mercredi, 20 novembre 2019 16:43

Photographe antispéciste

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Charmante, mais pas toujours anodine, la photographie animalière séduit en arrêtant au vol libellules, passereaux ou aigles royaux que nos yeux ne font qu’apercevoir. Une pratique pas toujours respectueuse de ses sujets pourtant, qui a poussé Ludovic Sueur à se présenter comme photographe animalier antispéciste.

En dépit des dommages environnementaux et sanitaires qui résultent d’une consommation élevée de viande, celle-ci conserve une place importante dans l’alimentation mondiale.[1] Mais jusqu’à quand? D’importantes mutations de la représentation de l’animal et du «manger chair» sont enclenchées. Il devient difficile d’occulter le lien entre le tendron dans son assiette et le veau gambadant hier encore dans le pré.

Laurent Begue-Shankland est professeur en psychologie sociale à l'Université Grenoble Alpes et directeur de la Maison des sciences de l’Homme Alpes. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Psychologie du bien et du mal (Paris, Odile Jacob 2011, 368 p.), traduit en plusieurs langues, et Traité de psychologie sociale. La science des interactions humaines (Bruxelles, De Boeck, 2013).

Ulysse et ses compagnons combattent le Cyclope. Vase du Ve siècle av. J.-C © Musée national étrusque de la Villa Giulia, RomeLes humains sont des animaux particuliers, certes, mais des animaux tout de même. Cette conception des Grecs anciens induisait un rapport complexe à la consommation de viande, réglée de manière sacrificielle pour s’attirer les faveurs des Dieux. Si leur végétarisme occasionnel et leur appel à la sobriété résonnent harmonieusement à nos oreilles contemporaines, ils ne jouaient toutefois pas la même partition que nous.

Philippe Borgeaud est professeur honoraire d’histoire des religions àl'Université de Genève. Spécialiste des religions antiques, Philippe Borgeaud a dirigé de 2005 à 2013 le module «Rites et mythes comme expressions culturelles des émotions» du Projet national suisse en sciences affectives. Il est l’auteur de Exercices d’histoire des religions. Comparaisons, rites, mythes et émotions (Leyden, Brill 2016, 364 p.)

p38page separationManger, un acte essentiel à la vie. Un acte bien étrange toutefois. Mettre dedans ce qui était dehors. Transformer en soi ce qui était de l’autre. Manger brouille les frontières. C’est pourquoi, manger n’est pas seulement affaire de biologie, mais aussi de culture, de religion et, nous ne pouvons plus l’oublier désormais, d’écologie.

Myriam Vaucher, Vevey, pratique la psychanalyse ainsi que la supervision, individuelle ou de groupe. Elle est co-auteur de Foi de cannibale! La dévoration, entre religion et psychanalyse (Genève, Labor et Fides 2012, 400 p.)

À quel moment un médecin (ou un infirmier, un psychologue…) peut-il avancer l’objection de conscience pour refuser de pratiquer une intervention qui heurterait sa morale? Est-ce là désobéir à ses obligations? Peut-il imposer ses convictions sans tomber dans l’abus de pouvoir? La question renvoie aux devoirs de la profession et est cadrée en Suisse par une législation précise qui permet de relever les cas étiquetés à tort d’«objection de conscience».

Bioéthicienne et médecin, Samia Hurst est professeur à la Faculté de médecine de Genève et directrice de l’Institut éthique, histoire, humanités. Elle édite la revue Bioethica Forum, le journal suisse d’éthique biomédicale.

© Adobe Stock/ PalidachanLorsqu’une forêt brûle, c’est toute la faune qui surgit des fourrés, détale, rampe, saute, ignore les préséances, la prudence, le camouflage. Le chevreuil, le sanglier, le lapin, la pie, la belette, les insectes se massent dans le désordre d’un exil forcé, le poil roussi ou l’antenne grillée, à mesure que progresse le brasier et que s’écroulent les arbres dans des craquements désespérés. Aujourd’hui, c’est notre futur lui-même qui brûle. Tous les spécimens qui y étaient hébergés sortent en trombe, hirsutes, calcinés. Parmi eux, nos enfants.

Dalibor Frioux, Paris, est un écrivain et philosophe. Il fait partie du think tank de Terra Nova, lié aux questions écologiques. Il a cofondé en 2018 le Prix du roman d’écologie (France). Cet écrit est un condensé de l’article paru originellement dans la revue Études (n° 4262, juillet-août 2019), à laquelle il collabore régulièrement.

VenezuelaUne vague de contestation secoue l’Amérique latine depuis l’automne passé: Équateur, Chili, Argentine, Bolivie… Partout est dénoncée la corruption des gouvernements. Au Venezuela, où la crise sociopolitique et humanitaire remonte à 2014 déjà, l’Église s’est positionnée dès le début du côté des opposants. Cette nouvelle forme d’ingérence politique a trouvé son nom: la neutralité positive. Les explications d’un expert épiscopal.

Rafael Luciani est professeur de l’Université catholique Andrés Bello, à Caracas (Venezuela). Il enseigne aussi à l’École de théologie et ministère du Boston College. Il est membre de l’équipe théologique pastorale du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM).

Les jeunes genevois Theo Buckmaster et Bastien Stauffer-Cart ont été accusés par l’État français de délit de solidarité dans l’affaire des 3+4 de Briançon qui a défrayé la chronique au printemps 2018.[1] Ils témoignent de ce qui les a poussés à s’engager à l’époque, et contre quoi, et surtout pour quoi, ils continuent à militer.

Theo Buckmaster est maître nageur. Bastien Stauffer-Cart est diplômé d’Histoire économique et sociale et ancien rédacteur du Journal romand d’écologie politique. Ils pratiquent tous deux l’agriculture alternative, collective et non mécanisée, au sein d’un collectif à Genève.

Manifestation de soutien aux réfugiés, Genève 2013. © Jean-Jacques Kissling – jjkphoto.chLa désobéissance civile/civique mérite un exercice de réflexion à la lumière de la violence, de la civilité et de la démocratie dans l’espace planétaire. Suivre aujourd’hui des Socrate dans leur démarche de torpille philosophique exige des déplacements radicaux de l’imagination, du langage oral-écrit, des pratiques, théories et habitudes coloniales et impériales de la vieille Europe. 

Marie-Claire Caloz-Tschopp, Genève, philosophe et politologue. Ses recherches portent sur la théorie politique et la philosophie en matière de citoyenneté, d'exil, de guerre, etc. Elle est l’auteure notamment de Les sans-État dans la philosophie d’Hannah Arendt (Lausanne, Payot, 2000) et a reçu le Prix du Mouvement pour une Suisse ouverte démocratique et solidaire en 1996.

vendredi, 22 novembre 2019 11:00

Pour une obéissance choisie

20 septembre 2019 : Marche des jeunes pour le climat, Fridays For Futur (FFF). Paris (75), France.La notion d’obéissance dans l’Église revêt une importance biblique et spirituelle, mais son traitement est étroitement lié à la question des structures de pouvoir. Selon la manière dont elle est comprise et utilisée, elle constitue la base spirituelle des relations de pouvoir… ou de leur critique. Les exemples actuels, à commencer par la question des abus sexuels, ne manquent pas.

Depuis près de 20ans, Klaus Mertes dirige des collèges jésuites. Il a examiné dans de nombreuses publications le contexte ecclésiastique des abus sexuels. Il est connu pour ses positions en faveur d’un partage de pouvoir dans l’Église et d’une nouvelle morale sexuelle et a écrit en ce sens, avec huit autres personnalités, une lettre ouverte au cardinal Reinhard Marx, le 3 février2019.

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