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En Turquie, la présence voisine de Daech, la politique peu claire du président Erdoğan à son égard ainsi que le déclin de l’Etat de droit minent le dialogue entre le gouvernement et les Kurdes autonomistes. Le conflit armé sur le sol turc a repris ses droits.

mercredi, 01 juin 2016 16:28

Une coûteuse alliance

Si ce sont bien dans les enjeux économiques et diplomatiques que l’on trouve les racines du soutien de l’Occident à l’Arabie saoudite (pays à l’islam des plus intransigeants), c’est par contre sous l’angle doctrinal et historique que doit se comprendre d’abord le positionnement saoudien. Les manoeuvres théologico-politiques du royaume se sont révélées payantes, mais l’arrivée de Daech fait vaciller son assurance.

Le refus affiché par la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie d’accueillir des réfugiés d’autres continents a choqué l’Occident. Et démontré, si c’était encore nécessaire, l’existence d’un fossé culturel entre l’Est et l’Ouest. Une différence de fond qui s’explique par l’histoire.[1]

On aurait pensé que les quatre nouveaux membres de l’Union européenne en Europe centrale (la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie) avaient toutes les raisons pour accueillir les réfugiés qui frappent à leur porte. Nombreux sont ceux qui se souviennent qu’après l’insurrection hongroise de 1956, le monde a reçu 200 000 réfugiés, soit 2 % de la population du pays ; le même nombre de Tchécoslovaques a fui après l’écrasement du Printemps de Prague en 1968 ; et 250 000 Polonais ont trouvé refuge à l’Ouest après la proclamation de la loi martiale en 1981, qui a mis fin à l’expérience de la fédération de syndicats Solidarność (solidarité en polonais). Et pourtant ces pays se renferment face aux nouveaux malheureux issus d’Asie et d’Afrique, au point d’ériger des murs et des barbelés, à l’instar de ceux qu’ils ont eux-mêmes connus dans le passé et qu’ils ont défait en signe joyeux d’une nouvelle époque, celle où ils ont pu rejoindre l’Europe.

cliniqueEntrée de la cliniqueLes cliniques clandestines pour combattants djihadistes blessés du front syrien sont nombreuses en Turquie. Si elles ne sont pas officiellement reconnues par le gouvernement turc, elles travaillent la main dans la main avec les hôpitaux du pays. Ce travail médical et humanitaire sert aussi de couverture au trafic d’armes. Un reportage édifiant.

Une flopée d’hommes discute à voix basse devant l’entrée d’un garage d’un banal immeuble gris à trois étages. Ce ne sont pas des mécaniciens. De longues barbes mangent leurs visages durs et méfiants, marqués de cicatrices. Certains sont mutilés, d’autres sont assis sur des fauteuils roulants. Nous sommes dans une clinique clandestine de combattants djihadistes, à Reyhanli, dans la province turque d’Hatay, près de la frontière syrienne. Les factions rebelles islamistes de Syrie y envoient leurs blessés se faire soigner avant de les réexpédier au front.

mardi, 03 mai 2016 08:58

Iran. Stabilité d'un système

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Une nouvelle ère s’ouvrirait pour l’Iran. Le 16 janvier, l’Agence interna­tionale de l’énergie atomique a levé les sanctions interna­tionales contre la République isla­mique ; et le 26 février, les élections parlementaires ont confirmé la popularité du président Rohani, un modéré. Décryptage avec Mohammad-Reza Djalili, spécialiste de l’Iran, professeur émérite à l’Institut de hautes études internationales et du développement.

Lucienne Bittar : Les élections parlementaires sont présentées comme une victoire pour le président Rohani et ses alliés. (1) Qu’en pensez-vous ?

