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Lot quittant Sodome. Gravure en bois de Shedel (1493) © Michel Wolgemut, WikimediaDominique Rey est papa, grand-papa et professeur de philosophie à la retraite.
«À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples: à cet amour que vous aurez les uns pour les autres.» (Jn 13,35)
La plupart des membres des communautés chrétiennes sont abasourdis et meurtris par les révélations qui leur éclatent à la figure bientôt quotidiennement : des prêtres et évêques abuseurs, d’autres complices par leur silence. Enfants agressés sexuellement, religieuses soumises à l’esclavage sexuel et à l’avortement clandestin. C’est Sodome et Gomorrhe.
©GreenpeaceEn tant que responsable de l’association chrétienne Fraternité pour le respect animal (FRA), j’aimerais présenter une perspective alternative à celle du Père Etienne Perrot au sujet de la campagne Million Dollar Vegan. Je comprends parfaitement que cette campagne puisse provoquer des réactions négatives. Quand j’ai appris son existence, cela m’a surpris également. J’ai eu peur que le public s’imagine que cette organisation cherche à “acheter” le pape, pour le pousser à devenir végétalien pendant le Carême. J’ai alors entrepris de me renseigner pour mieux comprendre les enjeux et leurs objectifs des personnes qui s’en occupent. Et c’est ainsi que j’ai compris pourquoi les organisateurs ont pris ce risque, en toute conscience. Ils l’ont fait précisément pour attirer l’attention sur l’urgence de la situation climatique qui menace la planète, de même que sur l’ampleur des souffrances que nous causons quotidiennement aux animaux.
In "Voyageurs anciens et modernes ou Choix des relations de voyages" de E. Th Charton. British LibraryJe lis dans l’excellent dernier numéro de choisir 690, à la page 6 «… les eaux du Jourdain au débit extraordinaire jaillissant…» (article de Jean-Bernard Livio sj). J’ai le souvenir de ma déception quand, lors d’un voyage à Jérusalem et en Jordanie, j’avais découvert un petit ruisseau, semblable au Talent d’Echallens les jours de sécheresse, alors que durant un voyage avec Albert Longchamp sj, des pluies nous avaient privés de Mer Morte, le car ne pouvant franchir un oued inondé… Les quelques chrétiens se faisant baptiser au lieu présumé du baptême de Jésus pataugeaient plutôt que plongeaient dans le «FLEUVE», si impressionnant selon une gravure de ma bible scolaire d’il y a 80 ans.
Aquarius © Ra Boe / WikipediaLes Communautés chrétiennes de base ont organisé à Rimini, du 21 au 23 septembre 2018, leur dixième rencontre européenne, sur le thème Chrétiens pour un monde plus juste et pour une Église pauvre. Dans la déclaration de base sur laquelle s'est conclu l'événement, les Communautés chrétiennes de base ont tenu à exprimer leur "profonde indignation sur la manière dont la forteresse Europe aborde les problèmes de l'immigration".
Cette rencontre, qui se tient tous les 4 ans, était organisée cette fois par les communautés de base italiennes; 113 personnes y ont participé: 63 Italiens, 6 Autrichiens, 5 Belges, 19 Espagnols, 8 Français et 12 Suisses. Parmi ces derniers, se trouvait Geneviève Wepf, coordinatrice des Communautés de base de Suisse romande.
Inspiré par notre dossier sur le corps (n° 688, juillet-septembre 2018), Geoffroy de Clavière offre à nos lecteurs ce beau texte en prose.
Caro & Anima
Discobole Lancellotti, copie vers 120 ap. J.-C., Rome, palais Massimo alle TermeChétif, bodybuildé, opalin, d’ébène, percé, tatoué, déifié, méprisé, adoré, bafoué, le corps cristallise tous les fantasmes, tous les rejets. Il peut être façonné à l’infini ou simplement négligé. Autrefois honni, aujourd’hui glorifié, il a ce grand avantage sur l’âme de pouvoir être touché, humé, bandé de soie, pénétré par la chair.
Corps méprisé, corps contrôlé, corps glorieux, corps caché, corps surveillé et puni, corps sportif et bronzé, il exerce son dictat sur l’homme qui, à force de tenter de l’oublier ou de le vénérer, fini par en perdre la raison.
Attrait de soi, désir de l’autre. Onanisme, se fondre en lui, en elle, peau contre peau, odeur contre odeur, mélange sans fin pour ne faire plus qu’un et se dévorer mutuellement jusqu’à disparaître dans les replis/circonvolutions de la chair.
Mourir, enfin. Redevenir poussière, micro corps au milieu des étoiles.
Dans mes rêves, parfois, le Discbole de Myron m’apparaît. Son bronze est froid et sensuel, clair et obscur. Après l’avoir parcouru du bout des doigts, je plonge mon index dans le miel et fais couler le nectar sur ma langue.
Cela fait quelque temps que Lausanne vit une crise au sujet du deal de rue. Le coup de gueule de Fernand Melgar reflétait une situation mal vécue par certains habitants et qui demandait une action publique. La Municipalité y a répondu en renforçant la présence policière, les dealers sont partis exercer plus loin, permettant aux habitants des quartiers concernés de souffler un peu. Mais, dans la foulée, on observe un déluge de fausses bonnes idées et d’analyses suspectes. En voici quelques morceaux choisis et commentés.
© wikimediasJacqueline Keune, coordinatrice des Communautés chrétiennes de base en Suisse, et Pierre Strauss, membre d'une de ces communautés, ont écrit le 21 juin une lettre ouverte au Conseil fédéral, reproduite ci-dessous. Ils y expriment leur honte face à la décision récente de la Confédération d’assouplir les règles pour l’exportation de matériel militaire vers les pays en guerre. La veille, la Commission Justice et Paix (J+P) de la Conférence des évêques suisses avait elle aussi vivement dénoncé cette décision.
Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux,
Vous avez décidé que la Suisse pourra participer activement aux guerres civiles à l'avenir et abolir l'interdiction d'exportation de matériel de guerre qui existait auparavant dans les pays en crise. Nous ne sommes pas seulement stupéfaits et déçus de votre décision, mais nous en avons honte!
Une profonde honte devant les populations, surtout les enfants, qui doivent maintenant faire l'expérience de la qualité et de la précision suisses, ce que le pape François, qui visite aujourd'hui notre pays, a dit: «Cette économie tue!» Les pays de crise et de guerre civile achètent des armes pour les utiliser!
J'aimerais réagir à l'article de Céline Zufferey, intitulé Écrivain, un métier. La fin du poète maudit, qui a paru dans le n°687 de choisir. L'écrivain y défend l'idée que l'écriture littéraire est un métier que l'on peut apprendre. Elle a suivi une formation en création littéraire. «Les retours de mes collègues et de mes mentors m'ont amenée à situer mon écriture, à la préciser et à l'affirmer», écrit-elle. Cette formation a aussi permis que son écriture «progresse plus rapidement.»
Je ne mets pas en cause que l'on puisse faire des expériences positives en échangeant avec d'autres écrivains, par exemple en sein d'un atelier d'écriture. Personnellement, je ne suis pas convaincu du bien fondé de la méthode, mais j'admets que chacun doit suivre la voie qui lui convient. Par contre, je me trouve en désaccord total avec Mme Zufferey quand elle se livre à la démystification de l'écrivain. Pour faire cela, elle remonte au XIXe siècle et s'en prend à ce qu'elle appelle «le mythe de l'écrivain maudit», à savoir le poète démuni et marginal, l'éternel incompris qui souffre de son génie méconnu. Elle écrit qu'il y avait alors deux catégories d'écrivain, ceux qui se conforment au goût du public et ceux qui poursuivent la logique de l'art pour l'art. C'est une vision assez simpliste. La réalité est beaucoup plus complexe. Mme Zufferey semble croire que la morale et les vertus sont les caractéristiques d'une classe et qu'au XIXe on était incapable de juger de la qualité d'un texte littéraire indépendamment de la précarité supposée ou vraie de son auteur.
Le début de l’article «Musulmans en Europe» (in choisir n° 687, avril-juin 2018, pp. 20-24), avec les statistiques, m’a intéressé. Mais une fois les chiffres donnés, leur interprétation m’a soufflé: «Si l’on tient compte de tous ces facteurs, les indications ont claires. Elles montrent que la situation démographique de la population musulmane -de manière analogue à sa situation socio-économique- se rapprochent des conditions existantes dans les pays européens concernés.» Ah bon? Je ne vois pas du tout en quoi. Les chiffres montrent bien que leur proportion augmente (en Seine-Saint-Denis, le prénom le plus donné est Mohammed), qu’ils sont plus jeunes que les autres habitants et font davantage d’enfants. Sur le côté socio-économique d’ailleurs, rien n’est dit dans l’article. Et d’adopter ensuite l’inévitable position victimaire (islamophobie, rejet, etc) des musulmans. Position soi-disant étayée par un sondage Ipsos qui souligne la surestimation par les personnes interrogées de la proportion de la population musulmane dans leur pays.
J'ai lu avec intérêt la critique du film Jésus, l'enquête de votre chroniqueur cinéma Patrick Bittar. Ses propos sont justes, c'est un très bon compte-rendu, mais il n'a pas remarqué la perspective évangélique américaine: lecture littérale de la Bible, born again, individualiste et même un côté échappatoire de la foi. La jeune femme prétend vivre quelque chose de merveilleux, mais cela n'implique pas pour elle un retour vers l'autre, mais simplement un effort pour amener son mari dans son monde merveilleux. Rien à voir avec la solidarité, la coresponsabilité face au cosmos donc, à mon avis, pas grand chose à voir avec le Christ.
En tout cas, le film a le mérite de susciter le débat.
J'ai beaucoup apprécié l'article de Daniel Marguerat, Jésus, un insurgé millénariste?, qui démontre combien Jésus, par son enseignement, se séparait des Zélotes. Même l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), par certaines de ses récentes décisions, semble favoriser ce renversement des valeurs en voulant "faire autrement" au mépris de la Tradition. Or cette Tradition est une notion catholique qu'elle ne reconnait hélas pas au même niveau que l’Écriture, ce qui lui éviterait cependant des dérives sans lendemains... Il y a aussi des Zélotes parmi nos Autorités ecclésiastiques. Puissions-nous en être préservés! Ce sont mes vœux pour 2017.
Dans son article De Malraux à Houellebecq (choisir n°684), M. Jean-Louis Loubet de Bayle nous présente une excellente synthèse de différents courants de pensée par rapport à André Malraux et son analyse de la civilisation moderne. J’aimerais juste exprimer un désaccord partiel concernant les deux points suivants: la précarité et le nihilisme.
L’idée selon laquelle, dans les sociétés traditionnelles, la vie des hommes et des sociétés était dominée par la précarité, qui absorbait une grande partie de leur énergie et de leur faculté de réflexion, me semble fausse. C’est l’inverse qui est vrai. Vivre dans la précarité et l’insécurité, vivre constamment à proximité de la mort, faisait que l’homme restait en alerte. Les inquiétudes de son existence l’approchaient de Dieu dont qu’il restait proche. C’est dans les moments de crise, de guerre et de détresse que les églises se remplissent. Il n’y a rien de pire pour la réflexion que l’absence d’inquiétude propre à l’opulence consumériste. Comme la foi, la réflexion se nourrit de l’inquiétude.