Le 22 octobre 2020, l’accord provisoire entre le Vatican et la Chine, signé il y a deux ans, a été prolongé jusqu’en 2022. Tout comme en 2018, le texte précis n'est toujours pas connu du public. Son caractère «provisoire» indique toutefois qu'il s’accompagne encore de prudence et de sagesse. Il vise à éviter de se lancer ces deux prochaines années dans un nouveau pas de danse, le Vatican ayant bien conscience du grand nombre de problèmes qui ont accompagné, des décennies durant, la rupture des relations entre les deux partis.
Le Harpy 2 au Salon du Bourget 2013 © Julian Herzog / WikimediaDes voix s’élèvent en France et en Israël contre la fourniture en masse de drones tueurs au gouvernement chiite de Bakou. Dans une Lettre à un frère rabbin, rendue publique le 12 octobre 2020, l’historien Philippe S. Sukiasyan, diacre de l’Église apostolique arménienne de France, interpelle le rabbin Mickaël Azoulay, de la synagogue de Neuilly-sur-Seine, sur les ventes d’armes israéliennes sophistiquées à l’Azerbaïdjan, qui les utilise contre les Arméniens de l’enclave du Haut-Karabagh. Plus largement, la communauté arménienne en France s’inquiète aussi de l’étrange silence des grandes Églises chrétiennes et des autres communautés religieuses françaises face au drame du Haut-Karabagh.
Les bruits de botte ont repris ce 27 septembre dans le Caucase. Depuis trois décennies, l'Arménie et l'Azerbaïdjan s’affrontent aux confins de l'Europe pour l'enclave du Haut-Karabagh. Deux armées bien équipées se font face, enterrées dans des tranchées creusées par leurs pères et leurs grands-pères. Parfois, elles se heurtent. Au moins 342 soldats et 24 civils ont perdu la vie dans des affrontements depuis cinq ans. La paix peut-elle s’imposer après tant d’années? Le journaliste Harald Maass et le photographe Didier Ruef proposent une plongée poignante dans cette région meurtrie, à l’articulation entre l'Europe et l'Asie, qu'est le Haut-Karabagh. Un pays qui n'existe pas vraiment, et où propagande, formation militaire à l'école et guerre font le quotidien de la population.
Le célèbre magazine jésuite America a attaqué le président américain Donald Trump avec une extrême sévérité et a mis en garde contre sa réélection. L'administration Trump a «sapé l'ordre constitutionnel dans une mesure sans précédent dans l'histoire américaine moderne», ont déclaré les éditorialistes, dont la principale préoccupation n'est pas les positions politiques du président sortant, «certaines fausses et certaines bonnes», mais le «mépris de Trump pour le système de lois et de coutumes du pays qui crée les conditions nécessaires pour le débat, la prise de décision et la responsabilité publique dans cette république». Ils poursuivent en disant que «Trump a sapé l'état de droit en politisant le ministère de la Justice et en intervenant dans ses délibérations et enquêtes de manière sans précédent.»
La crise du coronavirus a donné lieu à des réactions contradictoires. Parmi les points faisant consensus figure la recherche d’un meilleur équilibre entre commerce international et autonomie locale. À force de délocalisations, chaque pays s’est retrouvé bien trop dépendant de producteurs à l’autre bout du monde. L’agriculture est ici un cas d’école.
René Longet, expert en durabilité, est président de la Fédération genevoise de coopération; il a eu une longue carrière politique à Berne et Genève. Engagé dans les questions de biodiversité et d’économie durable, il est l’auteur de plusieurs livres, dont Alimentation, les bons choix (Genève, Jouvence 2013, 159 p.).
La pandémie a remis en cause la survie même de l’Union européenne. Dans une de ses rares interventions, Jacques Delors, ancien président de la Commission âgé aujourd’hui de 94 ans, lançait l’alerte: l’absence de solidarité parmi ses membres fait courir à l’Europe «un danger mortel».[1] Depuis, les choses ont clairement bougé. Le grand dialogue peut commencer.
