La tentative de coup d’État en Turquie, dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, n’a pas eu que des conséquences internes au pays mais a aussi été à l’origine d’importants développements sur le plan régional et international. Parmi ces développements, il faut relever un rapprochement turco-russo-iranien qui, s’il se prolonge, ne manquera pas d’avoir des conséquences pour le Moyen-Orient en général et pour la crise syrienne plus particulièrement. En effet, ces trois acteurs sont impliqués depuis des années dans cette crise, tout en poursuivant des objectifs différents. Décryptage.
La troisième révolution du travail est lancée. Rêver encore de plein emploi, c’est se leurrer. D’autres organisations sociales doivent être imaginées, pour une meilleure redistribution des gains en temps et en argent. En gardant à l’esprit cet adage chrétien : le travail est pour l’homme et non l’homme pour le travail.[1]
Au-delà des traits paradoxaux sur le travail que nous ont légués les Evangiles (l’ouvrier de la onzième heure, le père prodigue, l’intendant malhonnête) et les propos assez catégoriques de saint Paul (« que celui qui ne travaille pas n’ait pas à manger » ou « j’ai travaillé de mes mains pour n’être à charge de personne »), la tradition théologique chrétienne n’a guère élaboré de réflexion systématique sur le travail, ni en Orient ni en Occident. Il faudra attendre le XIXe siècle et une définition du travail comme activité rémunérée dans la sphère publique, pour qu’une réflexion sociologique, philosophique et politique se développe.
Qui l’eut cru ? L’ANC, le parti de Nelson Mandela, est en perte de vitesse. Aux récentes élections municipales, elle a perdu deux grandes villes Prétoria et Port Elisabeth, le Cap étant déjà le fief de la Democratic Alliance (DA), soit de l’opposition. Mais on s’y attendait : Jacob Zuma, que la DA avait appelé « le cancer de la politique sud-africaine », est de plus en plus contesté à cause de ses démêlés avec la justice : viol, corruption (notamment avec la famille indienne Gupta), refus de payer les frais de sa somptueuse villa sécuritaire à Nkanda (20 millions d’euros). Le 5 avril dernier, le Parlement l’avait sauvé de justesse de la destitution réclamée par l’opposition.
Ce Zoulu (fief Durban) né en 1942, analphabète jusqu’à 17 ans – il avait appris à lire à Robben Island, la célèbre prison de Mandela-, n’est plus à la hauteur de la complexité des problèmes politiques, sociaux et économiques de l’Afrique du Sud. Sorte de Trump qui se croit tout permis parce qu’il est le chef de la tribu, il ne convainc plus la classe moyenne bien éduquée, multiraciale et démocrate. Mais ce n’est pas là le seul facteur de cette défaite retentissante de l’ANC, qui n’engrange plus que 54 % des voix alors qu’elle avait la majorité absolue il y a 20 ans. Il y a encore le taux de croissance du pays, évalué à 0 % en 2016, et le taux du chômage (26 %).
L’opposition DA est bien structurée et implantée partout. Par son caractère multiracial, elle rappelle l’opposition DTA en Namibie qui, en 1975 déjà, avait fait le choix de ne pas être liée à une ethnie et encore moins à une religion. Mais Jacob Zuma, par son incapacité à résoudre les problèmes, a provoqué en outre la naissance d’une gauche radicale, celle du trublion Julius Malema, 35 ans, exlu de l’ANC, et qui a pris la tête de l’EFF (Combattants pour la liberté économique) qui représente 6 % de la population, en particuliers des jeunes, et qui a 25 députés au Parlement. Il y a quelques mois il avait menacé de prendre les armes... Les derniers résultats de l’ANC sont une sérieuse mise en garde et un appel à se débarrasser de Jacob Zuma et de certains de ses collaborateurs corrompus.
Cinq ans après la « révolution de jasmin », la démocratie tunisienne reste fragile, chancellant sous les coups du terrorisme djihadiste. La remise officielle, le 10 décembre 2015, du prix Nobel de la paix au Quartet - quatre organisations de la société civile tunisienne - constitue un motif d’espoir pour le jeune pays. Le comité Nobel récompense notamment le dialogue qui a eu lieu entre les organisations laïques et le mouvement issu de l’islam politique. Une première dans le monde arabe.
«Prendre ses responsabilités - renforcer la justice»[1] : c’est sous ce titre qu’a été lancée la Campagne œcuménique de carême 2016 des œuvres d’entraide suisses[2], axée sur les violations des droits humains et les atteintes à l’environnement liées au commerce mondial. Action phare en Suisse, l’initiative «Pour des multinationales responsables»[3].
Conditions de travail déplorables dans des usines textiles en Asie, travail des enfants dans la production de cacao en Afrique de l’Ouest, pollution de l’eau en République démocratique du Congo : dans de nombreux pays, des sociétés suisses sont impliquées dans des cas de violation des droits humains ou de pollution massive de l’environnement.
Bien que ces affaires fassent régulièrement les gros titres, le gouvernement et le parlement suisses ont, jusqu’à présent, refusé d’agir : ils préfèrent demander aux entreprises d’assumer de manière « volontaire » leur responsabilité sociale et environnementale. Pourtant la Suisse a un rôle important à jouer, car elle abrite de nombreuses multinationales. Le Conseil fédéral l’a d’ailleurs reconnu : le secteur des matières premières (les négociants et les entreprises minières qui ont leur siège dans notre pays), en plein essor en Suisse, présente un « risque de réputation » pour notre pays, qui compte désormais parmi les plus grandes places de négoce au niveau mondial.