Mohammad-Reza Djalili : «Il faut relativiser l’importance de ces élections, car avant d’être une élection, elles sont une sélection. Tous les candidats ont dû être acceptés par le Conseil des gar­diens, dont la moitié des douze membres sont directement nommés par le Guide suprême, et les autres indirectement, puisqu’ils le sont par le responsable du système judiciaire, lui-même nommé par le Guide. Le véritable chef d’Etat reste le Guide Ali Khamenei.

Malgré la percée aux dernières élections législatives en Iran des candidats réformateurs et modérés du camp favorable au président Hassan Rohani, la situation des chrétiens dans cette République islamique “n’est pas une sinécure”, estime Mgr Ramzi Garmou. En Suisse à l’invitation de l’œuvre d’entraide catholique “Aide à l’Eglise en Détresse” (AED), l’archevêque chaldéen catholique de Téhéran a apporté son témoignage, samedi 30 avril 2016, dans la paroisse catholique de langue française de Berne et environs.

Visiteur apostolique pour les fidèles de rite chaldéen résidant en Europe, archevêque de Téhéran depuis 1999, Mgr Garmou est né il y a 71 ans à Zakho, ville du Kurdistan irakien près de la frontière turque. Président de la Conférence épiscopale catholique iranienne, de nationalité irakienne, il vit en Iran depuis près de quatre décennies. Ses permis de séjour et de travail doivent être renouvelés chaque année et il ne doit s’adresser qu’aux chrétiens pour ne pas encourir le reproche de faire du prosélytisme auprès des musulmans, “ce qui est strictement interdit !” Les églises sont ouvertes pour le culte, pour la catéchèse, l’enseignement, les conférences. “Mais tout doit se passer à l’intérieur des édifices reconnus par le régime. Pas question d’avoir des activités religieuses à l’extérieur, car il est interdit de proclamer l’Evangile dans l’espace public”.

Le 26 juin dernier, le Saint-Siège a signé un accord-cadre avec l’Etat de Palestine qui remplace celui établi en 2000 avec l’OLP. Au-delà de ses dimensions juridique et diplomatique, ce geste revêt bien évidemment un aspect politique. Personnalité reconnue et grand connaisseur de la région, le Père Neuhaus en analyse la portée et le replace dans une perspective historique de recherche de la paix.[1]

En mai 2015, le Saint-Siège a abordé de manière spécifique et à plusieurs occasions le thème de la Palestine et des Palestiniens. Le 13 mai, il a annoncé que l’accord global avec « l’Etat de Palestine » allait être présenté aux autorités respectives pour approbation et signature, après la conclusion des négociations bilatérales entre les deux parties qui avaient atteint leur objectif. Le 16 mai, le président Mahmoud Abbas (Abu Mazen) a rendu visite au pape François et a été reçu en tant que chef d’Etat. Le 17 mai, le pape a canonisé les deux premiers saints palestiniens des temps modernes, la carmélite Marie de Jésus Crucifié (Mariam Bawardi) et Marie-Alphonsine Ghattas, fondatrice des Sœurs du Rosaire.

mercredi, 02 mars 2016 15:28

Une Suisse vacillante

Cet automne, les Suisses éliront un nouveau Parlement fédéral. S’ensuivra le renouvellement du Conseil fédéral. Les enjeux sont importants; le cours de la politique suisse de ces prochaines années dépend de ces élections. De quoi rappeler aux abstentionnistes leur responsabilité. Décryptage.[1]

«Quoi - des élections en Suisse ? De toute façon, il ne se passe rien chez vous!» Notre pays a une telle réputation de stabilité et de tranquillité, que les étrangers sont parfois étonnés d’apprendre que chez nous aussi, on organise des élections de temps en temps, et que ces élections ont tout de même leur importance. Ces propos relèvent bien sûr d’une vision caricaturale de notre pays, mais s’il est vrai, comme l’a écrit Denis de Rougemont, que «les peuples heureux n’ont pas d’Histoire», il faut reconnaître que la Suisse a et fait peu d’histoire(s). Et que la politique suisse n’est pas propre à soulever les passions.

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