Nos blessures prennent racine dans les ténèbres au bas de la Croix et nous devons tous assumer le goût amer «d’une éponge imbibée de vinaigre». Dans notre «faim / D’éternité», nous atteindrons le troisième jour «où s’embrase l’attente». Jour de résurrection, d’enfantement renouvelé. Un chant éclate, creuse le sens, élève les «mains des siècles à venir».
Auteur prolifique, médecin, écrivain, Claude Luezior a publié romans, nouvelles, poèmes, livres d’art… Ici, le dépouillement des phrases, leur densité, leur intensité nous font vibrer dans le silence. On est dans un réel où une «flaque de lumière» surgit au visage de la femme. On s’arrête à chaque page pour lire entre les blancs, en résonnance avec le texte et les dessins minimalistes, effectués au crayon d’une main errant sur la page.
Ce n’est pas étonnant qu’Albert Longchamp (alors qu’il était encore provincial des jésuites de Suisse et rédacteur en chef de choisir) ait préfacé ce livre (édité des années plus tard): «On peut risquer sa vie pour une lueur d’espérance. Et rien de ce qui sera donné là, ne sera perdu.»