Avec l’exposition Modernités suisses, le musée d’Orsay propose un «monde à découvrir» selon la formule de Laurence des Cars, présidente des musées d’Orsay et de l’Orangerie et en passe de présider aux destinées du musée du Louvre. Les Parisiens découvrent au travers de quelque soixante-dix œuvres, dont certaines inédites en France et d’autres récemment acquises par l’institution, un chromatisme, une lumière et une créativité loin des clichés.
Ancien ambassadeur de Suisse en Chine et en Corée du Nord, Uli Sigg est sans conteste un pionnier pour avoir collectionné avec un esprit encyclopédique l’art contemporain de Chine et de Corée. L’exposition Au-delà des frontières du Kunstmuseum de Berne s’attache à ce dernier volet dédié aux deux Corées. À l’évidence, il est le plus singulier et le plus audacieux puisque se côtoient artistes nord-coréens et sud-coréens, deux mondes, l’un issu du monde globalisé, l’autre en accord avec la tradition figurative et l’orthodoxie politique.
À découvrir jusqu'au 5 septembre.
La conception de l’exposition lausannoise Et les arbres demain? revient à l’artiste Anne-Lise Saillen qui, afin de célébrer la planète et surtout d’éveiller les consciences, s’entoure du philosophe Dominique Bourg et d’Ernst Zürcher chercheur singulier en chronobiologie, auteur des Arbres, entre visible et invisible. De concert, ils ajoutent à l’arborescence un plaidoyer pour la défense de l’environnement.
Elle s’est imposée sur la scène artistique dès sa première exposition au début des années 1990 par son regard irrévérencieux, pop et glamour. Ses Shopping bags ont jeté les bases de son œuvre, transposant l’univers du luxe, de la mode et de la beauté dans le champ de l’art. Depuis trente ans, la Genevoise Sylvie Fleury explore son identité sociale et culturelle, joue avec les couleurs, les matières et les médiums, glisse du féminin dans les pratiques masculines, en détournant et customisant les objets fétiches pour sonder les désirs et les dérives consuméristes. Retour sur le parcours et l’œuvre polymorphe et fantaisiste de cette plasticienne prolifique qui affiche son goût de l’artifice, pas si artificiel, par son féminisme libre et spirituel, drôle et provocant.
La découverte en 1945 des collections du musée d’ethnographie de Genève (MEG) et la rencontre de son directeur Eugène Pittard bouleversent la vie et l’œuvre de Jean Dubuffet (1901-1985) ainsi que le cours paisible de l’histoire de l’art. L’exposition actuelle Jean Dubuffet un barbare en Europe célèbre tant l’auteur d’une œuvre hors du commun que l’inventeur de l’art brut.
Les collectionneurs sont des gens formidables, ils achètent passionnément et prêtent généreusement le fruit de leurs amours. À tant aimer l’art, les musées leur offrent leurs cimaises, comme le fait le Kunstmuseum de Berne qui accueille une part de l’immense Daros Latinamerica Collection constituée par le Suisse Stephan Schmidheiny. Musée à lui-seul, la collection de l’homme d’affaires déroule le panorama de l’art latino-américain depuis les années cinquante, avec sa diversité certes, mais aussi son identité constituée de pays souvent soumis à des régimes politiques totalitaires. À voir au Kunstmuseum de Berne jusqu’au 21 mars.
À l’heure où beaucoup sont au chevet d’une planète à la dérive, les artistes se tournent de nouveau vers le paysage. C’est ce dernier que célèbre l’exposition Sound of silence - Laissons parler les éléments…, en France voisine, au travers d’une véritable rêverie dédiée à la beauté du monde. Iris Hutegger, Jan Gulfoss et Gilles Lorin en subliment la réalité à la faveur d’un sortilège de techniques à la lisière de la peinture, du dessin et de la photographie.
À voir jusqu'au 30 janvier, du mardi au dimanche, ou sur rendez-vous à la Galerie Daltra de Megève.
Alors qu’on assiste à la montée des nationalistes, l’Europe de l’entre-deux-guerres sème les ferments d’un art libre et foisonnant. La vague mortifère liée à la guerre et aux ravages de la grippe espagnole n’est pas sans résonance avec la crise économique et sanitaire que traverse l’Europe d'aujourd'hui. C’est tout du moins ce que tente de démontrer le Kunsthaus de Zurich, dans une exposition qui souligne la permanence d’un héritage, cela dans tous les domaines de la création. L'exposition conjugue ainsi monde d’avant et monde d’après de l’effervescence des années vingt à Thomas Ruff.
Semer à tout vent, les années folles
jusqu’au 11 octobre, au Kunsthaus Zürich.
Au fond rien ne change en eux, et cela depuis près d’un demi-siècle. Ils demeurent dans la vie et dans l’art fidèles, l’un à l’autre, mais aussi à leur volonté de dire le monde pour le meilleur et pour le pire.
Gilbert & George jusqu’au 18 octobre, Museo Casa Rusca, Locarno
Quand le réel se met en pause pour faire face à la crise sanitaire, le virtuel prend le relais et se pare de ses plus beaux atours pour exposer l’art au plus grand nombre. Zoom sur ce festin numérique proposé par les musées de la Confédération helvétique et d'autres institutions dans le monde entier, en attendant une réouverture annoncée en Suisse pour le 11 mai...
Dès les prémices de 2020, le monde a dû plier face à l’impact dévastateur du Covid-19 et tente, jour après jour, de s’adapter à une situation menacée par la récession. À l'image des grandes institutions muséales qui se repensent et se réorganisent, mettant à profit les avantages de la dématérialisation. Si les expositions virtuelles existent depuis quelques années déjà, on leur porte aujourd’hui un regard bien différent. L’occasion pour le monde de l’art et de la culture de se mobiliser et de redoubler d’ingéniosité pour faciliter l’accès aux catalogues numériques de leurs collections et ainsi permettre à tout un chacun de s’évader et flâner au gré des œuvres, des styles et des époques. Car l’art est partout où l’homme se trouve, même confiné.
"Flutumfangen" (1876) Frank Buchser © Kunstmuseum BernAlors que plane la crainte d’un chaos planétaire, le Kunstmuseum de Berne tente d’illustrer Tout se disloque, un poème écrit en 1919 par William Butler Yeats. Poète irlandais, il n’a eu de cesse d’interroger les maux de la société moderne, au-delà du conflit de la Première Guerre mondiale, de la Révolution russe ou du désarroi politique qui bouleversait son pays d’origine. Le paysage qui se dessine à travers les œuvres exposées des artistes suisses du XIXe siècle met en images le climat d’inquiétude qui régnait alors, et qui n’est pas sans résonance avec nos propres angoisses, cela à près d’un siècle de distance.
Tout se disloque
L’art suisse de Böcklin à Vallotton
Musée des Beaux-arts de Berne
Jusqu’au 20 septembre 2020
On connaît le peintre de la solitude Hopper (1882-1967), le paysagiste demeure méconnu. En choisissant de privilégier cet aspect de son œuvre, la Fondation Beyeler de Riehen (Bâle) ne s’éloigne pas vraiment de ce qui fait l’essence de l’art du peintre américain, sa dimension humaine, qu’il a aussi su insuffler aux paysages.
Edward Hopper
À la Fondation Beyeler
du 26 janvier au 17 mai 2020
www.fondationbeyeler.ch/fr/