Geneviève Nevejan enseigne à l’École du Louvre.
« Dignité immense de la grandeur divine, indignité des moyens de représentation » : par ce dualisme fondamental, l’historien contemporain Alain Besançon exprime le problème crucial de la figuration du sacré, soit représenter l’irreprésentable. Pour autant, le christianisme, à la différence du judaïsme et de l’Islam, se donnera la liberté, certes « conditionnée », d’incarner son dieu et ses croyances, cela pendant plus de deux millénaires.
Roi des dictionnaires, le Petit Robert fête ses 50 ans dans les murs du Musée Voltaire de Genève où se tient, jusqu’au 10 décembre, une exposition regroupant quelques-unes des œuvres de l’artiste Fabienne Verdier. Des tableaux qui animent, pour la première fois de son histoire, les pages du célèbre dico.
Fabienne Verdier
l'expérience du langage
La République des dictionnaires
(de Voltaire à Alain Rey)
Exposition au Musée Voltaire
Jusqu’au 10 décembre 2017
Horaires: 14-18h en semaine,
fermé le mardi
18-21h nocturnes les jeudis
11-17h le week-end
Entrée libre
Évangéliaire de Rabbula, Syrie, VIe s. Manuscrit enlumine
© Biblioteca Medicea LaurenzianaLe contexte sensible dans lequel s’inscrit Chrétiens d'Orient - Deux mille ans d'histoire donne à l’exposition parisienne de l’Institut du monde arabe (IMA) une dimension contemporaine. Sa perspective est pourtant historique, puisqu’elle relate les deux millénaires d’une histoire née -on l’oublie- au Moyen-Orient, entre le Tigre et l’Euphrate. À l’encontre des idées reçues qui mettent dos à dos chrétiens et monde arabe, l’exposition révèle la rencontre de deux cultures qui se sont nourries de leurs échanges et de leurs différences intellectuels et artistiques. Rencontre avec Raphaëlle Ziadé, commissaire scientifique de l’exposition, spécialiste du christianisme oriental.
L’art ne fait pas exception à la mondialisation, c’est du moins ce que confirment les quelque soixante institutions qui célèbreront jusqu’en 2019 le déjà très célébré Picasso. La déferlante d’expositions lancée par Laurent Le Bon, président du musée Picasso à Paris, sera toutefois circonscrite à la Méditerranée, cette source d’inspiration féconde à laquelle l’artiste lui-même s’est tant abreuvé.
© 2017 ProLitteris, Zurich/Wim Delvoye Photo: Studio Wim Delvoye, Belgique.L’époque n’est pas sereine! Face aux artistes qui s’en font les interprètes tourmentés, Wim Delvoye apparaît comme un trublion qui fait de l’humour sa marque de fabrique. Son ascendance belge l’y prédisposait et, en digne héritier des surréalistes, il perpétue avec art, détournements et faux semblants, comme en témoigne au musée Tinguely sa première rétrospective en Suisse.
Wim Delvoye, jusqu’au 1er janvier 2018, Musée Tinguely, Bâle
Jérôme Zonder, Chairs grisesLes objets doivent avoir une âme pour qu’on s’y attache, avec tant de passion parfois. Jean Tinguely aimait leur donner vie, d’où peut-être le mouvement perpétuel qu’il leur imprime dès ses premières œuvres aux formes géométriques mouvantes. La formidable machinerie Mengele-Totentanz (Mengele-Danse macabre, 1986) ne fait pas exception à la règle. Le musée Tinguely de Bâle vient de lui octroyer un espace particulier, et invite de jeunes artistes à tisser un dialogue avec leur aîné.
Jérôme Zonder. The Dancing Room,
jusqu’au 1er novembre, Musée Tinguely, Bâle.
