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"Querida amazonia", Vatican NewsLa Conférence catholique des baptisé-e-s francophones prend acte de l’encouragement que contient l'exhortation apostolique Chère Amazonie du pape François, pour les catholiques. Elle les invite à être inventifs en matière de ministères, de célébrations et de rites, dans la conformité au génie du christianisme, afin qu’ils se sentent totalement responsables de l’annonce de l’Évangile, sans attendre une approbation de la hiérarchie.
«Que dire d’un gouvernement [l’Église catholique romaine] des temps modernes qui canonise presque tous ses dirigeants?» s’interrogeait dans votre revue, en avril 2011, non sans amertume, Thierry Schelling, qui documentait avec précision toutes les béatifications ou canonisations de papes dès le début du XXe siècle (l’Église avait une certaine retenue précédemment), le cas de Jean-Paul II étant très particulier, puisque «Benoît 16 béatifie le confrère, ainsi que l’orthodoxie de ses écrits… auxquels il a lui-même passablement contribué! [en tant que directeur de la Congrégation pour la doctrine de la foi dès 1981]» (cf. Choisir, 2011/04, pp. 18-21).
À ces remarques pertinentes sur le «culte de la personnalité» que représentent toutes ces glorifications corporatives, on peut ajouter la manie des papes actuels de flatter tous les peuples possibles en canonisant leurs ressortissants à tour de bras, ce qui représente essentiellement des opérations de relations publiques et n’a évidemment que fort peu d’assise théologique.
Un principe simple permettant de se prémunir contre cette dérive démagogique consisterait à fixer une règle selon laquelle un délai minimum s’impose entre le décès d’une personne et sa canonisation: un siècle, par exemple, en tout cas au moins 50 ans. On s’assurerait de la sorte de ne mettre au panthéon que des «saints» dont la mémoire aurait été conservée un temps substantiel, présentant ainsi un minimum de garantie de substance. Rappelons que l’avant-dernier pape a reçu la consécration suprême moins de 10 ans après sa mort!
Je remercie choisir d’avoir conservé une édition papier. Car même si l’Église a le devoir de rejoindre les gens là où ils sont, sur le numérique donc, elle l'a aussi vis-à-vis des personnes qui, pour une raison ou une autre, n’ont pas d’ordinateur, pas de smartphone ou qui sont incapables de s’adapter au rythme hallucinant de l’avancée numérique. Il peut aussi s’agir d’un problème financier. Ces gens font aussi partie de l’Église ou d’une société laïque perturbée par de profonds changements. J’ai déjà dû décommander un magazine très intéressant édité pour les personnes dures d’oreille (malentendantes, terme plus moderne). Il avait cessé de paraître sur papier, ce qui était trop fatigant pour moi. Comme Église, nous avons à nous occuper du royaume de Dieu et de sa justice, donc aussi des personnes moins équipées sur le plan technique.
Il est en outre dangereux pour la santé, pour les yeux et pour les contacts humains d’être en permanence devant des écrans, sans compter le gaspillage d’électricité qui nuit à l’environnement. Je travaille pour ma part sur papier la plupart du temps, mais sur papier FSC. Dans votre excellent numéro 693, deux choses m’ont frappée: l’empressement de l’Église à participer à la civilisation numérique pour répandre la Bonne Nouvelle (article de R.-Ferdinand Poswick) et l’envers du décor traduit dans la recension du livre C’est l’emploi qu’on assassine, de Jean-Marie Brandt et deux autres auteurs, commenté à la page 80.
© Pierre EmonetVoilà finalement terminée la lecture de votre n° 691 dédié au travail. En le lisant, j’ai fait un plongeon dans les années 80. Ma fille cadette, 7 ans à l’époque, m’avait posé la question: «Papa que fais-tu?» Je lui avais donc proposé de venir toute une journée avec moi.
Un lundi de libre à l’école, les professeurs étant en formation, après un réveil à 6h et un bol d’Ovomaltine, nous voilà partis pour les chantiers.
Les théologiennes Monika Hungerbühler, de Bâle, et Jacqueline Keune, de Lucerne ont réagi en décembre 2018 à la démission de l’Église de six femmes de notre pays (2 théologiennes, 3 politiciennes et une engagée dans le développement au niveau national).
Bien avant que les femmes ne se soient détournées de l'Église catholique romaine, c’est cette dernière qui s’en est détournée. Et même si des femmes s'étaient exclues superficiellement de l'Église, elles étaient déjà fondamentalement exclues. Pendant des décennies, elles ont été solidaires d'une institution qui ne l’a jamais été avec elles. Nous comprenons bien qu'une période d’injustice puisse user les personnes et leur faire perdre tout espoir de changement. De même que nous n’acceptons pas les injustices dans le monde, autant nous refusons celles dans notre propre Église et nous nous tenons à l’exigence d’une égalité de droits –une attitude fraternelle dans la parité des personnes.
Lot quittant Sodome. Gravure en bois de Shedel (1493) © Michel Wolgemut, WikimediaDominique Rey est papa, grand-papa et professeur de philosophie à la retraite.
«À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples: à cet amour que vous aurez les uns pour les autres.» (Jn 13,35)
La plupart des membres des communautés chrétiennes sont abasourdis et meurtris par les révélations qui leur éclatent à la figure bientôt quotidiennement : des prêtres et évêques abuseurs, d’autres complices par leur silence. Enfants agressés sexuellement, religieuses soumises à l’esclavage sexuel et à l’avortement clandestin. C’est Sodome et Gomorrhe.
