Les collectionneurs sont des gens formidables, ils achètent passionnément et prêtent généreusement le fruit de leurs amours. À tant aimer l’art, les musées leur offrent leurs cimaises, comme le fait le Kunstmuseum de Berne qui accueille une part de l’immense Daros Latinamerica Collection constituée par le Suisse Stephan Schmidheiny. Musée à lui-seul, la collection de l’homme d’affaires déroule le panorama de l’art latino-américain depuis les années cinquante, avec sa diversité certes, mais aussi son identité constituée de pays souvent soumis à des régimes politiques totalitaires. À voir au Kunstmuseum de Berne jusqu’au 21 mars.
À l’heure où beaucoup sont au chevet d’une planète à la dérive, les artistes se tournent de nouveau vers le paysage. C’est ce dernier que célèbre l’exposition Sound of silence - Laissons parler les éléments…, en France voisine, au travers d’une véritable rêverie dédiée à la beauté du monde. Iris Hutegger, Jan Gulfoss et Gilles Lorin en subliment la réalité à la faveur d’un sortilège de techniques à la lisière de la peinture, du dessin et de la photographie.
À voir jusqu'au 30 janvier, du mardi au dimanche, ou sur rendez-vous à la Galerie Daltra de Megève.
Tout les oppose. Plus qu’à un dialogue, on songerait plutôt à une confrontation entre le naturalisme de l’un et l’abstraction radicale de l’autre. Pourtant l’influence de Rodin sur le jeune Arp, de 46 ans son cadet, fut bien réelle. Afin de le démontrer, la Fondation Beyeler se livre à une véritable enquête policière, traquant, au-delà des hommages explicites, les invisibles indices qui confirment l’indéfectible admiration de Jean Arp pour son aîné.
Rodin/Arp, du 13 décembre 2020 au 16 mai 2021 à la Fondation Beyeler de Bâle www.fondationbeyeler.ch
Alors qu’on assiste à la montée des nationalistes, l’Europe de l’entre-deux-guerres sème les ferments d’un art libre et foisonnant. La vague mortifère liée à la guerre et aux ravages de la grippe espagnole n’est pas sans résonance avec la crise économique et sanitaire que traverse l’Europe d'aujourd'hui. C’est tout du moins ce que tente de démontrer le Kunsthaus de Zurich, dans une exposition qui souligne la permanence d’un héritage, cela dans tous les domaines de la création. L'exposition conjugue ainsi monde d’avant et monde d’après de l’effervescence des années vingt à Thomas Ruff.
Semer à tout vent, les années folles
jusqu’au 11 octobre, au Kunsthaus Zürich.
Au fond rien ne change en eux, et cela depuis près d’un demi-siècle. Ils demeurent dans la vie et dans l’art fidèles, l’un à l’autre, mais aussi à leur volonté de dire le monde pour le meilleur et pour le pire.
Gilbert & George jusqu’au 18 octobre, Museo Casa Rusca, Locarno
En avril dernier, l’exposition Noir et blanc, une esthétique de la photographie devait ouvrir ses portes au Grand Palais de Paris.[1] Un tel titre attire l’attention. En 2020, le noir et blanc est-il tellement marginalisé face au déferlement des photographies en couleurs qu’il devient nécessaire de le repositionner sur le devant de la scène? L’histoire montre que les rapports entre noir et blanc et couleur dans la photographie sont bel et bien conditionnés par les hiérarchies culturelles.
Nathalie Boulouch, Rennes (F), historienne d’art, est maîtresse de conférences en histoire de l’art contemporain et photographie, à l’Université Rennes 2. Elle est l'auteure de Le ciel est bleu: une histoire de la photographie couleur (Paris, Textuel 2011, 216 p.).
Quand le réel se met en pause pour faire face à la crise sanitaire, le virtuel prend le relais et se pare de ses plus beaux atours pour exposer l’art au plus grand nombre. Zoom sur ce festin numérique proposé par les musées de la Confédération helvétique et d'autres institutions dans le monde entier, en attendant une réouverture annoncée en Suisse pour le 11 mai...