Le sujet est connu, et continue pourtant de drainer d’inlassables amateurs d’art. Monet ne partage peut-être qu’avec Picasso ce succès inoxydable. Le peintre du Havre le doit pour beaucoup à sa modernité, dont La Fondation Beyeler, avec son exposition simplement intitulée Monet, fait la démonstration au travers du thème du paysage que l’artiste n’a cessé de réinventer durant les trois dernières décennies de sa carrière.
La Vue de Bordighera 1884, huile sur toile, 66 x 81,8 cm
The Armand Hammer Collection, Hammer Museum, Los Angeles
Bien avant le fameux slogan des hippies dans les années 60, à partir de la Renaissance en particulier, la vogue des fleurs s’est emparée de l’Occident. Elle a été escortée tout au long de son histoire d’une symbolique empreinte de divin, à laquelle l’art est demeuré attachée, jusqu’à l’époque contemporaine.
La vision panthéiste de la nature, qui s’épanouit en Italie dès le XIVe siècle, doit beaucoup à la poésie de Pétrarque. Le poète originaire d’Arezzo aimait à filer dans ses sonnets la métaphore florale, image à la fois de l’amour et de l’harmonie de l’homme avec le monde. La Renaissance en retient des enseignements qui exerceront une influence décisive sur l’art des jardins. On sacrifie dès lors les enclos botaniques médiévaux de conception utilitaire. Des sculptures et décors de grotesques apparaissent au détour de bosquets et de chutes d’eau reconstituées; ils parsèment les allées de références mythologiques, historiques ou littéraires. Les jardins à l’italienne étaient nés.
La découverte de l’Orient, des Indes, puis du Nouveau Monde duquel on importe quantité de plantes, va nourrir la curiosité et l’exotisme qu’inspirent la nature et ses mystères. L’engouement pour la flore continue de se répandre au XVIIe siècle dans toute l’Europe occidentale, particulièrement dans la peinture, surtout dans les Pays-Bas méridionaux et les Provinces-Unies de Hollande.
© Musée d'art et d'histoire, GenèveNichée sur les hauteurs de Lens, en Valais, la Fondation Pierre Arnaud est allée chercher sous les stratus genevois les sucs de sa nouvelle exposition. Cette dernière met en lumière de petits trésors de la peinture flamande et hollandaise des XVIIe et XVIIIe siècles issus des collections du musée d’Art et d’Histoire de Genève. Des œuvres qui renvoient aux grands donateurs, et rappellent le rôle déterminant de la générosité des nantis à l’origine de nombre d’institutions, dont la Fondation Arnaud elle-même.
Jean Dubuffet. Métamorphoses du paysage,
jusqu’au 8 mai 2016, Fondation Beyeler, Riehen
L’art brut de Jean Dubuffet. Aux origines de la Collection,
jusqu’au 28 août 2016, Collection de l’art brut, Lausanne
Qu’est-ce qui diffère tant entre le miroir de Narcisse, l’autoportrait de Van Gogh ou encore le selfie de Kim Kardashian? Les trois renvoient à une image, pour ne pas dire à une obsession, mais à des époques qui n’avaient ni la même sensibilité, ni le même art de la mise en scène.
Michel Gagnon © LACInauguré il y a près d’un an, le Lugano Arte e Cultura (LAC) aborde les rives du lac de Lugano avec d’ambitieuses perspectives. Fruit d'une longue gestation et d'une détermination sans faille des autorités de la ville, il arbore fièrement ses deux salles de concerts et ses trois niveaux d'expositions. D’origine canadienne, son directeur Michel Gagnon, homme-orchestre et capitaine du vaisseau, révèle avec passion sa programmation et les raisons du succès de ce complexe dédié aux arts visuels, à la musique et à la danse. Homme de culture, il a dirigé pendant quatorze ans, de 2000 à 2014, la programmation de la Place des Arts à Montréal. Patron multitâche, il a également été directeur de scène des Grands Ballets canadiens, ainsi que de l’Opéra de Montréal, avant d’embrasser, il y a près de deux ans les destinées du LAC. Entretien.