lundi, 04 janvier 2016 09:15

La Terre entendue

Écrit par

Parmi les rares bonnes nouvelles de 2015, l’accord sur le climat, signé le 12 décembre à Paris, fait incontestablement du bien. L’état d’esprit qui a régné lors des négociations aussi. De l’avis des différents observateurs, la majorité des 195 pays participants étaient animés d’une réelle volonté d’engagement contre le réchauffement climatique et ont sincèrement cherché un compromis ambitieux. C’est là un exploit en soi. Mais peut-on parler pour autant de révolution politique, dans le sens d’une nouvelle manière d’appliquer l’art de gouverner ? Oui et non.

mercredi, 23 décembre 2015 09:07

Comprendre les Actes

Écrit par

Daniel Marguerat
Les Actes des apôtres (1-12) et (13-28) 
Genève, Labor et Fides 2007 et 2015, 446 et 400 p.

Les Actes des apôtres, deuxième volet de l’œuvre de Luc après l’évangile, représente le grand récit des origines chrétiennes. Partant de l’Ascension du Christ et de la Pentecôte à Jérusalem, les Actes aboutissent à l’annonce de la Parole par Paul à Rome. Le monumental récit, d’abord centré sur Pierre puis sur la trajectoire de Paul, rapporte les discours de la première génération chrétienne (Pierre, Etienne, Jacques, Paul). En tout vingt-quatre discours, recomposés par Luc, et qui représentent à eux seuls un tiers du livre.
Luc a été le premier dans l’Antiquité gréco-romaine à présenter un mouvement religieux, le christianisme, par le biais d’un récit historique. La préoccupation du retard de la parousie (le retour du Christ) a laissé place chez lui à une valorisation du temps présent, le temps de l’Eglise.
Selon le bibliste vaudois Daniel Marguerat, Luc appartient à un milieu d’évangélistes prolongeant la pratique missionnaire de Paul. Les fameuses sections en « nous », qui apparaissent dans le livre à partir du passage de Paul en Macédoine (16,10) ou peut-être déjà à Antioche (11,28), feraient référence à ce groupe.

mercredi, 23 décembre 2015 09:05

Union suisse

Écrit par

Büchi 36225Christophe Büchi 
Mariage de raison. Romands et Alémaniques. Une histoire suisse 
Carouge, Zoé 2015, 464 p.

L’histoire mouvementée du ménage helvétique avait déjà fait l’objet d’une première publication en 2001 (sous la forme de la traduction française d’un original allemand) recensée par choisir. Depuis il y a eu du nouveau qui justifie une édition réactualisée.
Dans la première édition, le journaliste bilingue Christophe Büchi esquissait à grands traits quelques défis qui commençaient à bousculer la vie commune. Une cinquantaine de pages pour évoquer les questions qui, à l’époque, engrangeaient la mobilisation des citoyens des deux rives du Röstigraben. Depuis, Romands et Alémaniques se sont confrontés à d’autres défis, qui tour à tour les divisent ou les soudent.

mercredi, 23 décembre 2015 08:59

La « religion »

Smith 45039Jonathan Z. Smith
Magie de la comparaison. Et autres essais d’histoire des religions 
Genève, Labor et Fides 2014, 198 p.

Dans la préface de ce livre, Philippe Borgeaud se réjouit de la publication en français de textes de Jonathan Z. Smith, judicieusement choisis et traduits par Daniel Barbu et Nicolas Meylan. Car l’approche historienne et anthropologique de la notion de la religion par ce chercheur américain est d’une importance capitale pour tous ceux qui étudient « la religion ».

Jesuitenweltweit cambodgeAu Cambodge en 1993, Sok Eng - une enseignants cambodgienne  âgée de 62 ans -  a commencé à travailler pour le Service jésuite des réfugiés (JRS) dans différents projets de développement, de santé et d’éducation. «Aujourd’hui encore, je m’engage aux côtés des jésuites du Cambodge pour que mon pays se remette de son passé et que la jeune génération bénécie d’une bonne formation.»

Nombre des collaborateurs de l’époque - qui ont travaillé pour le JRS dans les camps de Thaïlande et sont retournés avec eux au Cambodge - s’y trouvent aujourd’hui encore. Kike Figaredo, venu d’Espagne comme jeune jésuite, est responsable depuis l’an 2000 du diocèse de Battambang en tant que préfet apostolique. Soeur Denise Coghlan, une religieuse australienne, dirige quant à elle le JRS au Cambodge et a mis sur pied à Siem Reap un centre spirituel axé sur la réconciliation, la paix et la rencontre des religions. Jub Phokthavi, bénévole thaïlandais dans les camps, fut en 2009 le premier à être ordonné jésuite au Cambodge et y travaille aujourd’hui comme curé. Après différentes étapes en Afghanistan, au Sri Lanka et au Timor Oriental, Noël Oliver, un Frère jésuite indien, est quant à lui retourné au Cambodge. Tous les quatre comptent parmi les pionniers des projets mis en place par les jésuites au Cambodge.

