Adrian Ghenie, à gauche: Untitled, 2011; à droite: Selfportrait in Winter, 2015 © Adrian Ghenie DRSon œuvre est inaccessible, souillée par le néant comme l’histoire. Art morbide voire glauque, il l’est parce qu’il interroge notre présent à la lueur de la mémoire collective. Obsédé par le mal, rattaché à l’héritage artistique de ses pères, le Roumain Adrian Ghenie est aussi l’un des artistes contemporains les plus cotés du marché.

Geneviève Nevejan, Paris, journaliste et historienne d’art

De qui et de quoi parle-t-on? Du rôle de l’artiste dans la société? Du rôle qu’on lui prête ou de l’engagement qu’il se donne à lui-même? «Le métier d’artiste, déclarait Guy Bedos, c’est de faire passer au singulier des émotions plurielles. Nous sommes les haut-parleurs des anonymes.»

Gérald Morin, cinéaste et journaliste, a cofondé à Sion la Fondation Fellini pour le cinéma et a réalisé en 2013 le documentaire Sur les Traces de Fellini. Il a été durant près de dix ans le rédacteur en chef du magazine CultureEnJeu.

mardi, 01 juin 2021 09:39

Sur un malentendu

Que de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase: «Cette musique, pour moi, ce n’est que du bruit!» Il n’y a pourtant, selon la signification précise des termes, aucune incompatibilité entre musique et bruit: certaines musiques, notamment africaines, se basent en effet essentiellement sur des instruments de percussion, qui ne produisent que des bruits. Et de nombreux sons, comme ceux du téléphone ou de la cocotte-minute, ne font pas musique… Comment s’y retrouver?

Rédacteur en chef de la Revue musicale de Suisse romande, professeur d’histoire de la musique à la HEM, Vincent Arlettaz (musicologue et musicien) joue du hautbois et du cor anglais. Il a été de 2001 à 2020 membre de l’Ensemble Vocal de Lausanne, dirigé par Michel Corboz.

Le bruit au Japon, c’est quoi? Chaque pays en dresse sa propre cartographie, même si la douleur et l’inconfort sont partout identiques dès que l’on entre dans la pollution sonore. En quoi la perception du bruit diffère-t-elle entre Tokyo et nos plaines? Que dit-elle de l’archipel? Le silence y est-il devenu l’apanage des riches essayant de s’extraire de l’assourdissante capitale? À la recherche de réponses, j’ai mordu dans ma madeleine de Proust à moi, les sons nippons.

Annick Chevillot, Lausanne, journaliste

Manifestation à Cali contre la réforme fiscale de Ivan Duque, 1er mai 2021 © Remux/WikimediaDepuis fin avril, l’apparente stabilité de la Colombie s’est vu affecter par une explosion sociale sans précédent dans son histoire. «Apparente stabilité», car pendant des années les médias internationaux se sont focalisés principalement sur les guérillas et les narcotrafiquants, occultant la dégradation des conditions de vie et de l’environnement en Colombie ainsi que la violence systématique utilisée par l’État contre la population. Mais les choses sont en train de changer, un nouveau modèle de fonctionnement se dessine peut-être.

Orques, en Alaska. Photo de Robert Pitman © CCLes effets néfastes du bruit sur la santé humaine sont bien connus: perturbation du sommeil, de l’humeur, troubles cognitifs, risques cardiovasculaires… mais qu’en est-il des animaux? De plus en plus d’études tendent à montrer que le bruit affecte aussi leur vie. Cette gêne ne concerne pas seulement quelques espèces sensibles ou des écosystèmes particuliers. Les dernières études montrent des répercussions bien plus généralisées.

Chloé Laubu (docteure en biologie du comportement animal) est vulgarisatrice scientifique et tient le site Élan d’Sciences.

Cabanes-résidences de la Fondation Jan Michalski à Montricher © Céline FossatiÉditrice depuis plus de trente ans, mécène discrète, mais très active dans le monde littéraire, elle est la présidente de la fondation qui porte le nom de son mari, Jan Michalski, avec qui elle a fondé les éditions Noir sur Blanc. Une fondation qui propose notamment des résidences pour écrivains. Un concept bien connu du monde des arts qui sonne un peu comme un cadeau.

Vera Michalski-Hoffmann est la fondatrice de la Fondation Jan Michalski, créée à Montricher en 2002 en mémoire de son mari et afin de perpétuer leur engagement commun pour la littérature et l’écriture. Elle est à la tête du groupe Libella qui comprend une dizaine de maisons d’édition actives en Suisse, en France, en Pologne et dans le monde anglo-saxon.

Faire l'auteur en régime néo-libéral, Jérôme Meizoz«Flux tendu des publications, tir nourri des éditeurs. Ma crainte: qu’ils se dotent bientôt de bombardiers. Je songe à aménager ma cave» (Éric Chevillard). La vie littéraire est surdéterminée aujourd’hui par les exigences commerciales et médiatiques. Les techniques de storytelling donnent souvent le ton, le nom d’auteur glisse vers le statut de marque commerciale et les médias cherchent à montrer les écrivains en personne, en privilégiant les «belles gueules».[1] Qu’en résulte-t-il pour les autrices et les auteurs?

Jérôme Meizoz (écrivain, sociologue et docteur ès Lettres) enseigne à l’Université de Lausanne. Il a reçu le Prix suisse de littérature pour son roman Faire le garçon (Zoé, 2017). Il développe la réflexion abordée ici dans Faire l’auteur en régime néolibéral - Rudiments de marketing littéraire (Slatkine 2020).

Le cardinal Reinhard Marx en 2008 WikipediaLe 21 mai dernier, assumant l’échec de l’Église catholique face à la crise des abus sexuels en Allemagne, le cardinal allemand Reinhard Marx a demandé au pape François l’autorisation de démissionner de sa charge d’archevêque de Munich et Freising. Autorisation qui lui a été refusée par le pape, le 10 juin 2021, qui déclare, dans une lettre au ton très personnel, que «toute l’Église est en crise à cause du problème des abus». De fait, le cardinal Marx n’est accusé ni d’abus sexuels ni de dissimulation. Alors, pourquoi avoir voulu démissionner? L'avis de Gerard O’Connell, correspondant au Vatican pour le magazine America.

Prison de Champ Dollon © JJKphotos«Tu m’as pris l’océan, tu m’as pris l’Espace.
Tu m’as laissé un timbre-poste pour m’y loger
de barreaux de prison entouré.
Le résultat? Aucun je pense:
tu m’as laissé mes lèvres
qui forment les mots
et le silence pour les former.»
Ossip Mandelstam

Poète, traducteur, spécialiste de J.-J. Rousseau, de M. Foucault et de C. Pavese, dont il a supervisé l’édition des Œuvres chez Gallimard, Martin Rueff a enseigné plusieurs années la philosophie (niveau universitaire) à la prison de la Santé de Paris. Il a animé de 2015 à 2018 un programme d’écriture créative à l’établissement pénitentiel genevois Curabilis. Il est professeur de littérature française à l'Université de Genève.

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