Depuis plus de dix ans, le drone surveille et tue. L’armée américaine y a recours régulièrement, éliminant leaders et militants dits terroristes en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen, en Somalie. L’usage de l’arme s’étend à d’autres nations, et son marché est en plein essor. Or l’usage de drones de guerre est controversé au regard du droit international et soulève d’épineuses questions éthiques.
En Turquie, la présence voisine de Daech, la politique peu claire du président Erdoğan à son égard ainsi que le déclin de l’Etat de droit minent le dialogue entre le gouvernement et les Kurdes autonomistes. Le conflit armé sur le sol turc a repris ses droits.
Si ce sont bien dans les enjeux économiques et diplomatiques que l’on trouve les racines du soutien de l’Occident à l’Arabie saoudite (pays à l’islam des plus intransigeants), c’est par contre sous l’angle doctrinal et historique que doit se comprendre d’abord le positionnement saoudien. Les manoeuvres théologico-politiques du royaume se sont révélées payantes, mais l’arrivée de Daech fait vaciller son assurance.
Le refus affiché par la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie d’accueillir des réfugiés d’autres continents a choqué l’Occident. Et démontré, si c’était encore nécessaire, l’existence d’un fossé culturel entre l’Est et l’Ouest. Une différence de fond qui s’explique par l’histoire.[1]
On aurait pensé que les quatre nouveaux membres de l’Union européenne en Europe centrale (la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie) avaient toutes les raisons pour accueillir les réfugiés qui frappent à leur porte. Nombreux sont ceux qui se souviennent qu’après l’insurrection hongroise de 1956, le monde a reçu 200 000 réfugiés, soit 2 % de la population du pays ; le même nombre de Tchécoslovaques a fui après l’écrasement du Printemps de Prague en 1968 ; et 250 000 Polonais ont trouvé refuge à l’Ouest après la proclamation de la loi martiale en 1981, qui a mis fin à l’expérience de la fédération de syndicats Solidarność (solidarité en polonais). Et pourtant ces pays se renferment face aux nouveaux malheureux issus d’Asie et d’Afrique, au point d’ériger des murs et des barbelés, à l’instar de ceux qu’ils ont eux-mêmes connus dans le passé et qu’ils ont défait en signe joyeux d’une nouvelle époque, celle où ils ont pu rejoindre l’Europe.
Les cliniques clandestines pour combattants djihadistes blessés du front syrien sont nombreuses en Turquie. Si elles ne sont pas officiellement reconnues par le gouvernement turc, elles travaillent la main dans la main avec les hôpitaux du pays. Ce travail médical et humanitaire sert aussi de couverture au trafic d’armes. Un reportage édifiant.
Une flopée d’hommes discute à voix basse devant l’entrée d’un garage d’un banal immeuble gris à trois étages. Ce ne sont pas des mécaniciens. De longues barbes mangent leurs visages durs et méfiants, marqués de cicatrices. Certains sont mutilés, d’autres sont assis sur des fauteuils roulants. Nous sommes dans une clinique clandestine de combattants djihadistes, à Reyhanli, dans la province turque d’Hatay, près de la frontière syrienne. Les factions rebelles islamistes de Syrie y envoient leurs blessés se faire soigner avant de les réexpédier au front.
Une nouvelle ère s’ouvrirait pour l’Iran. Le 16 janvier, l’Agence internationale de l’énergie atomique a levé les sanctions internationales contre la République islamique ; et le 26 février, les élections parlementaires ont confirmé la popularité du président Rohani, un modéré. Décryptage avec Mohammad-Reza Djalili, spécialiste de l’Iran, professeur émérite à l’Institut de hautes études internationales et du développement.
Lucienne Bittar : Les élections parlementaires sont présentées comme une victoire pour le président Rohani et ses alliés. (1) Qu’en pensez-vous ?
Mohammad-Reza Djalili : «Il faut relativiser l’importance de ces élections, car avant d’être une élection, elles sont une sélection. Tous les candidats ont dû être acceptés par le Conseil des gardiens, dont la moitié des douze membres sont directement nommés par le Guide suprême, et les autres indirectement, puisqu’ils le sont par le responsable du système judiciaire, lui-même nommé par le Guide. Le véritable chef d’Etat reste le Guide Ali Khamenei.
Malgré la percée aux dernières élections législatives en Iran des candidats réformateurs et modérés du camp favorable au président Hassan Rohani, la situation des chrétiens dans cette République islamique “n’est pas une sinécure”, estime Mgr Ramzi Garmou. En Suisse à l’invitation de l’œuvre d’entraide catholique “Aide à l’Eglise en Détresse” (AED), l’archevêque chaldéen catholique de Téhéran a apporté son témoignage, samedi 30 avril 2016, dans la paroisse catholique de langue française de Berne et environs.
Visiteur apostolique pour les fidèles de rite chaldéen résidant en Europe, archevêque de Téhéran depuis 1999, Mgr Garmou est né il y a 71 ans à Zakho, ville du Kurdistan irakien près de la frontière turque. Président de la Conférence épiscopale catholique iranienne, de nationalité irakienne, il vit en Iran depuis près de quatre décennies. Ses permis de séjour et de travail doivent être renouvelés chaque année et il ne doit s’adresser qu’aux chrétiens pour ne pas encourir le reproche de faire du prosélytisme auprès des musulmans, “ce qui est strictement interdit !” Les églises sont ouvertes pour le culte, pour la catéchèse, l’enseignement, les conférences. “Mais tout doit se passer à l’intérieur des édifices reconnus par le régime. Pas question d’avoir des activités religieuses à l’extérieur, car il est interdit de proclamer l’Evangile dans l’espace public”.