« Je veux montrer comment Baudelaire est enchâssé rigoureusement dans le XIXe siècle », écrivait Walter Benjamin à Gershom Scholem. Il ne s’agit pas de décrypter dans les thèmes baudelairiens les bouleversements économiques et sociaux, mais, par un effet de miroir, d’éclairer les uns par les autres. » La naissance de la société industrielle de masse, l’avènement du prolétariat, l’expérience de la foule dans la grande ville, la marchandise, la perte d’auréole du poète, autant de situations à partir desquelles Baudelaire, le premier à avoir appréhendé la force productive de l’homme réifié, ici rapproché de Blanqui et de Nietzsche, invente, selon Benjamin, un héroïsme moderne.
L’Enquête,
de Vincent Garenq
Il est difficile d’être un dieu,
d’Alexeï Guerman
Paul Gauguin
Fondation Beyeler, Bâle, jusqu’au 28 juin 2015
De Raphaël à Gauguin
Trésors de la collection Jean Bonna,
Fondation de l’Hermitage, Lausanne,
jusqu’au 25 mai 2015
Le célèbre sociologue allemand Ulrich Beck est décédé au début de cette année. Auteur de nombreux articles et ouvrages, son oeuvre la plus connue est certainement "La société du risque" (1986), dans laquelle il pose les bases de sa vision d’une société moderne, profondément changée dans son rapport au risque.
Trois initiatives populaires relatives à la politique agricole sont en cours en Suisse. Un débat politique, marqué par trois tendances principales.
De l’agriculture de la nécessité, l’Occident est passé à l’agriculture de l’offre et de la demande, jusqu’à la surproduction. Un mouvement qui se heurte aujourd’hui aux consciences de ces mêmes Occidentaux, qui cherchent à retrouver une certaine virginité écolo-nutritionnelle et socioéconomique.[1]
En 2050, il y aura 9 milliards de personnes sur terre. Comment les nourrira-t-on et avec quels aliments ? Le thème de l’Expo universelle de Milan, « Nourrir la planète, énergie pour la vie », réveille une des plus profondes peurs de l’humanité : la faim !
Assez pour tous !
Sous l’éloquent slogan « Moins pour nous, assez pour tous », la Campagne œcuménique de Carême 2015 invite « à réfléchir aux conséquences de l’avidité qui caractérise le monde d’aujourd’hui ». Comme le dit la pasteure Verena Sollberger,[1] « la modération des uns entraîne une vie pleine de possibilités pour les autres. Moins pour nous ne signifie pas que nous devons mener une vie sans joie, austère et basée sur le renoncement. Il s’agit de nous aider à retrouver la voie de la modération ou de la “sobriété heureuse” (Pierre Rabhi.) » Les trois œuvres d’entraide (Action de carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires) s’intéressent à la manière dont notre consommation de viande, les changements climatiques et la faim dans les pays du Sud sont inter reliés. Choisir s’associe à cette réflexion avec quatre articles sur l’alimentation qui donnent des pistes d’engagements concrets pour lutter contre les déséquilibres agricoles et le gaspillage alimentaire. L’idée fait son chemin. La pétition du WWF demandant à ce que la Suisse divise par deux d’ici 10 ans ce gaspillage a été déposée à Berne en décembre 2014 munie de plus de 20 000 signatures ! Certains citoyens, plus rebelles, plus jusqu’au- boutistes, vont encore plus loin. Ils se ravitaillent dans les poubelles, non pas par nécessité, mais en guise de protestation. C’est le cas d’Inga Laas (lire ci-dessous). Son témoignage pour Greenpeace Suisse en 2011[2] est toujours d’actualité et aide à comprendre les motivations de ces « glaneurs » contemporains. La rédaction