«Les combats entre forces pro-gouvernementales et rebelles, qui divisent la ville depuis 2012, se sont intensifiés dans les dernières semaines. Des centaines de personnes sont mortes et de nombreux civils sont privés d’eau, d’électricité et de denrées de base», relate Le Temps de ce 17 août 2016. «Nous risquons de voir à Alep une catastrophe humanitaire sans précédent à l’issue de plus de cinq années de massacres et de souffrances dans le conflit syrien», a affirmé Ban Ki-moon mardi devant le Conseil de sécurité de l’ONU dans son rapport mensuel sur l’accès de l’aide humanitaire, consulté par Reuters.
Sur place, à Alep, le Père jésuite Sami Hallak, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS), relate dans son journal les tensions, les pénuries, les peurs et les difficultés de garder une harmonie entre communautés quand la situation s’envenime. Nous avons déjà publié quatre extraits de ce journal depuis avril 2015. Voici le cinquième reçu ce 17 août à la rédaction de la revue choisir.
Il est un chemin plus que confidentiel que Compostelle, moins touristique que spirituel et qui, du début à la fin, ne quitte pas les terres hispaniques. Il a été emprunté au XVIe siècle par le fondateur de l’Ordre des jésuites. Le pape François en a fait, pour un an, un haut lieu de pèlerinage. Bienvenu sur le « Camino ignaciano » !
Avant de devenir jésuite, Luc Ruedin exerçait la profession d’assistant social. Sa connaissance du terrain et sa formation spirituelle ignacienne lui sont utiles dans le cadre d’une de ses missions actuelles, qu’il pratique avec la psychologue Iris Andrey : «écouteur» à la Pastorale de rue du canton de Fribourg.
Lucienne Bittar : Quelles sont les caractéristiques d’un écouteur de rue par rapport à un éducateur de rue ?
Luc Ruedin : «Un éducateur de rue est mandaté par l’Etat, je le suis par l’Eglise. Le travail est proche, mais les écouteurs de rue sont plus axés sur l’écoute gratuite, sans nécessité d’encadrement. Notre objectif n’est pas d’apporter des solutions concrètes ou matérielles aux problèmes des jeunes ou des marginaux croisés à la gare et dans ses alentours. Il y a d’autres organismes pour cela. Mais simplement de leur permettre de mettre des mots sur leur vécu, d’exprimer leurs difficultés et leurs angoisses et surtout d’être entendus. Et par là de se sentir reconnus.»
Soutenus par le Père général Jean-Baptiste Janssens, des jésuites français se lancèrent en 1944 dans l’aventure des prêtres-ouvriers. Une histoire admirable de générosité, marquée par de grandes souffrances et des crises, où la nouveauté et la créativité entrèrent en conflit avec l’obéissance. Le Père Noël Barré retrace cette entreprise dans un livre récent, basé sur son propre vécu et une mine d’archives.
Les jésuites ont la réputation d’être plus proches des élites bourgeoises et des intellectuels que du monde ouvrier. Il est vrai que la Compagnie de Jésus a parfois soigné cette image en exhibant de préférence ses chevaux de parades : les confesseurs des rois, les savants, les grands prédicateurs, les apôtres au long cours, tant de personnalités hors du commun. Et pourtant... Ignace de Loyola s’était mis au service des plus démunis et des exclus, et ses initiatives en faveur des pauvres, des malades, des femmes en détresse, des prostituées constituèrent une part importante de l’engagement des premiers jésuites. De ses compagnons envoyés au concile de Trente en qualité de théologiens du pape, il exigea qu’ils aillent loger à l’hospice, parmi les pauvres, et qu’ils consacrent une partie de leur temps aux démunis et aux enfants.[1]
Le dernier directeur jésuite de Radio Vatican (RV) tire sa révérence : le Père Federico Lombardi sj quittera la radio du pape le 1er mars. Il ne sera pas remplacé. Confiée aux jésuites depuis sa fondation, il y a plus de 80 ans, Radio Vatican va fusionner avec le Centre de Télévision du Vatican (CTV) et semble destinée à changer de nom. C’est une page qui se tourne. Mais avant de partir, le Père Lombardi tient à livrer ses sentiments, parfois teintés d’amertume et de nostalgie. Interrogé par le service italien de Radio Vatican, Il évoque ces 25 dernières années à la radio et n’hésite pas à faire part de son point de vue sur la réforme en cours. Un testament en quelque sorte.
A Alep, en Syrie, l’hiver se poursuit sous les obus. L’absence d’eau se fait cruelle. Les habitants ne manquent pas d’ingéniosité pour économiser ce « or sans odeur », comme le raconte dans son journal le Père jésuite Sami Hallak sj. Chaque goutte d’eau est utilisée deux à trois fois... Et malgré les drames quotidiens ceux qui n’ont pas les moyens de partir veulent continuer à croire aux miracles.
22 janvier 2016
Le moral de la population d’Alep est très bas. L’eau de la ville est coupée, et on parle d’une longue coupure. L’Etat islamique, qui contrôle le barrage alimentant Alep en eau, a coupé l’eau pour des raisons qu’on ignore encore. Un motif de plus pour quitter la ville et, tant qu’on y est, se rendre en Occident. On apprend que de plus en plus de familles émigrent au Canada. A la résidence du Service jésuite des réfugiés, nous avons un grand réservoir (22 000 litres), mais nous avons également une grande consommation. Plus de vingt personnes travaillent à la résidence. Le réservoir peut nous fournir de l’eau pour 12 jours maximum. Je m’inquiète moi aussi.