©GreenpeaceEn tant que responsable de l’association chrétienne Fraternité pour le respect animal (FRA), j’aimerais présenter une perspective alternative à celle du Père Etienne Perrot au sujet de la campagne Million Dollar Vegan. Je comprends parfaitement que cette campagne puisse provoquer des réactions négatives. Quand j’ai appris son existence, cela m’a surpris également. J’ai eu peur que le public s’imagine que cette organisation cherche à “acheter” le pape, pour le pousser à devenir végétalien pendant le Carême. J’ai alors entrepris de me renseigner pour mieux comprendre les enjeux et leurs objectifs des personnes qui s’en occupent. Et c’est ainsi que j’ai compris pourquoi les organisateurs ont pris ce risque, en toute conscience. Ils l’ont fait précisément pour attirer l’attention sur l’urgence de la situation climatique qui menace la planète, de même que sur l’ampleur des souffrances que nous causons quotidiennement aux animaux.
In "Voyageurs anciens et modernes ou Choix des relations de voyages" de E. Th Charton. British LibraryJe lis dans l’excellent dernier numéro de choisir 690, à la page 6 «… les eaux du Jourdain au débit extraordinaire jaillissant…» (article de Jean-Bernard Livio sj). J’ai le souvenir de ma déception quand, lors d’un voyage à Jérusalem et en Jordanie, j’avais découvert un petit ruisseau, semblable au Talent d’Echallens les jours de sécheresse, alors que durant un voyage avec Albert Longchamp sj, des pluies nous avaient privés de Mer Morte, le car ne pouvant franchir un oued inondé… Les quelques chrétiens se faisant baptiser au lieu présumé du baptême de Jésus pataugeaient plutôt que plongeaient dans le «FLEUVE», si impressionnant selon une gravure de ma bible scolaire d’il y a 80 ans.
Aquarius © Ra Boe / WikipediaLes Communautés chrétiennes de base ont organisé à Rimini, du 21 au 23 septembre 2018, leur dixième rencontre européenne, sur le thème Chrétiens pour un monde plus juste et pour une Église pauvre. Dans la déclaration de base sur laquelle s'est conclu l'événement, les Communautés chrétiennes de base ont tenu à exprimer leur "profonde indignation sur la manière dont la forteresse Europe aborde les problèmes de l'immigration".
Cette rencontre, qui se tient tous les 4 ans, était organisée cette fois par les communautés de base italiennes; 113 personnes y ont participé: 63 Italiens, 6 Autrichiens, 5 Belges, 19 Espagnols, 8 Français et 12 Suisses. Parmi ces derniers, se trouvait Geneviève Wepf, coordinatrice des Communautés de base de Suisse romande.
Inspiré par notre dossier sur le corps (n° 688, juillet-septembre 2018), Geoffroy de Clavière offre à nos lecteurs ce beau texte en prose.
Caro & Anima
Discobole Lancellotti, copie vers 120 ap. J.-C., Rome, palais Massimo alle TermeChétif, bodybuildé, opalin, d’ébène, percé, tatoué, déifié, méprisé, adoré, bafoué, le corps cristallise tous les fantasmes, tous les rejets. Il peut être façonné à l’infini ou simplement négligé. Autrefois honni, aujourd’hui glorifié, il a ce grand avantage sur l’âme de pouvoir être touché, humé, bandé de soie, pénétré par la chair.
Corps méprisé, corps contrôlé, corps glorieux, corps caché, corps surveillé et puni, corps sportif et bronzé, il exerce son dictat sur l’homme qui, à force de tenter de l’oublier ou de le vénérer, fini par en perdre la raison.
Attrait de soi, désir de l’autre. Onanisme, se fondre en lui, en elle, peau contre peau, odeur contre odeur, mélange sans fin pour ne faire plus qu’un et se dévorer mutuellement jusqu’à disparaître dans les replis/circonvolutions de la chair.
Mourir, enfin. Redevenir poussière, micro corps au milieu des étoiles.
Dans mes rêves, parfois, le Discbole de Myron m’apparaît. Son bronze est froid et sensuel, clair et obscur. Après l’avoir parcouru du bout des doigts, je plonge mon index dans le miel et fais couler le nectar sur ma langue.
Cela fait quelque temps que Lausanne vit une crise au sujet du deal de rue. Le coup de gueule de Fernand Melgar reflétait une situation mal vécue par certains habitants et qui demandait une action publique. La Municipalité y a répondu en renforçant la présence policière, les dealers sont partis exercer plus loin, permettant aux habitants des quartiers concernés de souffler un peu. Mais, dans la foulée, on observe un déluge de fausses bonnes idées et d’analyses suspectes. En voici quelques morceaux choisis et commentés.
© wikimediasJacqueline Keune, coordinatrice des Communautés chrétiennes de base en Suisse, et Pierre Strauss, membre d'une de ces communautés, ont écrit le 21 juin une lettre ouverte au Conseil fédéral, reproduite ci-dessous. Ils y expriment leur honte face à la décision récente de la Confédération d’assouplir les règles pour l’exportation de matériel militaire vers les pays en guerre. La veille, la Commission Justice et Paix (J+P) de la Conférence des évêques suisses avait elle aussi vivement dénoncé cette décision.
Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux,
Vous avez décidé que la Suisse pourra participer activement aux guerres civiles à l'avenir et abolir l'interdiction d'exportation de matériel de guerre qui existait auparavant dans les pays en crise. Nous ne sommes pas seulement stupéfaits et déçus de votre décision, mais nous en avons honte!
Une profonde honte devant les populations, surtout les enfants, qui doivent maintenant faire l'expérience de la qualité et de la précision suisses, ce que le pape François, qui visite aujourd'hui notre pays, a dit: «Cette économie tue!» Les pays de crise et de guerre civile achètent des armes pour les utiliser!