Voici quelques années, la célèbre publication américaine Forbes offrait à ses lecteurs des statistiques sur les métiers les plus épanouissants. On y découvre, avec surprise, que le « métier » de prêtre est celui qui rend les hommes le plus heureux, suivi du métier de pompier...
Une enquête menée en France - plus récemment (2006) - par l'Association protection sociale et caisse des Cultes, décrivait bien différemment la situation actuelle des prêtres. Bon nombre d'entre eux exprimaient des sentiments de surcharge, de surmenage, de découragement, voire de déprime. Les raisons majeures de ce malaise étaient énumérées : un plus grand nombre de paroisses à prendre en charge, une multiplicité accrue de demandes des fidèles quant à la préparation et à l'administration des sacrements, une impression de dispersion, des interrogations sur la relève à assurer en tenant compte de l'âge moyen du clergé, la communication avec les collègues, avec l'autorité du diocèse, etc.
Le mois prochain, du 5 au 19 octobre, les évêques catholiques délégués du Synode se réuniront à Rome pour une assemblée générale extraordinaire consacrée aux défis pastoraux de la famille dans le contexte de l'évangélisation. Créé en 1965 par le pape Paul VI, comme prolongement du concile Vatican II, pour orienter et répondre à des questions brûlantes, le Synode a été porteur, dès sa première assemblée (1967), de nombreux espoirs d'ouverture... qui ont été progressivement déçus. Rappelons le Synode de 1971 sur les prêtres, celui de 1980 consacré à la famille chrétienne et à ses tâches, celui de 1987 sur la vocation des laïcs, puis celui de 1990 sur la formation des prêtres et, dernier en date, celui de 2008 sur la Parole de Dieu. Lors de ces Synodes successifs, à plusieurs reprises, j'ai entendu des remarques et des observations pertinentes d'évêques issus de différents pays s'exprimant dans l'assemblée, mais elles avaient disparu des documents finaux y relatifs, confiés à la rédaction des papes.
De la pointe du Wildhorn, je regardais les Alpes valaisannes : des centaines de sommets, depuis les Dents du Midi jusqu'au Bietschorn. Ils se détachaient au-dessus des brumes de la vallée du Rhône dans la pleine lumière de midi. J'étais frappé par leur allure et leur beauté, et touché par un sentiment de reconnaissance à leur égard. Je les avais pratiquement tous escaladés et souvent plusieurs fois. Chacune de ces ascensions m'avait laissé une impression profonde. C'était parfois un dur effort dans la neige et la tempête, une autre fois le plaisir d'une escalade dans un beau rocher au soleil ou le bonheur de glisser à ski dans une poudreuse immaculée ; chaque fois ce fut une émotion intense. Je me rends compte aujourd'hui combien ces moments m'ont construit intérieurement.
Les commémorations de l'été se chargent de nous le rappeler : il y a cent ans, la Première Guerre mondiale débutait en Europe, ravageant l'Ancien-Monde et ses colonies. Vingt-cinq ans plus tard, tout recommençait... Car, qu'elles soient coloniales, territoriales, idéologiques, économiques ou religieuses, les guerres laissent de profondes cicatrices, prêtes à se rouvrir à la moindre tension. La mémoire de nos pères, souvent mystérieuse et peu exprimée, marque nos vies comme le montre Amanda Garcia dans Dessine-moi la guerre.[1] Les enfants de la Shoah rêvaient de miel et de manne lorsqu'ils se sont installés en Palestine, mais leurs cauchemars habités des terreurs et des noirceurs vécues ont pris le dessus : les victimes d'hier persécutent les Palestiniens d'aujourd'hui. Au Salvador, vingt ans après les accords de paix, le langage de la guerre froide est toujours en service, découvre-t-on dans le reportage de Jacques Berset.[2] La haine et la peur s'accrochent aux générations et se reproduisent comme du chiendent. Cachemire, Liban, Rwanda, Irak, ex-Yougoslavie, Colombie, Algérie, Syrie, Ukraine... la litanie des peuples en guerre depuis 1945 est sans fin.
En l'espace de quelques semaines, la nature donne... Plus de lumière, plus de chaleur, plus de vie. On pourrait dire que c'est dans l'ordre des choses, le cycle des saisons, et voir dans cette luxuriance quelque chose de tout à fait normal et ordinaire. Pourtant, à la lumière du don, le monde et l'être humain se révèlent sous un jour nouveau. L'être humain ne s'est pas fait lui-même ; il n'est pas sa propre origine ; il se reçoit d'autres que lui, à commencer par ses parents. Toute notre vie, toutes nos expériences s'articulent dans cet échange.
Baignée par le soleil d'un printemps précoce qui faisait penser à un jour de Pâque anticipé, une information discrète parut dans les médias people au début du Carême : l'informaticien japonais, en qui des fins limiers avaient cru découvrir l'inventeur du bitcoin,[1] s'est récusé. « Non, prétendait-il, je ne suis pas l'inventeur du bitcoin ! » Le bitcoin reste à ce jour sans paternité, ce qui convient tout-à-fait pour une monnaie virtuelle qui circule sur Internet, entre initiés, depuis bientôt quatre ans. Elle est dite virtuelle car elle n'est gérée par aucune autorité publique. Sa seule limite est la quantité disponible, qui augmente à un rythme connu à l'avance : quelque 12 millions de bitcoins sont actuellement en circulation, l'objectif annoncé étant de 21 millions à l'horizon 2040. Certains Etats, comme l'Allemagne, ont reconnu le bitcoin comme une « monnaie privée », ce qui permet de taxer les plus-values obtenues par la spéculation sur les variations de sa valeur. Le bitcoin, en effet, a un prix qui varie beaucoup : au printemps dernier, il est passé de 20 à 220 dollars en trois mois, pour chuter brutalement à 60 dollars, avant d'osciller aux grés des humeurs du marché.