A chaque jour, son lot de joies et de contraintes nouvelles. A Alep, plus qu’ailleurs, on vit au jour le jour. Et chaque jour, à Alep, le Père jésuite Sami Hallak, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS), tient son journal. A travers lui, c’est le quotidien d’une ville dévastée par la guerre, et mue par un incroyable instinct de (sur)vie qui s’anime. Nous avons publié deux extraits de ce journal en 2015 déjà, le premier en date du 29 avril et le second en date du 5 novembre. Aujourd’hui, les dernières nouvelles du Père Hallak sj relatent la dureté de l’hiver, les pénuries de carburants et d’électricité, les prix effarants des denrées alimentaires et l’espoir des étudiants.
5 novembre 2015
Les rumeurs se confirment. L'encerclement d'Alep est terminé. Aujourd'hui, les fruits commencent à réapparaitre sur le marché.
Spécialiste reconnu de Teilhard de Chardin, Richard Brüchsel témoigne ici de ce que le penseur jésuite, dont on vient de commémorer le 60e anniversaire de la mort, lui a apporté et lui apporte encore. Car si la pensée du théologien paléontologue semble avoir été éclipsée, elle converge de fait avec l’évolution du monde.
Lors de son voyage en Amérique latine cet été, le pape François a reçu en cadeau du président bolivien une réplique d’un crucifix en bois sculpté par Luis Espinal, représentant le Christ cloué à une faucille et à un marteau. Le Père Espinal sj était-il donc marxiste ? L’auteur, qui a bien connu ce jésuite assassiné en 1980, rétablit ici l’esprit qui l’animait.
Jusqu’à la visite du pape François en Bolivie, en juillet dernier, bien peu de gens - mis à part les Boliviens - connaissaient le nom de Luis Espinal. Le pape s’est arrêté pour prier sur le site où, en mars 1980, avait été retrouvé, parmi les ordures, le corps criblé de balles et marqué par la torture du jésuite espagnol.
Le Père jésuite Sami Hallak, engagé à Alep auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS), tient un journal de bord. Le 29 avril 2015, nous en avions publié un extrait. Nous avons reçu aujourd’hui d’autres nouvelles de lui. Il décrit ses conditions de vie dans la ville bombardée, la poussière et la chaleur, le manque d’eau et de nourriture, la résignation des habitants. Chaque jour, la ville est un peu plus désertée. Les « au revoir » tapissent le quotidien des Syriens qui restent et du Père jésuite. « Quel sentiment quand vous voyez des jeunes se jeter dans la gueule de la mort pour vivre », écrit-il suite au départ de deux de ses neveux pour l’Allemagne, via le Liban, la Turquie... et les passeurs... Et aussi : « Nous continuons nos activités au JRS comme avant, mais avec presque 100 personnes au lieu de 150. D’où la question: devons-nous continuer? Vers où irions-nous? Un sentiment étrange nous harcèle le Père Ghassan et moi. Ce que nous faisons pour aider les gens est bien, mais on a l’impression que les gens ont besoin d’autre chose que du pain. Qu’est-ce que nous pouvons faire? Nous ne sommes que deux jésuites dans la ville. Nous tâtons des terrains... Le temps est venu pour passer à l’annonce de l’Evangile, au témoignage de notre foi devant ceux que nous servons en humanitaire depuis trois ans.» Et plus loin : « Le plus dur pour moi est que nous faisons une mission de maintenance non pas une mission de relance. Aucun avenir n’est visible. Nous sommes dans l’aberration totale. C’est pourquoi j’affirme partout que notre crise sera terminée en janvier, février au maximum. Suis-je un faux prophète? Pas du tout. Mon affirmation est sans argument tout comme celle qui dit que la crise durera des années. Avec une différence, la mienne redonne espoir. »
Un message poignant a pu être envoyé d’Alep par le Père jésuite Sami Hallak, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS). Tout comme d’autres volontaires du JRS, il a fait le choix de ne pas quitter le pays, et de rester auprès de la population bombardée. Tout comme le Père Frans van der Lugt le fit lui aussi, avant d’être assassiné, le 7 avril 2015. Ce message rédigé sous forme de « journal » est parvenu au Père Alex Bassili sj, socius du Père Provincial du Proche-Orient, et nous le retransmettons ici dans son intégralité. Car, comme le dit le Père Bassili, « il faut que le monde sache qu’il y a, malgré toutes les obscurités, des lueurs d’espoir qui donnent la force de vivre ».
Le 7 août 1814, le pape Pie VII rétablissait l'Ordre des jésuites supprimé en 1773. En Suisse, où les membres de l'ancien Ordre et les précurseurs du nouveau se côtoyèrent, la transition fut préparée dès 1805.
En 1773, dans l’ancienne Confédération des 13 cantons, on trouvait des collèges jésuites à Lucerne, Fribourg, Porrentruy, Soleure et Brigue. Une petite communauté s’était installée aussi à Sion. L’Ordre, de fait, ne s’était établi que dans les cantons catholiques, où il exerçait un quasi-monopole sur le plan de l’éducation et de l’instruction.