Dès les prémices de 2020, le monde a dû plier face à l’impact dévastateur du Covid-19 et tente, jour après jour, de s’adapter à une situation menacée par la récession. À l'image des grandes institutions muséales qui se repensent et se réorganisent, mettant à profit les avantages de la dématérialisation. Si les expositions virtuelles existent depuis quelques années déjà, on leur porte aujourd’hui un regard bien différent. L’occasion pour le monde de l’art et de la culture de se mobiliser et de redoubler d’ingéniosité pour faciliter l’accès aux catalogues numériques de leurs collections et ainsi permettre à tout un chacun de s’évader et flâner au gré des œuvres, des styles et des époques. Car l’art est partout où l’homme se trouve, même confiné.
L’impressionnisme au Canada. Nul n’y avait peut-être songé avant que la Fondation de l’Hermitage ne lui consacre une exposition. Pourtant cette contrée lointaine, tout du moins au XIXe siècle, offrait avec ses paysages grandioses, de surcroît enneigés, un cadre privilégié pour les adeptes du mouvement qui avait déjà conquis l’Europe et les États-Unis.
Geneviève Nevejan, Paris, journaliste et historienne d’art
Le Canada et l’impressionnisme. Nouveaux horizons, 1880-1930,
jusqu’au 24 mai à la Fondation de l’Hermitage, Lausanne.
Toiles de maîtres, symphonies: les techniques d’intelligence artificielle investissent l’art et son marché, renouvelant cette question habitant déjà le XXe siècle: les machines peuvent-elles créer? Tout dépend finalement de l’intention de ceux qui les gèrent… ou qui acceptent de lâcher prise.
Docteur en Sciences de la société (Université de Genève) et en informatique (École polytechnique fédérale de Lausanne), Nicolas Nova enseigne l’anthropologie des cultures numériques à la Haute école d’art et de design de Genève. Il a cofondé Near Future Laboratory, une agence de prospective et d’innovation impliquée dans des projets de design fiction.
Alors que plane la crainte d’un chaos planétaire, le Kunstmuseum de Berne tente d’illustrer Tout se disloque, un poème écrit en 1919 par William Butler Yeats. Poète irlandais, il n’a eu de cesse d’interroger les maux de la société moderne, au-delà du conflit de la Première Guerre mondiale, de la Révolution russe ou du désarroi politique qui bouleversait son pays d’origine. Le paysage qui se dessine à travers les œuvres exposées des artistes suisses du XIXe siècle met en images le climat d’inquiétude qui régnait alors, et qui n’est pas sans résonance avec nos propres angoisses, cela à près d’un siècle de distance.
Tout se disloque
L’art suisse de Böcklin à Vallotton
Musée des Beaux-arts de Berne
Jusqu’au 20 septembre 2020
On connaît le peintre de la solitude Hopper (1882-1967), le paysagiste demeure méconnu. En choisissant de privilégier cet aspect de son œuvre, la Fondation Beyeler de Riehen (Bâle) ne s’éloigne pas vraiment de ce qui fait l’essence de l’art du peintre américain, sa dimension humaine, qu’il a aussi su insuffler aux paysages.
Edward Hopper
À la Fondation Beyeler
du 26 janvier au 17 mai 2020
www.fondationbeyeler.ch/fr/
Après Ferdinand Hodler ou bien encore Zao Wou Ki, les artistes de la Vie parisienne autour de 1900 sont au Musée d’art de Pully, petit bijou qui jouxte la Maison C-F. Ramuz, dans le vieux bourg. Coup de maître que cette exposition éblouissante, avec Raoul Dufy, Toulouse Lautrec, Van Dongen, Chagall, Fernand Léger, Henri Matisse et bien d’autres, un événement né de la rencontre du musée avec une famille de collectionneurs, dont on peut voir les œuvres pour la première fois en Suisse.
Paris en fête
De l’Art nouveau au surréalisme,
le temps de l’insouciance
Musée d’art de Pully
Jusqu’au 10 mai 2020