Tous les deux ans, la Collection de l’Art brut de Lausanne puise dans son immense fonds de 70'000 pièces pour organiser une exposition autour d’un thème. Cette année: le corps. On y retrouve les œuvres d’Aloïse Corbaz, l’une des plus célèbres figures de l’art brut, et ses luxurieuses princesses aux yeux bleus et au sexe fleuri, hymne à l’amour.
Troisième Biennale de l’Art Brut
Jusqu’au 28 avril 2018
Ce musée précurseur fut voulu par le peintre Jean Dubuffet, artiste et premier collectionneur d’un art en marge. On le sait, Dubuffet a fait don à la Ville de Lausanne des 5000 pièces de sa collection. Un retour aux sources puisque c'est en Suisse, dès 1945, que le peintre rencontrait les artistes et psychiatres éclairés qui permirent l’éclosion de ces œuvres. La Ville accepta alors de créer un musée, qui a pris place en 1976 dans le Château de Beaulieu, à Lausanne.
«Dignité immense de la grandeur divine, indignité des moyens de représentation»: par ce dualisme fondamental, l’historien contemporain Alain Besançon exprime le problème crucial de la figuration du sacré, soit représenter l’irreprésentable. Pour autant, le christianisme, à la différence du judaïsme et de l’Islam, se donnera la liberté, certes «conditionnée», d’incarner son dieu et ses croyances, cela pendant plus de deux millénaires.
Geneviève Nevejan enseigne à l’École du Louvre.
L’art subtil qui consiste à copier, usurper, plagier et contrefaire a été montré du doigt de tout temps. Les Romains, déjà, chassaient les faussaires. Un musée japonais, lui, a décidé il y a 20 ans de transformer son espace en plus grand simulacre du monde. Ses 30 000 m2 n’abritent que des copies. Sans pour autant faire prendre des vessies pour des lanternes aux visiteurs.
Roi des dictionnaires, le Petit Robert fête ses 50 ans dans les murs du Musée Voltaire de Genève où se tient, jusqu’au 10 décembre, une exposition regroupant quelques-unes des œuvres de l’artiste Fabienne Verdier. Des tableaux qui animent, pour la première fois de son histoire, les pages du célèbre dico.
Fabienne Verdier
l'expérience du langage
La République des dictionnaires
(de Voltaire à Alain Rey)
Exposition au Musée Voltaire
Jusqu’au 10 décembre 2017
Horaires: 14-18h en semaine,
fermé le mardi
18-21h nocturnes les jeudis
11-17h le week-end
Entrée libre
Le contexte sensible dans lequel s’inscrit Chrétiens d'Orient - Deux mille ans d'histoire donne à l’exposition parisienne de l’Institut du monde arabe (IMA) une dimension contemporaine. Sa perspective est pourtant historique, puisqu’elle relate les deux millénaires d’une histoire née -on l’oublie- au Moyen-Orient, entre le Tigre et l’Euphrate. À l’encontre des idées reçues qui mettent dos à dos chrétiens et monde arabe, l’exposition révèle la rencontre de deux cultures qui se sont nourries de leurs échanges et de leurs différences intellectuels et artistiques. Rencontre avec Raphaëlle Ziadé, commissaire scientifique de l’exposition, spécialiste du christianisme oriental.
L’art ne fait pas exception à la mondialisation, c’est du moins ce que confirment les quelque soixante institutions qui célèbreront jusqu’en 2019 le déjà très célébré Picasso. La déferlante d’expositions lancée par Laurent Le Bon, président du musée Picasso à Paris, sera toutefois circonscrite à la Méditerranée, cette source d’inspiration féconde à laquelle l’artiste lui-même s’est tant abreuvé.
L’époque n’est pas sereine! Face aux artistes qui s’en font les interprètes tourmentés, Wim Delvoye apparaît comme un trublion qui fait de l’humour sa marque de fabrique. Son ascendance belge l’y prédisposait et, en digne héritier des surréalistes, il perpétue avec art, détournements et faux semblants, comme en témoigne au musée Tinguely sa première rétrospective en Suisse.
