Comment comprendre les émois ressentis à l’écoute de la musique? Pourquoi nous touche-t-elle autant? La philosophie s’est de toujours intéressée à la puissance émotionnelle de la musique, en particulier au phénomène de la contagion affective. Elle poursuit aujourd’hui cette exploration de la question.
Federico Lauria est chercheur à l’Université de Genève et de New York. Il travaille, dans une perspective interdisciplinaire, sur divers projets liés aux sciences affectives, tels que la musique, la duperie de soi, la curiosité et la mort. Il vient de co-publier The Nature of Desire (New York, Oxford University Press 2017, 360 p.).
Aloïse, sans titre (1948), © Olivier Laffely, Collection de l’Art Brut, LausanneTous les deux ans, la Collection de l’Art brut de Lausanne puise dans son immense fonds de 70'000 pièces pour organiser une exposition autour d’un thème. Cette année: le corps. On y retrouve les œuvres d’Aloïse Corbaz, l’une des plus célèbres figures de l’art brut, et ses luxurieuses princesses aux yeux bleus et au sexe fleuri, hymne à l’amour.
Troisième Biennale de l’Art Brut
Jusqu’au 28 avril 2018
Ce musée précurseur fut voulu par le peintre Jean Dubuffet, artiste et premier collectionneur d’un art en marge. On le sait, Dubuffet a fait don à la Ville de Lausanne des 5000 pièces de sa collection. Un retour aux sources puisque c'est en Suisse, dès 1945, que le peintre rencontrait les artistes et psychiatres éclairés qui permirent l’éclosion de ces œuvres. La Ville accepta alors de créer un musée, qui a pris place en 1976 dans le Château de Beaulieu, à Lausanne.
Des nouvelles manières de dire Dieu
Dans le numéro de novembre 2015 de The Atlantic, un article de Grayson Clary porte ce titre provocateur: «Pourquoi tant de catholiques dans la science-fiction?» En fait, tant la science que la science-fiction peuvent être une source de joie intense, et même de joie spirituelle, ce qui s’accorde avec l’un des principes fondamentaux de la spiritualité jésuite: «Trouver Dieu en toutes choses.»
Les textes qui composent ce recueil ont été réunis par Olga Lossky, à qui l’on doit déjà une biographie d’Élisabeth Behr-Sigel. Ils constituent un complément précieux aux ouvrages de cette théologienne au parcours singulier, que l’on a appelée la grand-mère de l’orthodoxie d’Occident, et couvrent une vaste période (1932-2000).
Elle-même issue des milieux de l’émigration russe, Olga Lossky a regroupé en cinq grands chapitres ces textes de formes diverses, dans un ordre qui n’est pas strictement chronologique mais qui correspond plutôt aux grands thèmes qui ont marqué la pensée d’Élisabeth Behr-Sigel.
Les Signes de lumière, poèmes et photos de frère Jean, ne peuvent que faire du bien à ceux qui aspirent à des temps d’espérance. L’édition est bilingue, française et russe (traduction de Anna Davidekoff), et l’emploi de l'alphabet cyrillique ajoute à l’élégance de l’ouvrage.
Chacun des 50 poèmes offerts est un petit voyage intérieur, accompagné de très belles photos de nature ou d’art du moine photographe du Skite Sainte Foy des Cévennes. Ils sont à lire au gré des envies et des jours, et peuvent se vivre comme autant de petites pauses méditatives et sereines. Une lecture appropriée pour le temps de l’Avent ou celui du Carême.
«Dignité immense de la grandeur divine, indignité des moyens de représentation»: par ce dualisme fondamental, l’historien contemporain Alain Besançon exprime le problème crucial de la figuration du sacré, soit représenter l’irreprésentable. Pour autant, le christianisme, à la différence du judaïsme et de l’Islam, se donnera la liberté, certes «conditionnée», d’incarner son dieu et ses croyances, cela pendant plus de deux millénaires.
Geneviève Nevejan enseigne à l’École du Louvre.
L’anecdote raconte que Zeuxis (peintre grec né en 464 av. J.-C.) avait peint des raisins sur lesquels s’étaient jetés des oiseaux, trompés par l’exécution parfaite. Un récit parmi d’autres qui indique que la peinture a longtemps cherché à représenter son modèle le plus fidèlement possible. L’art consistait à magnifier la beauté et la grandeur de son sujet, comme le démontre l’époustouflante fresque en trompe-l’œil qui orne le plafond de la nef de l’Église Saint-Ignace de Loyola à Rome (p. 37). Elle fut réalisée en 1685 par le peintre jésuite Andrea Pozzo, qui mit ainsi en pratique ses théories sur la perspective. Elle représente saint Ignace accueilli par le Christ et la Vierge Marie.
S’il est un verbe d’une grande richesse symbolique et de sens, c’est bien exister. Son origine latine ouvre un vaste champ exploratoire, qui ne peut que stimuler les linguistes et les philosophes.
Stjepan Kusar est responsable de la bibliothèque des jésuites de Carouge. Il enseigne la philosophie à l’Université catholique de Croatie.
«L’essentiel est invisible pour les yeux», dit le poète, comme la beauté divine dont parle Augustin: «Tu étais au-dedans; et moi au dehors; et c’est là que je te cherchais.» Tout le rapport de l’invisible et du visible se coule dans la relation entre l’intérieur, non maîtrisable, la source de ce que je suis, et l’extérieur que je peux voir, toucher. Cet invisible intérieur, c’est l’âme, disent les théologiens. Le curieux que je suis s'en trouve interpellé.
Étienne Perrot sj axe ses recherches sur la dimension sociale de l’argent, la gestion du risque et le discernement dans la vie professionnelle. Il a abordé ces thèmes dans de nombreux ouvrages, dont Exercices spirituels pour managers (Paris, Desclée de Brouwer 2014).
L’art subtil qui consiste à copier, usurper, plagier et contrefaire a été montré du doigt de tout temps. Les Romains, déjà, chassaient les faussaires. Un musée japonais, lui, a décidé il y a 20 ans de transformer son espace en plus grand simulacre du monde. Ses 30 000 m2 n’abritent que des copies. Sans pour autant faire prendre des vessies pour des lanternes aux visiteurs.
À douze ans, mon frère rentre à la maison avec un 45 tours de Michel Sardou: Les lacs du Connemara. Bof. Il installe le disque sur la platine et là, il se passe quelque chose en moi. Le bruit du vent, la cornemuse, le ton grave de Sardou, les violons tragiques, les chœurs me transportent. Puis tout s’arrête et lentement la cornemuse monte et envahit l’espace. La grosse caisse donne envie de marcher au pas. C’est un hymne!
Eugène Meiltz, de son nom de baptême, est un écrivain vaudois, parolier et animateur d’ateliers d’écriture.
La musique est présente au cinéma dès ses débuts. Au plan formel, les deux arts ont en commun de travailler sur le temps, le rythme. Quant aux sujets, la musique tient évidemment une place centrale dans les films musicaux, les biographies de musiciens, mais aussi dans certaines fictions et documentaires où elle est considérée comme un facteur d’intégration sociale et de rencontre entre les cultures. Est-ce une idée reçue?
Chroniqueur cinéma pour choisir depuis 2012, Patrick Bittar est aussi directeur de l’Association suisse des amis de Sœur Emmanuelle (ASASE).