Datant du IVe siècle avant notre ère, le livre de Jonas se veut un récit en quatre épisodes (Jonas dans la tempête, dans la baleine, à Ninive et sous le ricin), dessinant un voyage aller et retour, un voyage mouvementé, agité, rapide, grouillant de personnages, et à la fois immobile et méditatif. Parole et prière d’un «prophète problématique», d’un «anti-héros» déconcertant, «en décalage avec le réel», solitaire, prophète d’un «Dieu méconnu».
L’auteur nous décrit le monde de Jonas, géographique, politique et religieux. «L’humour des situations, des dialogues semble constamment contredire la gravité et le tragique indéniable de ces mêmes situations.» Lorsque Jésus de Nazareth revendique Jonas comme étant LE signe, le seul qu’il consentirait à donner (Mt 12,39), il nous l’offre comme un signe de contradiction, de conversion, signe de la Parole…
Se posent alors les enjeux spirituels pour aujourd’hui de ce mashal (enseignement de sagesse qui peut prendre la forme d’une parabole, histoire et énigme à la fois) «comme une petite clé d’or capable d’ouvrir le cœur humain à la vérité, à l’espérance, à l’Évangile». Il se termine par un point d’interrogation: la question de Dieu renvoie Jonas et son lecteur au silence.
Le livre de Jonas a été lu et relu par le judaïsme, le Nouveau Testament et l’islam, par les Pères de l’Église, par la littérature (par exemple Albert Camus, Eri de Luca ou Francine Carrillo), les arts et la musique. Aujourd’hui, ce merveilleux commentaire nous aide à renouveler en profondeur notre vision de Dieu et nous interroge sur notre vie d’humain toujours en quête de vérité.
David-Marc d’Hamonville
Jonas
Col. : Mon ABC de la Bible
Paris, Cerf 2021, 140 p.