Il y a un an, une double explosion ravageait la capitale libanaise. Pour la première commémoration de ce drame, le Collège jésuite Notre-Dame de Jamhour a édité un ouvrage collectif, Mémoires du 4 août 2020. Nombreux sont les membres de la communauté du Collège qui ont sublimé leur vécu traumatisant à travers l’écriture, la peinture, le dessin, la photographie, etc., comme autant de thérapies individuelles... Des moyens, parmi d’autres, pour dire non à la violence et au fatalisme, mais surtout pour dire non à l’oubli et à l’indifférence.
Au départ, Thibault de Montaigu voulait écrire sur Xavier Dupont de Ligonnès, suspecté d’avoir massacré en 2011 sa femme et ses quatre enfants, et qui reste toujours introuvable à ce jour. Sur les traces de Ligonnès, l’auteur (athée et ancien jet-setteur) se retrouve dans une abbaye bénédictine, où il vit une expérience spirituelle foudroyante qui le bouleverse. Il cesse alors de poursuivre Ligonnès et, pour ruminer ce qui lui arrive, met ses pas dans ceux de feu son oncle paternel, Christian de Montaigu, un noceur homosexuel qui avait abandonné les nuits parisiennes pour devenir prêtre franciscain. La construction, où alternent des passages entre l’histoire de l’auteur, celle de son oncle et celle de saint François d’Assise, aurait pu rester artificielle et ennuyeuse. D’autant que les traces laissées par la vie de Christian sont assez rares. Mais l’authenticité de la voix rend l’œuvre passionnante.
La Bible parle-t-elle du sport? La question interpelle l’auteur, bibliste chevronné et sportif dans l’âme, arbitre de tant de compétitions. Il souligne avec beaucoup d’enthousiasme les bienfaits du sport dans la vie personnelle, dans la vie d’un pays ou dans l’éducation des jeunes, mais il pointe également les dérives éthiques qui le caractérisent (violence, pouvoir de l’argent, racisme, nationalisme, dopage…), au point de se demander: «Pourquoi donc le sport est-il devenu la religion universelle au XXIe siècle?»
Par une lecture rigoureusement exégétique de douze textes de la Révélation, François Xavier Amherdt donne une nourriture spirituelle aux marcheurs que nous sommes, nous entraînant vers la joie de la rencontre avec Celui qui bénit tout effort sur la route escarpée du salut.
Avec l’exposition Modernités suisses, le musée d’Orsay propose un «monde à découvrir» selon la formule de Laurence des Cars, présidente des musées d’Orsay et de l’Orangerie et en passe de présider aux destinées du musée du Louvre. Les Parisiens découvrent au travers de quelque soixante-dix œuvres, dont certaines inédites en France et d’autres récemment acquises par l’institution, un chromatisme, une lumière et une créativité loin des clichés.
La vie de Jésus, ou celle des saints, constituent une ressource inépuisable pour le cinéma mondial. Le septième art exploite l’histoire et l’image du Christ depuis ses origines. L’historienne maître d’enseignement et de recherche à la section d’histoire et esthétique du cinéma de l'UNIL, Valentine Robert, revient pour cath.ch sur cette proximité. Propos recueillis par Véronique Benz.
Hier traîtres, sommés de se déguiser en passe-muraille, aujourd’hui passeurs de culture, les traducteurs ont vu leur image changer au gré des pratiques professionnelles qui sont les leurs, mais aussi de l’esprit du temps. Ils suscitent aujourd’hui un intérêt qui surprend les plus anciens d’entre eux. Peut-être faut-il voir en eux des figures parmi d’autres de la mondialisation culturelle et d’un idéal d’«hospitalité» encore à définir.
Sur les rayons de votre librairie, un livre porte un bandeau rouge qui annonce fièrement le nombre d’exemplaires vendus. Tel une star, l’auteur entre en scène: interviews de la TV aux heures de grande auditions et séances de signature bien orchestrées lui confèrent une nouvelle identité médiatique. Par le truchement de sa présence sonore et visuelle, son ouvrage devient spectacle. Promus au rang d’une marque commerciale, l’auteur et son livre pourront figurer en bonne place dans la publicité d’une compagnie d’avion, d’une marque de voiture ou sur des teeshirts branchés. Mais tout cela ne vous dit rien de la qualité littéraire de l’ouvrage. Reléguée à l’arrière-plan, elle cède le pas aux arguments de vente. L’écrivain serait-il devenu un vendeur d’aspirateurs comme un autre? La question n’est pas oiseuse, elle mérite une réponse.
Sylviane Dupuis analyse, dans un essai de haute tenue, l’influence des Écritures sur la littérature romande du XXe siècle, de Chessex à Ramuz, de Bille à Chappaz. «Réserve d’images, de fables, de figures ou de préceptes», la Bible a été, au cours du XXe siècle, un foisonnant abreuvoir pour les écrivains romands. Bien que majoritairement agnostiques, les auteurs de Suisse romande n’ont pas fait l’impasse sur les deux Testaments et sur ce que ces derniers ont injecté dans leur chair et dans leur langue. Au point d’y faire largement référence.
Parmi les 139 films sélectionnés lors du 35e Festival international du film de Fribourg, du 16 au 25 juillet 2021, Quo vadis, Aida? retiendra sans doute l’attention du Jury œcuménique. Le long métrage de fiction de Jasmila Žbanic, une réalisatrice bosnienne qui en signe et le scénario et la réalisation, raconte l’histoire d’une interprète bosniaque prise dans le tourbillon de la guerre d’ex-Yougoslavie dans les années 1990.
Ancien ambassadeur de Suisse en Chine et en Corée du Nord, Uli Sigg est sans conteste un pionnier pour avoir collectionné avec un esprit encyclopédique l’art contemporain de Chine et de Corée. L’exposition Au-delà des frontières du Kunstmuseum de Berne s’attache à ce dernier volet dédié aux deux Corées. À l’évidence, il est le plus singulier et le plus audacieux puisque se côtoient artistes nord-coréens et sud-coréens, deux mondes, l’un issu du monde globalisé, l’autre en accord avec la tradition figurative et l’orthodoxie politique.
À découvrir jusqu'au 5 septembre.
Adrien Candiard
Du fanatisme
Quand la religion est malade
Paris, Cerf 2020, 89 p.
Ce jeune dominicain vivant au Caire, spécialiste de la théologie musulmane, livre une analyse vivifiante des causes du fanatisme, maladie des religions.
David Chariandy
Il est temps que je te dise
Lettre à ma fille sur le racisme
Traduit de l’anglais par Christine Raguet
Genève, Zoé 2020, 112 p.