Comment représenter le silence en peinture? Comment rendre sensible l’absence de bruit sans avoir recours à l’ouïe? Voici l’une des questions qui traversent l’exposition proposée par le musée Rath. Le premier élément de réponse se trouve dans le titre: il n’y a pas de silence unique. En cherchant à dépasser les limites de leur médium, à traverser le mur du son à coups de pinceaux, les artistes ont ouvert des voies multiples. Du portrait au paysage, de la nature morte à la peinture sacrée, de la peinture classique à la peinture contemporaine, le musée Rath nous invite à contempler des œuvres variées -presque opposées-, à explorer l’espace des silences possibles au fil de plusieurs salles sombres et austères.
À voir jusqu’au 27 octobre 2019.
Ci-contre: Intérieur avec piano et femme vêtue de noir, 1901, Vilhelm Hammershøi (1864-1916), huile sur toile © MAH/Collection privée/Photo: F. Bevilacqua
Natascha IV, Franz Gertsch, 1988Si vous ne savez pas où passer quelques jours de vacances cet été et que vous n’êtes jamais allé au MASI de Lugano (Museo d’arte della Svizzera italiana / Musée d'art de la Suisse italienne), courez-y. Vous découvrirez dans son vaste sous-sol d’impressionnants tirages des gravures de Franz Gertsch aux côtés d’œuvres -plus modestes par la taille mais pas par le génie, loin s’en faut- d’Edvard Munch et de Paul Gauguin.
À voir jusqu’au 22 septembre 2019.
Cendrillon, installation de J. Watts © MEGLes enfants les écoutent les yeux grands ouverts et les doigts entortillés, leurs oreilles ne suffisant souvent pas à vivre le conte à sa juste valeur. Et ils ne sont pas les seuls à les apprécier, certaines histoires ne leur étant d’ailleurs pas destinées. Avec sa nouvelle exposition La fabrique des contes, le MEG met en lumière les récits traditionnels populaires européens.
À découvrir jusqu'au 5 janvier 2020.
Hodler, "Femme en extase", 1911, coll. privée, BerneL’extase renvoie communément au sacré, à ses rites, autant qu’à des scènes de visions mystiques et le plus souvent à de lointaines contrées historiques. C’est pourtant à la rencontre de nos contemporains et à un contexte largement profane que nous convie le Centre Paul Klee de Berne jusqu’au 4 août. Une belle exploration des représentations singulières de l’irreprésentable, à partir d’une sélection d’œuvres de très grande qualité.
«Des artistes renommés tels que Marina Abramović, Marlene Dumas, Meret Oppenheim, Auguste Rodin, Henri Michaux, Andy Warhol et Paul Klee font l’objet de rapprochements surprenants», note le commissaire de l'exposition. «Ils explorent la ligne de crête qui sépare l’envol de la chute, la maîtrise de soi de la perte de contrôle, l’élan créateur de la folie, l’ascèse de l’excès, la transcendance spirituelle de l’autodestruction physique, la libération de la dépendance.»
Pablo Picasso (1881-1973) Autoportrait, 1901, © Succession Picasso/2018, ProLitteris, Zurich, Photo: © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)/Mathieu RabeauL’artiste aurait pu s’en tenir à ses deux périodes, bleu et rose, qui sont à elles seules une œuvre en soi. Au-delà du génie des commencements, la Fondation Beyeler nous invite à découvrir un autre Picasso, infiniment plus mélancolique, aux antipodes de son œuvre future pas toujours amène et à laquelle les récentes expositions prêtent influences diverses et encombrants ingrédients de vie privée.
Prolongation jusqu'au 16 juin 2019!
Paysage aquatique (1840-1845) de William Turner © Tate, Londres 2019Il revient à l’Angleterre victorienne le mérite d’avoir su se forger (particulièrement durant les années 1860/1870) une esthétique propre, dont l’empreinte sera déterminante sur ses voisins outre-Manche. La Fondation de l’Hermitage à Lausanne entreprend avec ambition et originalité d’en relater l’histoire. À travers une sélection de près de 60 œuvres, l'exposition illustre la richesse de l’art anglais au XIXe siècle.
À découvrir du 1er février au 2 juin.