Martin Maier sj est secrétaire des affaires européennes du Centre social jésuite européen; il enseigne à l’Université jésuite José Simeón Cañas (Central American University) de San Salvador, où il a œuvré quelques années en tant que prêtre d’une communauté rurale. Il a dirigé par le passé le Centre européen jésuite de formation à Munich et a été rédacteur en chef de Stimmen der Zeit, la revue culturelle jésuite allemande.
[1] Le manque de solidarité, «danger mortel» pour l’Europe, selon Jacques Delors, in https://institutdelors.eu/, 28 mars 2020.
Un enfant joue au pied des montagnes caucasiennes @ Giacomo SiniLa vallée de Pankissi est une région du nord-est de la Géorgie, frontalière avec la Tchétchénie. Dans cette vallée vit un groupe ethnique -les Kistes- aux racines tchétchènes. Ces derniers pratiquent un islam sunnite d'obédience soufie. Chaque vendredi, une fraternité soufie célèbre une cérémonie ancestrale dans la mosquée du village de Duisi. Aux côtés des Kistes vit une autre communauté de réfugiés tchétchènes rescapés des conflits russo-tchétchène de la fin du siècle dernier. Le photographe italien indépendant Giacomo Sini est parti à leur rencontre. Reportage.
Le site polonais AtlasNienawisci.pl (Atlas de la haine) a indiqué qu’en janvier 2020, 31% des habitants du pays vivaient dans des zones déclarées Libres de l’idéologie LGBT. Une animosité anti-homosexuelle en expansion, qui est soutenue par une partie de l’Église polonaise.
À côté du panneau signalant l’entrée sur la commune de Niedrzwica Duza, une petite ville de l’est de la Pologne, un panneau Strefna wolna od LGBT (zone libre d’idéologie LGBT) a été fixé. Un homme pose fièrement à côté. Des dizaines d’autres exemples peuvent être trouvés sur Internet, de citoyens polonais ayant affiché de tels photos sur les réseaux sociaux. Ces personnes composent le gros des troupes de la «croisade» menée en Pologne contre les milieux LGBTQI+. Le slogan «zone libre d’idéologie LGBT» agit un peu comme leur bannière. Il a été lancé en juillet 2019 par le quotidien conservateur Gazeta polska, qui est allé jusqu’à distribuer des autocollants reproduisant le slogan et arborant un drapeau arc-en-ciel barré.
Depuis quelques années, les gouvernements de plusieurs pays d’Europe centrale s’en prennent à la démocratie libérale, proposant de reconstruire la communauté nationale selon des principes illibéraux. Cette guerre contre le libéralisme trouve en partie sa source dans les peurs pour l’existence de la nation.
Roman Krakovsky, Genève, chargé de cours, Global Studies Institute, Université de Genève; il est un historien, spécialiste de l’Europe centrale et orientale. Il a consacré de nombreux ouvrages à cette région, dont Le Populisme en Europe centrale et orientale. Un avertissement pour le monde? (Paris, Fayard 2019, 342 p.).
Une vague de contestation secoue l’Amérique latine depuis l’automne passé: Équateur, Chili, Argentine, Bolivie… Partout est dénoncée la corruption des gouvernements. Au Venezuela, où la crise sociopolitique et humanitaire remonte à 2014 déjà, l’Église s’est positionnée dès le début du côté des opposants. Cette nouvelle forme d’ingérence politique a trouvé son nom: la neutralité positive. Les explications d’un expert épiscopal.
Rafael Luciani est professeur de l’Université catholique Andrés Bello, à Caracas (Venezuela). Il enseigne aussi à l’École de théologie et ministère du Boston College. Il est membre de l’équipe théologique pastorale du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM).
Photographe italien indépendant, Giacomo Sini suit la situation des Kurdes du nord de la Syrie depuis 2012, date du retrait de Damas de la région. Il s’est rendu plusieurs fois sur place, tant du côté turque que du côté syrien; il s’est attaché à ce peuple et à sa cause. Dans le reportage photo ci-dessous, il témoigne avec émotion des sept dernières années de lutte kurde. Pour comprendre son cheminement, un bref rappel préalable des récents événements reste nécessaire.