Wim Delvoye, jusqu’au 1er janvier 2018, Musée Tinguely, Bâle
Les objets doivent avoir une âme pour qu’on s’y attache, avec tant de passion parfois. Jean Tinguely aimait leur donner vie, d’où peut-être le mouvement perpétuel qu’il leur imprime dès ses premières œuvres aux formes géométriques mouvantes. La formidable machinerie Mengele-Totentanz (Mengele-Danse macabre, 1986) ne fait pas exception à la règle. Le musée Tinguely de Bâle vient de lui octroyer un espace particulier, et invite de jeunes artistes à tisser un dialogue avec leur aîné.
Jérôme Zonder. The Dancing Room,
jusqu’au 1er novembre, Musée Tinguely, Bâle.
Auguste Rodin est mort le 17 novembre 1917 à l’âge de 77 ans, sous le signe du chiffre «7» -qui est censé porter chance- prémonitoire de sa gloire posthume. Souvent incompris, l'artiste ne suscita véritablement l’unanimité qu’après son décès, ainsi que le démontre la monumentale exposition que lui consacre à Paris le Grand Palais.
Geneviève Nevejan enseigne à l’École du Louvre. Retrouvez ses articles sur www.choisir.ch, rubrique expositions.
Il est rare qu’une révolution historique entraîne avec elle une rupture d’ordre à la fois artistique et culturel. C’est pourtant le cas de la Révolution d’octobre 1917, dont le Kunstmuseum et le Centre Paul Klee de Berne célèbrent de concert le centenaire.
Le Carré noir sur fond blanc (1915) pourrait à lui seul résumer la révolution opérée par son auteur Kasimir Malevitch. Né à Kiev en 1878, le peintre avait traversé toutes les avant-gardes occidentales et en avait retenu le futurisme, le fauvisme et surtout le cubisme découvert en 1912 lors d’un voyage à Paris, où il avait probablement rencontré Pablo Picasso.
Le sujet est connu, et continue pourtant de drainer d’inlassables amateurs d’art. Monet ne partage peut-être qu’avec Picasso ce succès inoxydable. Le peintre du Havre le doit pour beaucoup à sa modernité, dont La Fondation Beyeler, avec son exposition simplement intitulée Monet, fait la démonstration au travers du thème du paysage que l’artiste n’a cessé de réinventer durant les trois dernières décennies de sa carrière.
La Vue de Bordighera 1884, huile sur toile, 66 x 81,8 cm
The Armand Hammer Collection, Hammer Museum, Los Angeles
Bien avant le fameux slogan des hippies dans les années 60, à partir de la Renaissance en particulier, la vogue des fleurs s’est emparée de l’Occident. Elle a été escortée tout au long de son histoire d’une symbolique empreinte de divin, à laquelle l’art est demeuré attachée, jusqu’à l’époque contemporaine.
La vision panthéiste de la nature, qui s’épanouit en Italie dès le XIVe siècle, doit beaucoup à la poésie de Pétrarque. Le poète originaire d’Arezzo aimait à filer dans ses sonnets la métaphore florale, image à la fois de l’amour et de l’harmonie de l’homme avec le monde. La Renaissance en retient des enseignements qui exerceront une influence décisive sur l’art des jardins. On sacrifie dès lors les enclos botaniques médiévaux de conception utilitaire. Des sculptures et décors de grotesques apparaissent au détour de bosquets et de chutes d’eau reconstituées; ils parsèment les allées de références mythologiques, historiques ou littéraires. Les jardins à l’italienne étaient nés.
La découverte de l’Orient, des Indes, puis du Nouveau Monde duquel on importe quantité de plantes, va nourrir la curiosité et l’exotisme qu’inspirent la nature et ses mystères. L’engouement pour la flore continue de se répandre au XVIIe siècle dans toute l’Europe occidentale, particulièrement dans la peinture, surtout dans les Pays-Bas méridionaux et les Provinces-Unies de Hollande.