Pendant bien longtemps, une «fausse vérité» a circulé: il n’y aurait pas, dans la Bible, de notion de personne. Celle-ci serait la grande invention de la culture gréco-latine et aurait trouvé son achèvement dans la pensée occidentale - médiévale et moderne. Or, et de bien des manières, la Bible médite sur la réalité de la personne, qu’elle soit divine ou humaine.
Philippe Lefebvre enseigne l’Ancien Testament à l’Université de Fribourg et dirige la collection Lectio divina aux éditions du Cerf. Il a été nommé pour cinq ans, en janvier 2021, membre de la Commission biblique pontificale.
Abus spirituels, sexuels, de pouvoir ou de conscience: ce sont ces sombres réalités observées dans des communautés de femmes consacrées que le journaliste italien Salvatore Cernuzio, de Vatican News, a choisi de raconter. Dans Le voile du silence. Abus, violence, frustrations dans la vie religieuse des femmes, publié le 23 novembre 2021, il donne la parole à onze religieuses, originaires du monde entier et de diverses congrégations, qui ont été abusées pendant leur parcours de foi. Plusieurs d’entre elles ont choisi de renoncer à la vie en communauté. Le vaticaniste raconte ici à l’agence I.MEDIA ce qu’il a appris en levant «le voile du silence».
Vaste entreprise de vérité, le rapport Sauvé a permis de montrer l’ampleur des abus sexuels commis dans l’Église, souligne Jean-Pascal Gay, professeur d’Histoire du christianisme à l'Université catholique de Louvain, en Belgique. Mais il fait également quelques impasses, en évacuant les abus spirituels qui ont permis les crimes sexuels, et la possibilité de «complicités plus graves des évêques», explique-t-il dans un article récemment publié (1).
Le 14 novembre 1980, le Père Pedro Arrupe sj, supérieur général de la Compagnie de Jésus, fondait le Service jésuite des réfugiés (JRS): 40 ans plus tard, cette organisation est plus active que jamais sur le terrain. Et pour cause. L'année 2021 affiche un nouveau record mondial de personnes déplacées de force: 84,6 millions, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Tout le monde a en tête ces images d'exilés repoussés de manière forte devant des murs de barbelés, des situations anxiogènes qui créent selon en chacun de nous des sentiments de pitié, de colère, de peur ou d'impuissance. Face à cette réalité inquiétante, qui remet en cause nos principes humanitaires, Tom Smolich sj, directeur international du JRS, nous appelle à pondérer nos peurs par la raison, dans cet article publié le 27 septembre 2021, 107e Journée mondiale du migrant et du réfugié dans l’Église.
Le processus synodal engagé dans l’Église universelle pose de nombreuses questions. Comment la démarche est-elle accueillie en Suisse? Quelles sont les attentes et les enjeux? Entretien avec François-Xavier Amherdt, professeur de théologie pastorale à l’Université de Fribourg, qui décrypte la situation.
Le pape François a lancé le 9 octobre 2021 un processus synodal mondial afin de préparer, avec tous les membres de l’Église, le Synode sur la synodalité prévu en octobre 2023. Comment faire pour que ce travail en amont n’aboutisse pas sur une simple production de nouveaux documents, mais permette à chacun d’être vraiment entendu par l'institution, et suscite l’envie de rêver à nouveau l’Église et de s’y engager en vue d’une mission commune? Pour le cardinal jésuite Michael Czerny, le Synode sur l’Amazonie peut être considéré comme «un banc d’essai majeur» sur cette voie. Invité par le Forum «Fribourg Église dans le monde», il a présenté sa vision du visage d’une Église «franciscaine» après le Synode sur l’Amazonie.
La remise du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) le 5 octobre a fait l’effet d’une bombe. Cette déflagration de vérité devra s'accompagner de changements profonds dans l’Église si on ne veut pas qu'elle se retrouve réduite à portion congrue. Le lancement par le pape du «synode sur la synodalité» tombe à pic, offrant à chacun l'opportunité de faire entendre sa voix et ses propositions de réforme. François Euvé sj, directeur de Études, dresse le bilan de ce désastre.
Un séisme. C’est au tour de l’Église de France d’être frappée et déchirée par les questions d’abus sexuels commis en son sein. Les révélations du rapport de la Ciase, rendu public le 5 octobre 2021, sont accablantes. La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église a placé les victimes au cœur de ses travaux, car ce sont elles qui détiennent le meilleur «savoir» sur ce type de violences. Dans son numéro d’octobre 2021, la revue Études donne la parole à l’une d'entre elles, le jésuite Patrick C. Goujon. Dans cette relecture saisissante où s’éclairent les mécanismes du déni et de la perversion, s’ouvre une voie de réconciliation entre l’enfant, l’adulte et le religieux qu’il est devenu.
Astrid Kaptijn, professeure de droit canon à l’Université de Fribourg, est l’une des membres de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), qui a rendu un rapport explosif ce 5 octobre 2021. La canoniste fait part de son expérience et de ses réflexions pour une Église appelée à tirer les conséquences de son passé.Trois mille prêtres agresseurs, 330’000 victimes estimées… l’Église de France découvre abasourdie l’ampleur des dégâts. Coup de massue ou électrochoc salutaire? Suite à la publication du rapport Sauvé, c’est la seconde réaction qu’Astrid Kaptijn appelle de ses vœux.
Le jésuite français Bernard Sesboüé est décédé mercredi 22 septembre à l’âge de 92 ans. Théologien réputé, spécialiste de christologie et à l’ecclésiologie, il a enseigné durant 30 ans à la Faculté de théologie du Centre Sèvres et a écrit, jusqu’au bout, un nombre impressionnant d’ouvrages et d’articles. Son dernier ouvrage sur l’eucharistie date même de 2020. Car transmettre, écrire n’étaient pas pour lui de simples exercices académiques. Toute sa vie a été sous-tendue par une grande soif de dialogue et de partage des connaissances.
Prouver sa puissance en se passant de Dieu, quitte à nier son existence, telle est la grande tentation de l’Occident. Mais «Dieu» s’oublie-t-il si facilement, lui qui dépasse l’homme? La perte du sens de Dieu interroge celle du sens de l’homme. C’est ce que Karl Rahner et Paul Ricoeur ont développé avec une lucidité prophétique.
Dieu disparaît de plus en plus dans notre monde occidental. Cela est très sensible aux personnes du troisième âge qui regardent la manière dont vivent leurs enfants et petits-enfants. La dimension religieuse de l’existence a accompagné leur enfance, leur jeunesse et leur âge adulte. Elles ont élevé leurs enfants en favorisant leur éveil à la foi. Or elles constatent que nombre de ceux-ci une fois adultes ont «tout envoyé promener»
Le vin n’est pas reconnu comme un aliment de première nécessité. Le mettre au rang des substances nourricières fondamentales serait d’ailleurs mal servir son prestige. En France -sa terre de prédilection- de grands poètes l’ont célébré[1] et Roland Barthes l’a consacré «boisson-totem».[2] Mais même dans la patrie des irréductibles, personne n’égala les Anciens dans le culte qu’ils lui rendirent.