Ce livre à la rédaction fluide commence par une ode aux années 70, décrites comme la libération. «Fini le couple plan-plan à l’ancienne, expédié le mari traditionnel» dans ces années où «on pouvait avorter dans les meilleures conditions, grâce au droit à l’avortement promulgué en France», se réjouit l’auteure. Quelques lignes plus loin viennent les années 80, «axées sur la performance», puis arrive comme un boomerang le sida, l’explosion d’Internet, etc. «Le progrès continuait, inlassable.»
Mais voilà, écrit Nathalia Brignoli, «le progrès s’est transformé en tyrannie».
Nathalia L. Brignoli
Le chaos de la séduction moderne
Lausanne, Favre 2017, 232 p.
La troisième édition des Rendez-vous cinéma de l’Église se décline à Genève sur le thème des Origines. Elle fait la part belle à des films d’auteurs ainsi qu’à des péplums. Bertrand Bacqué, directeur artistique, explique le choix de cette programmation.
Philosophe, spécialiste de l’histoire du cinéma, Bertrand Bacqué a consacré une partie de ses recherches aux liens complexes entre l’éthique et l’esthétique. Il a participé de 1996 à2010 à la sélection et à la programmation du festival Visions du Réel (Nyon), consacré au documentaire de création. Il enseigne à la Haute école d’art et de design de Genève. Il est aussi diacre depuis trois ans.
Moonlight, de Barry Jenkins, a remporté trois Oscars lors de la cérémonie du 26 février 2017: ceux de meilleur film, de meilleur scénario adapté et de meilleur second rôle masculin pour Mahershala Ali, qui y interprète Juan, un dealer cubain qui prend le jeune Chiron - aussi appelé «Little» - sous son aile. Des prix mérités, pour un film original et profond.
Le théologien irlandais Gerard Ryan, jésuite de la Province anglaise canadienne, en a proposé une lecture pour la revue culturelle Thinking Faith (traduction française Claire Chimelli).
Moonlight est un récit singulier qui relève de l’histoire universelle de la lutte pour l’individualité. C’est celui, en trois parties, de Chiron, un jeune garçon innocent et timide, qui grandit dans une communauté afro-américaine de Miami ravagée par la pauvreté et la violence.
Le courage est au cœur de ce livre de contes édité par l’Association Les Amis des enfants de Bethléem. Le courage d’affronter la peur pour protéger sa famille, celui d’ignorer la flagornerie pour éviter d’être avalé tout cru, celui d’être créatif pour améliorer son quotidien, mais aussi celui d’être tout simplement soi pour ne pas perdre son âme. Ces contes issus de la tradition orale palestinienne ont été récoltés dans les familles par des écoliers des alentours de Bethléem (d’un village non loin, d’un camp de réfugiés et chez les bédouins), rédigés et illustrés par des professionnels suivant l’imagination et les indications des enfants. Il est édité en français et en arabe.
Préfacé par le pape François, ce récit retrace le calvaire d’un enfant violé par un prêtre (plus de 200 fois en 4 ans!), la plongée dans l’horreur et la résilience de l’enfant devenu homme, mari, père et frère de tous les enfants violés. Voilà ce que l’on en dit d’habitude... mais est-ce le tout de ce livre?
Avant de l’ouvrir, j’ai ressenti deux appréhensions, celle de devoir descendre dans l’enfer de la pédophilie et celle de me trouver face à un homme arrogant, ce que le titre pourrait laisser présager...
Eh bien oui! Je me suis retrouvée face à une réalité abjecte, à une souffrance infinie, à l’enfance bafouée. Mais non! Je n’ai pas vu trace d’arrogance. J’ai découvert un «homme debout»! Un adulte certes fragilisé par des événements traumatiques, mais qui s’est accroché comme à une bouée à la prière de ses douze ans: «Jésus, je [lui] pardonne, car il n’y peut rien; mais sors-moi de ses griffes.»