Outre sa fonction affective, la famille est une école de valorisation durable de la personne. « L'histoire d'un homme, écrivait Emmanuel Mounier (1905-1950), c'est l'histoire de son sentiment d'infériorité et de ses recherches pour le résoudre. » Par extension, le philosophe rappelle que « telle est peut-être aussi l'histoire des civilisations » et des familles. Comme dans toutes collectivités, certaines blessures, physiques ou morales, inhibent à tel point la famille que les ruptures deviennent inévitables. Peut-on alors se contenter de constats navrants ? Mounier ajoute, à partir de la notion d'affectivité, qu'il ne s'agit pas essentiellement dans un ménage d'être « heureux » ensemble, mais de trouver la voie pour être « plus ensemble ».
La confirmation est tombée en début d’année : le pape François se rendra en Terre sainte les 23, 24 et 25 mai prochains. Il s’agit, précise-t-on au Vatican, d’un pèlerinage ! L’accent est donc mis sur la dimension spirituelle du déplacement de François, avec les célébrations en Jordanie, en Palestine et à Jérusalem : une messe dans le stade de la capitale jordanienne, avec un temps de prière au lieu du baptême au bord du Jourdain, une messe sur la place de la Mangeoire dans la ville où Jésus est né, et, « le 3e jour », une célébration œcuménique au St-Sépulcre, lieu de la crucifixion et de la mise au tombeau de Jésus, avec le patriarche orthodoxe Bartholomée de Constantinople et les autres chefs des Eglises chrétiennes. Mais comment ne pas penser à la dimension politique que revêtira le voyage ?
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La confirmation est tombée en début d'année : le pape François se rendra en Terre sainte les 23, 24 et 25 mai prochains. Il s'agit, précise-t-on au Vatican, d'un pèlerinage ! L'accent est donc mis sur la dimension spirituelle du déplacement de François, avec les célébrations en Jordanie, en Palestine et à Jérusalem : une messe dans le stade de la capitale jordanienne, avec un temps de prière au lieu du baptême au bord du Jourdain, une messe sur la place de la Mangeoire dans la ville où Jésus est né, et, « le 3e jour », une célébration œcuménique au St-Sépulcre, lieu de la crucifixion et de la mise au tombeau de Jésus, avec le patriarche orthodoxe Bartholomée de Constantinople et les autres chefs des Eglises chrétiennes. Mais comment ne pas penser à la dimension politique que revêtira le voyage ? Sont prévues le 24 une rencontre avec le roi Abdallah II en son Palais à Amman, le 25 un accueil à Bethléem par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et le 26 une réception à Tel-Aviv par le président Shimon Peres et les autorités israéliennes.
La force morale exceptionnelle de Nelson Mandela a été maintes fois évoquée le mois passé, suite à son décès. L'homme d'Etat sud-africain a su briser la spirale de la violence et dire à la population noire : « Je comprend votre souffrance. Mais nous ne pouvons pas répondre par la violence. » S'il avait autorisé et exigé la vengeance et laissé la haine orienter son existence, il serait resté pour toujours en prison, a-t-il encore déclaré. « C'est seulement par le pardon et la réconciliation que la vraie liberté peut être gagnée. Jamais aigri, Mandela a toujours trouvé la force de dire : faisons un nouveau commencement, que tu sois Noir ou Blanc ; essayons de construire un pays uni, pour que les hommes et les femmes puissent y vivre ensemble. » C'est en ces termes que l'archevêque catholique du Cap, Stephen Brislin, a résumé la trajectoire de l'ancien chef d'Etat.[1] On se souvient de la force du symbole de cette équipe sud-africaine de rugby, composée de Noirs et de Blancs, que Mandela a soutenue.[2]
« Paix sur la terre », chantaient les anges dans le ciel de Palestine. Le nouveau-né de la crèche en était le gage. Une longue histoire tissée de violences et de guerres le précédait, dont les malheurs avaient aiguisé l’espoir d’une paix durable. Le prophète l’avait laissé entendre: un jour viendra où, sous la conduite de l’enfant, le loup habitera avec l’agneau, et le lion comme le bœuf mangera du fourrage (Is 11,6-9). L’irréconciliable sera réconcilié.
Début octobre, le calendrier liturgique nous invitait à commémorer successivement Thérèse de l’Enfant Jésus et François d’Assise, qui a marqué l’humanité par son choix prioritaire des pauvres et sa volonté de dialogue avec l’islam ; une semaine plus tard, nous faisions mémoire de Jean XXIII, que le pape actuel va déclarer saint en avril prochain ; puis est venu le temps de la Toussaint. Je me suis dit alors : « Voilà ce qui manque aujourd’hui ! Il est urgent de devenir des saints ! » Pas de ces hommes et femmes à la moralité au-dessus du commun des mortels, et souvent si tristes, mais de ceux et celles qui vivent les bras grands ouverts sur les autres. Je me suis du reste demandé d’où venait cette déformation de l’image des saints, que l’Eglise continue parfois de véhiculer en sacralisant à tour de bras des gens hors normes, majoritairement… célibataires et religieux. Certainement pas de l’Evangile ! Jésus n’a rien sacralisé. Il a ouvert pour tous le chemin vers la sainteté, le chemin vers les autres, celui qui conduit vers Dieu, qui seul est Saint.