Au «je consomme donc je suis!» s’oppose l’urgence d’une analyse critique et lucide pour sortir du cercle vicieux de la consommation. Il est impératif d’aller au-delà du «consommer mieux» pour «un consommer moins». La notion de «développement durable» ne permet plus de répondre à la gravité des enjeux. Le jour du dépassement de la Terre, «moment où l’humanité a consommé ses ressources naturelles que la planète peut produire en une année», ne cesse de rétrograder: en 1970, c’était le 23 décembre; en 2019, le 29 juillet!
Pour désobéir aux injonctions du marché, au «fétichisme de la croissance», il faut passer «d’une écologie extérieure à une écologie intérieure». Car les mécanismes de défense génèrent «une fragmentation de l’être, donc une inertie, et privent les émotions de leur pouvoir de transformation […] la régression du désir en pulsion. En se recentrant sur l’essentiel, il s’agit de traverser les émotions en en transformant l’énergie, de les "composter" en engrais pour l’action». Cela appelle une métanoïa personnelle pour le changement de cap de sociétés «fondées sur des liens plutôt que sur des biens, la convivialité plutôt que la consommation, les usages plutôt que les possessions, la coopération plutôt que la compétition». La «simplicité volontaire» ou la «sobriété heureuse» «constituent fondamentalement un enjeu collectif de solidarité et de justice socio-écologique»… Se changer soi-même avant de changer le monde!
Dans les années 70, Ivan Illich, Jean Baudrillard, Jacques Ellul et d’autres encore avaient déjà tiré la sonnette d’alarme! La Terre attendra-t-elle longtemps avant d’agir par le chaos? On y est déjà en partie! Michel Maxime Egger a avoué n’être pas très optimiste mais rester, par sa foi orthodoxe, dans l’espérance. Il appelle à une formidable levée de conscience, à un réveil des communautés et des Églises. Une participante a judicieusement posé la question: «Comment transmettre les valeurs de changement dans le milieu éducatif?» Car il y a urgence. S’interroger soi-même, se transformer intérieurement, c’est une petite marche dans l’évolution du monde. Mais changer, au niveau planétaire, de paradigme écologique, économique, est un tout autre défi.