L’abbé Xavier Lingg, bien connu en Suisse romande, propose une relecture actualisée des psaumes, un florilège «prêts à être priés». Responsable de diverses paroisses, dont la très multiculturelle basilique de Notre-Dame de Genève, directeur spirituel interdiocésain d’été de la Suisse romande à Lourdes, animateur de nombreux pèlerinages en Terre sainte, chroniqueur «Liturgie» à l’Echo, il sait la nécessité de s’exprimer de façon à être entendu. Pour que les textes bibliques ne deviennent pas de vieux récits mais soient vécus au présent.
Dans l’introduction du livre, le Père Lingg explique sa démarche. «La prière des psaumes constitue la base de la louange du peuple de Dieu.
Historienne de l’Antiquité gréco-romaine, Marie-Françoise Baslez s’est fait connaître par des ouvrages de référence, notamment Saint Paul, artisan d’un monde chrétien (1991, réédité en 2012 avec des compléments) et Chrétiens persécuteurs. Destructions, exclusions et violences religieuses (2014) qui a suivi Les persécutions dans l’Antiquité. Victimes, héros, martyrs (2007).
Elle vient d’écrire un passionnant article pour le dossier «Origines» de la revue choisir d’avril-mai-juin, n° 684, intitulé Christianisme - Le temps des bâtisseurs (ce numéro peut être commandé en écrivant à ).
Il est rare qu’une révolution historique entraîne avec elle une rupture d’ordre à la fois artistique et culturel. C’est pourtant le cas de la Révolution d’octobre 1917, dont le Kunstmuseum et le Centre Paul Klee de Berne célèbrent de concert le centenaire.
Le Carré noir sur fond blanc (1915) pourrait à lui seul résumer la révolution opérée par son auteur Kasimir Malevitch. Né à Kiev en 1878, le peintre avait traversé toutes les avant-gardes occidentales et en avait retenu le futurisme, le fauvisme et surtout le cubisme découvert en 1912 lors d’un voyage à Paris, où il avait probablement rencontré Pablo Picasso.
«La mortalité infantile est une chose terrible, mais fatale : les enfants qui ont survécu aux maladies et aux accidents meurent de vieillesse.» (Eric Chevillard)
Jérôme Meizoz est l’auteur de nombreuses publications scientifiques, ainsi que d’oeuvres de fiction ou poétiques. Il a collaboré à l’édition critique des romans de C. F.Ramuz dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Il est des aptitudes que l’on retrouve chez nombre de protagonistes de documentaires ayant vécu des drames liés à la violence humaine. Tel le respect de l’autre souffrant, qui s’exprime par une capacité d’écoute profonde et un silence de qualité qui permet à la parole de surgir. Ou encore celle de savoir s’emparer des instants de légèreté et de poésie qui se présentent, et d’affronter avec humour le quotidien.
Ces capacités transparaissent dans Ghost Hunting, présenté au Festival du film sur les droits humains de Genève en première suisse, en présence de son réalisateur palestinien Read Andoni et de son assistant de direction Wadee Hanani.
Ghost Hunting
De Read Andoni
France/Palestine/Suisse/Qatar, 2017
prix du meilleur documentaire à la Berlinale 2017
C’est sur les traces de l’aventure solidaire Nord-Sud de tout un canton que nous entraîne le livre publié par la Fédération genevoise de coopération (FGC) à l’occasion des 50 ans de sa création, en 1966. Car ils sont nombreux ceux qui, au cours du demi-siècle écoulé, ont été impliqués dans «la facette altruiste» de Genève, que ce soit en tant qu’acteurs de la FGC elle-même, de l’une de ses 60 ONG membres ou d’une autorité publique donatrice.
Genève, l’esprit solidaire. 1966-2016
La Fédération genevoise de coopération,
2000 projets à visage humain
Genève, Slatkine 2017, 168 p.