Max Ernst,du 26 mai au 8 septembre 2013, Fondation Beyeler, Bâle - www.fondationbeyeler.ch
La Sirga, de William Vega
Mud - Sur les rives du Mississippi, de Jeff Nichols
Albert Rouet, L'étonnement de croire, Ivry-Sur-Seine, de l'Atelier 2013, 188 p.
Par un regard pertinent sur le monde actuel, Mgr Rouet, évêque émérite de Poitiers, analyse les causes qui génèrent l'indifférence dans tous les domaines : politique, société, religion, etc. Un sentiment d'insécurité saisit l'individu bouleversé par les mutations de toutes sortes. Livré à lui-même, seul parmi les autres, il peine à faire un choix libre et protège sa sphère individuelle. Se méfiant des intrusions extérieures, il se replie sur lui-même, ce qui accroît sa solitude : « Libre, il revendique sa capacité de choisir ; vulnérable, il ne le fait pas », note l'auteur.
Sur le plan religieux, cela conduit à un désintérêt vis-à-vis de toutes les formes de contraintes, de règlements ou de croyances. Mgr Rouet précise le rôle de l'Eglise en ce domaine : être proche de chacun en ce qu'il est, sans prosélytisme, sans attitude de domination, dans un souci d'écoute suscitant la confiance mutuelle : « Là où le monde concentre, il faut que l'Eglise décentralise ; là où il n'écoute pas les intéressés, il faut que l'Eglise écoute la voix de chacun. » Et d'insister sur la qualité du dialogue et l'attitude de Jésus, qui témoigne humanité et compréhension.
Marc Faessler, Qohélet philosophe. L'éphémère et la joie, Genève, Labor et Fides 2013, 320 p.
Le Qohélet, autrefois appelé Ecclésiaste, est un livre mystérieux. Son auteur est aussi énigmatique que les circonstances de sa composition (probablement au IIIe siècle av. J.-C.). Premier et unique livre « philosophique » de la Bible, Qohélet reste, par ses questions plus que par ses réponses, d'une actualité et d'une pertinence stupéfiantes.
Le théologien Marc Faessler, ancien directeur du Centre protestant d'études de Genève, lui a consacré un ouvrage remarquable, où il chemine avec le lecteur, approfondissant le sens de chaque mot. Il nous propose une traduction personnelle qui dépoussière certains termes.
Le premier thème de l'ouvrage, c'est l'éphémère. Le bonheur, la vie ne durent qu'un instant ; tout n'est que « vanité », dans le sens de vain, de vent. Le terme hébreu ével (Marc Faessler le traduit par buée) revient comme un leitmotiv ; il s'apparente (mêmes consonnes) à Abel, dont la vie a été brève mais bénie de Dieu, alors que l'humanité souffre encore de la caïnisation des rapports humains (« Suis-je le gardien de mon frère ? » Gn 4,10). Qohélet, se faisant passer pour Salomon, démontre avec force l'inanité des solutions proposées par le désir humain et ses pulsions. L'accumulation des biens, le savoir, le pouvoir, une certaine sagesse, tout cela est ével. Il évoque même la tentation du désespoir et, dans un verset magnifique de sensibilité, de l'alcoolisme.
La méditation se poursuit sur le thème du temps, dont l'hébreu distingue trois formes : le temps chronologique (zeman), celui de l'horloge ; le temps intérieur (ét), le seul qui nous importe, temps du présent qui ne reviendra pas, du moment favorable (le kairos des grecs), temps que nous actualisons par nos décisions et nos actions, en rapport avec nos désirs ; enfin, le temps caché (ôlam), insaisissable, mal traduit par éternité ou pour les siècles et les siècles. L'ôlam nous surplombe et, comme l'éphémère, nous ouvre à la Transcendance.
Après avoir semblé toucher le fond du désespoir (« A quoi cela sert-il de naître ? ») Qohélet nous fait entrer dans la grande surprise : l'éphémère, la souffrance sous toutes ses formes et la certitude de la mort n'empêchent pas ce qui nous tombe dessus comme un cadeau en plus de la vie : la joie ! La joie est inopinée, donnée, elle n'est ni liée aux conditions extérieures, ni prévisible par des dispositions psychiques, à l'opposé du plaisir que l'homme recherche, parfois jusqu'à l'addiction.
Pur hasard, clin d'œil du destin ? Non, dit Qohélet, qui, loin d'être pessimiste ou fataliste, suggère que pour être capable d'accueillir la joie, il faut s'y préparer, notamment en cherchant le Bien. Démarche possible seulement si l'on reconnaît qu'on n'est pas le centre du monde, mais que la vie, le monde et ses défauts, comme la joie, sont des dons.
José Antonio Pagola, Jésus. Approche historique, Paris, Cerf 2012, 544 p.
Laure Mi Hyun Croset nous touche par la sincérité de son écriture. A travers celle-ci, les failles ne sont pas escamotées, mais en quelque sorte mises en valeur. Elles sont révélées avec humour, par une douceur singulière et une haute capacité d'introspection.
Le baiser et la morsure - Opus 2 : la longueur moyenne des énoncés, conception et mise en scène Guillaume Béguin Théâtre du Grütli (GE), du 21 au 31 mai
Le mur invisible, de Julian Roman Pölsler
Los Salvajes, d'Alejandro Fadel
Michel Legrain, Un missionnaire français au cœur de la colonisation, t. 1 et t. 2, Paris, Harmattan 2012, 394 p. et 382 p.
Polina Jerebtsova, Le Journal de Polina. Dédié aux dirigeants de la Russie d'aujourd'hui, Paris, Books Editions/France Culture 2013, 560 p.
Myriam Vaucher, Dominique Bourdin, Marcel Durrer et Olivier Revaz (éd.), Foi de cannibale ! La dévoration, entre religion et psychanalyse, Genève, Labor et Fides 2012, 400 p.
Marie Noël, Almanach pour une jeune fille triste, Paris, DDB 2011, 544 p.
Sergueï Essenine, La confession d’un voyou, Lausanne, L’Age d’Homme 2013, 104 p.