La crainte de Dieu est source de sagesse. Depuis le Nouveau Testament, nous mettons de plus en plus l’accent sur «le parfait amour [qui] bannit la crainte» (1 Jn 4,18), mais cela n’empêche pas que cette crainte demeure une part importante de l’héritage de l’Eglise, l’un des dons du Saint-Esprit, même s’il nous faut subordonner son importance à celle de l’amour.
Je n’ai fait qu’une seule expérience concrète du monde surnaturel et ce fut pendant la messe d’enterrement de Dorothy Day.[1] On lisait les Béatitudes (Mt 5,3-12). Dès les premiers mots, j’aperçus des étincelles provenant du cercueil de Dorothy. J’ai d’abord cru à un court-circuit, mais personne ne semblait s’en inquiéter. La lecture de l’Evangile se poursuivait comme si de rien n’était. Les gens qui m’entouraient ne réagissaient nullement, alors que pour ma part j’étais affolé ! Il faut dire que je passais à l’époque par un très mauvais moment : ma vie s’effondrait et je perdais les pédales. A la fin de la lecture, le jet d’étincelles cessa et tout redevint normal.
Le Prix Rambert de la Section vaudoise de la Société d’étudiants de Zofingue est décerné cette année à Philippe Rahmy pour son roman Allegra (Éditions La Table Ronde, 2016). En 2012, choisir consacrait un article à cet écrivain et analysait son œuvre. L’écriture de Rahmy soulève la souffrance, mais elle la traverse aussi. A lire ici.
Biographiquement parlant, Philippe Rahmy est né à Genève en 1965. Il a étudié les lettres à Lausanne où il vit actuellement. Egyptologue, il est philosophe, poète et... atteint de la maladie des os de verre. Voilà pour les repères (succincts, j’en conviens), les marqueurs sociaux. Mais un diagnostic médical, cela fait-il partie d’une biographie ? Maladie des os de verre : Philippe Rahmy ! Bio, c’est vie. Graphie : écriture. Philippe Rahmy déroule une écriture de vie, dans le corps, avec l’esprit, et dans la douleur d’une souffrance qui la raconte et en la racontant, la dépasse. Les mots pèsent lourds dans sa bouche, ils ne sont pas innocents, mais forment corps, masse, presque des organes hors du corps vivant d’une vie propre.
Philippe Rahmy, en plus de collaborations régulières à la revue remue.net, (1) cofondée avec François Bon, a publié deux ouvrages majeurs chez Cheyne éditeur : Mouvement par la fin, sous-titré Un portrait de la douleur (2005), et Demeure le corps, sous-titré Chant d’exécration (2007), dans la collection «grands fonds». Ces deux livres ne pouvaient trouver meilleure collection et collection meilleurs ouvrages pour illustrer l’apnée mais aussi l’appel d’air des abysses où ils se meuvent. Grandes profondeurs, en effet.
L’écriture de Rahmy soulève la souffrance, mais elle la traverse aussi. Il ne s’agit pas ici du témoignage d’une promenade de santé. Pourtant, nul misérabilisme. Il y a une grande force dans cette exploration de l’enfermement. Mouvement par la fin, tout d’abord, commence presque à reculons : «Je me résous à parler puisque cela aussi sera emporté.» Ecriture dans le silence, mais aussi contre celui-ci. Entre l’économie d’un souffle court et des phrases qui se déroulent comme des bandages, on perçoit le pouls de celui qui s’auto-observe. La souffrance ramène, inlassablement, au corps. Mais la scission entre le corps et l’esprit est minée, rendue vaine. On comprend bien alors : le cerveau, c’est un organe et tout dans les mots sont du corps. Rahmy fait éclater les dualismes et les bipartitions. Il écrie du corps.
Entrée de la cliniqueLes cliniques clandestines pour combattants djihadistes blessés du front syrien sont nombreuses en Turquie. Si elles ne sont pas officiellement reconnues par le gouvernement turc, elles travaillent la main dans la main avec les hôpitaux du pays. Ce travail médical et humanitaire sert aussi de couverture au trafic d’armes. Un reportage édifiant.
Une flopée d’hommes discute à voix basse devant l’entrée d’un garage d’un banal immeuble gris à trois étages. Ce ne sont pas des mécaniciens. De longues barbes mangent leurs visages durs et méfiants, marqués de cicatrices. Certains sont mutilés, d’autres sont assis sur des fauteuils roulants. Nous sommes dans une clinique clandestine de combattants djihadistes, à Reyhanli, dans la province turque d’Hatay, près de la frontière syrienne. Les factions rebelles islamistes de Syrie y envoient leurs blessés se faire soigner avant de les réexpédier au front.
