», Christine Rebourg-Riesler écrit «pour dresser les mots contre ce gouffre», pour ne pas sombrer. Elle n’élude ni les révoltes ni la «traque de ces petits riens… de ces détails infimes d’une vie qui palpite».
Celles ou ceux qui ont vécu ce genre d’expérience ne peuvent que communier à ce parcours douloureux contre l’épuisement, à cette volonté de ne pas trop faire porter à autrui la souffrance qui appartient au couple, à la mise à distance de soi-disant amis qui ne peuvent supporter la situation...

Ce livre est sublime, car il mêle l’abîme de la douleur à la cime de l’amour. Il est le chemin de deux êtres unis par la souffrance comme par l’amour, jusqu’à l’éternité. Le méditer, c’est laisser monter en soi, dans n’importe quelle circonstance, la sève de la vie.

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