Il est loin ce temps où Jean Dubuffet espérait la reconnaissance de «l’art des fous» et des marginaux. Le formidable engouement qu’il suscita a entraîné avec lui la quête de nouveaux territoires. À l’Europe centrale succède depuis une dizaine d’années le Japon, auquel s’attache la Collection de l’Art brut à Lausanne dans une exposition qui regroupe vingt-quatre créateurs jusque-là inconnus en Europe.
Art brut du Japon, un autre regard, jusqu’au 28 avril, Collection de l’art brut, Lausanne
Art brut japonais II, Halle Saint-Pierre, Paris, jusqu’au 10 mars
Affiche de l'expo, au titre à la fois poétique et évocateur.Le MASI de Lugano, Museo d'arte della Svizzera italiana, né en 2016 de la fusion entre le Museo Cantonale d’Arte et le Museo d’Arte Lugano, présente cet automne une exposition regroupant 90 œuvres de l’artiste belge Magritte issues de musées internationaux et de collections privées. Son titre -La ligne de vie- est une reprise de celui qu’il donna lui-même à une conférence de 1938 à Anvers, l’une des rares occasions où il parla publiquement de son travail. Cette exposition retrace le parcours de l'artiste, de la constance à l’insurrection.
Balthus, 1948 © The Irving Penn FoundationLa Fondation Beyeler à Bâle consacre une exposition rétrospective à Balthasar Kłossowski de Rola (1908–2001), l’artiste fantasque de Rossinière (VD) plus connu sous le nom de Balthus. Il s’agit d’une première présentation exhaustive de son travail en Suisse alémanique, la première exposition de Balthus dans un musée suisse depuis une décennie. Un événement donc pour l’un des artistes majeurs du XXe siècle, l'un des plus singuliers également, pourtant mal connu du grand public. À découvrir jusqu’au 1er janvier 2019.
Alberto Giacometti et Francis Bacon, 1965 Tirage gélatino-argentique © Graham KeenLes photographies de Graham Keen qui figent le souvenir de la rencontre de Francis Bacon et Alberto Giacometti à la Tate Gallery de Londres, en 1965, sont connues. Volontiers reproduites, elles figurent le dialogue de deux monstres sacrés qui avaient fait de l’âme humaine leur territoire charnel, spirituel et surtout artistique. À la Fondation Beyeler, ce sont leurs œuvres qui se côtoient dans une même intensité d’écorché vif.
Bacon - Giacometti
jusqu’au 2 septembre 2018
Fondation Beyeler, Genève
La journaliste Geneviève Nevejan est aussi enseignante à l’École du Louvre. Retrouvez ses articles sur www.choisir.ch, rubrique expositions.
En mars 1918, âgé de soixante-cinq ans, Ferdinand Hodler devient bourgeois d’honneur de Genève, son canton d’adoption. Une reconnaissance qui arrive bien tardivement. Deux mois plus tard, en effet, l’artiste décède. Aujourd’hui, quatre institutions genevoises célèbrent le centenaire de sa disparition et présentent les différentes facettes de son œuvre singulière.
Ferdinand Hodler "Das Jungfraumassiv von Mürren aus", 1911 © Kunstmuseum Bern
Aloïse, sans titre (1948), © Olivier Laffely, Collection de l’Art Brut, LausanneTous les deux ans, la Collection de l’Art brut de Lausanne puise dans son immense fonds de 70'000 pièces pour organiser une exposition autour d’un thème. Cette année: le corps. On y retrouve les œuvres d’Aloïse Corbaz, l’une des plus célèbres figures de l’art brut, et ses luxurieuses princesses aux yeux bleus et au sexe fleuri, hymne à l’amour.
Troisième Biennale de l’Art Brut
Jusqu’au 28 avril 2018
Ce musée précurseur fut voulu par le peintre Jean Dubuffet, artiste et premier collectionneur d’un art en marge. On le sait, Dubuffet a fait don à la Ville de Lausanne des 5000 pièces de sa collection. Un retour aux sources puisque c'est en Suisse, dès 1945, que le peintre rencontrait les artistes et psychiatres éclairés qui permirent l’éclosion de ces œuvres. La Ville accepta alors de créer un musée, qui a pris place en 1976 dans le Château de Beaulieu, à Lausanne.