Lire le supplément ci-dessous :

lundi, 21 décembre 2015 15:03

Il fut une fois...

Voici un ouvrage magistral[1]. Il ne faut pas craindre de louer un auteur qui le mérite. Il y a là un chef-d’œuvre de littérature comparée et de critique, c’est-à-dire d’explication et de jugement. Marc Fumaroli s’est donné un grand projet. Il a décrit tous les prodromes de la révolution humaniste.

Cette révolution s’est produite en deux temps. Au XVIe siècle, avec la Renaissance, et au début du XVIIe siècle, avec l’hôtel de Rambouillet et la naissance des salons. La teneur définitive, la teneur finale de l’humanisme classique, s’explique par ses origines, par sa filiation intellectuelle ainsi que par les conditions sociales qui l’ont fait éclore : une classe, l’aristocratie (ou la haute bourgeoisie), où des âmes libres de développer plus complètement leurs sentiments, parce qu’étant hors du métier des lettres, ont le loisir de penser davantage à leurs émotions et de cultiver l’art du bien dire et de la conversation. L’illustrent les mémoires, les maximes, les essais, les pensées et l’art épistolaire.

lundi, 21 décembre 2015 14:57

Une Europe d'arts

Max Gubler. Toute une vie, musée des Beaux- Arts, Berne, jusqu’au 2 août

Europe. L’avenir de l’histoire, Kunsthaus, Zurich, du 12 juin au 6 septembre

Notre actualité ne fait pas exception à la règle : face aux incertitudes, se manifeste le repli identitaire. Catherine Hug, commissaire de l’exposition organisée au Kunsthaus de Zurich, et Robert Menasse, écrivain viennois, ont choisi d’interroger l’art et les artistes qui, à l’inverse des hommes du commun, ont toujours préféré ignorer les frontières.

lundi, 21 décembre 2015 14:49

Du léger et du lourd

Broadway Therapy, de Peter Bodganovich

Le labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli

Dans ma chronique précédente, les citations d’Orson Welles étaient tirées d’un livre d’entretiens menés par Peter Bodganovich. Ce dernier a d’abord été critique de cinéma, puis réalisateur et comédien. Ceux qui ont vu la géniale série The Sopranos se souviennent de sa tête de Droopy aux grosses lunettes : il jouait le psy de la psy du mafieux dépressif Tony Soprano. En tant que réalisateur, son film le plus célèbre - La dernière séance - remonte à 1971, et son dernier long-métrage date d’il y a 13 ans. A 75 ans, il revient avec She’s funny that way (« traduit » Broadway Therapy par les distributeurs français), une comédie américaine à la mode d’antan.

Le prix élevé du pétrole, allié à des politiques osées ont permis à l’Equateur d’obtenir les ressources pour financer d’importants investissements sociaux. Ce petit pays est bien placé en terme de réussite socio-économique par rapport au reste de l’Amérique latine, même si on entend peu parler de lui.

Le système politique mis en place par le président équatorien Rafael Correa[1] place son régime à bonne distance du socialisme étatique (à la différence de Cuba) et se combine avec des politiques publiques judicieuses (à la différence du Venezuela). Il donne de bons résultats macroéconomiques et sociaux.

lundi, 21 décembre 2015 14:31

Le model équatorien

En novembre 2013, Rafael Correa, président de l’Equateur, était reçu à l’Elysée. Les journalistes français ignorèrent superbement ce chef d’Etat,[1] s’exprimant pourtant en français, et qui surtout, sous le slogan « Retrouver la patrie », a mis en place un programme ambitieux, novateur et efficace pour sortir son pays de la crise. Mais l’exercice peut-il être maintenu jusqu’aux élections de 2017 ?

Si les médias français peuvent se permettre de faire l’impasse sur la présence de Rafael Correa sur leur sol, ce n’est bien sûr pas le cas en Equateur, où l’hyperactivité, l’éloquence et les réformes du président font du bruit. Avec ces questions : Rafael Correa est-il le meilleur président de l’histoire de l’Equateur ou au contraire le pire ? a-t-il mis en place un véritable gouvernement révolutionnaire ou une administration capitaliste déguisée ? une démocratie citoyenne en construction ou un autoritarisme populiste du XXIe siècle ? Ce n’est pas tant la diversité des opinions qui est attristante, mais le fait qu’il n’existe pratiquement plus dans le pays que deux visions opposées.