L’opinion publique a réservé un accueil favorable à la récente Exhortation apostolique Amoris laetitia du pape François sur le mariage. Une faveur à la hauteur de l’attente des personnes qui s’interrogent sur l’avenir du mariage et sur la capacité de l’Eglise catholique à proposer un enseignement réaliste. Seuls les partisans du mariage homosexuel et de rares cardinaux plus nourris de droit canon que d’Evangile ont manifesté leur désaccord. Les uns attendaient une reconnaissance, les autres un enseignement dogmatique musclé. En bon jésuite, le pape a surpris tout le monde en empruntant un autre chemin, celui du pasteur conscient de la diversité et de la complexité des situations auxquelles sont confrontées ses ouailles : le chemin du discernement.
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Dès l’automne, votre revue paraîtra sur deux supports complémentaires : une édition papier trimestrielle et un site web proposant des articles d'actualité.
Plus étoffée, l'édition trimestrielle développera deux dossiers par numéro, autour de thématiques fortes. La rédaction vous proposera en outre sur son site web encore plus d'articles d’actualité, dans ses domaines de prédilection (spiritualité, théologie, politique, société, arts, etc.). Un tournant vous attend, comme l’explique Pierre Emonet, directeur de la revue, dans la lettre ci-dessous.
L’opinion publique a réservé un accueil favorable à la récente Exhortation apostolique Amoris laetitia du pape François sur la famille. Une faveur à la hauteur de l’attente des personnes qui s’interrogent sur l’avenir du mariage et sur la capacité de l’Eglise catholique à proposer un enseignement réaliste. Seuls les partisans du mariage homosexuel et de rares cardinaux plus nourris de droit canon que d’Evangile ont manifesté leur désaccord. Les uns attendaient une reconnaissance, les autres un enseignement dogmatique musclé. En bon jésuite, le pape a surpris tout le monde en empruntant un autre chemin, celui du pasteur conscient de la diversité et de la complexité des situations auxquelles sont confrontées ses ouailles : le chemin du discernement.
René Stockman
La boîte de Pandore
Réflexion sur l’euthanasie sous une perspective chrétienne
Namur, Fidélité/Editions jésuites 2015, 148 p.
Voilà un livre bien construit, honnête, provenant d’un homme dont l’autorité en la matière ne fait aucun doute : théologien flamand (actuel supérieur des Frères de la Charité), il a longtemps été directeur d’institutions psychiatriques. Le titre, La boîte de Pandore, résume bien le constat de l’auteur : la dépénalisation de l’avortement a préparé celle de l’euthanasie (en Belgique en 2002), ainsi que son combat : René Stockman s’est courageusement engagé dans le débat public. Ces deux dépénalisations, analyse-t-il, sont le résultat de la perte du sens de la vie et de la dignité de toute personne.
Anne Sandoz Dutoit
Vieillir. Un temps pour grandir
Bière, Cabédita 2014, 96 p.
L’auteure travaille comme bénévole dans un établissement médico-social. Les personnes âgées ne lui sont donc pas étrangères et la Bible non plus. Une Bible qu’elle va citer avec justesse tout au long de son livre, lequel se lit avec intérêt et émotion.
Une nouvelle ère s’ouvrirait pour l’Iran. Le 16 janvier, l’Agence internationale de l’énergie atomique a levé les sanctions internationales contre la République islamique ; et le 26 février, les élections parlementaires ont confirmé la popularité du président Rohani, un modéré. Décryptage avec Mohammad-Reza Djalili, spécialiste de l’Iran, professeur émérite à l’Institut de hautes études internationales et du développement.
Lucienne Bittar : Les élections parlementaires sont présentées comme une victoire pour le président Rohani et ses alliés. (1) Qu’en pensez-vous ?
Mohammad-Reza Djalili : «Il faut relativiser l’importance de ces élections, car avant d’être une élection, elles sont une sélection. Tous les candidats ont dû être acceptés par le Conseil des gardiens, dont la moitié des douze membres sont directement nommés par le Guide suprême, et les autres indirectement, puisqu’ils le sont par le responsable du système judiciaire, lui-même nommé par le Guide. Le véritable chef d’Etat reste le Guide Ali Khamenei.