Quand nous avons emménagé, j’ai planqué mes angoisses. Puis j’ai cru aimer ça. M’entourer de pierres et de ciment pour ne plus avoir à faire mes preuves. Un nombre de pièces à la hauteur de mes ambitions, une décoration intérieure digne de ma sensibilité et un potager pour convaincre les derniers sceptiques de mon harmonie intérieure.
Plus besoin d’exister quand on a un chez-soi.
Une sorte de régression fœtale.
Blaise Hofmann a travaillé comme aide-infirmier, animateur, berger, enseignant et journaliste. Auteur de récits de voyage et de romans (dernier en date, Les mystères de l’eau, Genève, La joie de lire 2018, 130 p.), il est l’un des deux librettistes de la Fête des Vignerons de 2019 à Vevey.
«J’ai besoin d’écrire une nouvelle page de ma vie.» Et bien, c’est chose faite, au propre et au figuré. Quelques semaines à peine après avoir quitté le conseil fédéral, Didier Burkhalter signait Enfance de terre[1], un recueil d’histoires de vies d’enfants de par le monde, inspirées des rencontres qu’il avait vécues en tant que ministre des Affaires étrangères. Huit mois plus tard, il publiait son troisième livre Mer porteuse,[2] une allégorie poétique qui habite le récit d’un bout à l’autre. L’écriture de Didier Burkhalter se fait dans ce roman prolifique en images. Rythmée en flux et reflux constants, elle mène le lecteur des deux côtés de l’Atlantique, sur ces vagues qui portèrent les migrants et leurs espérances en une vie meilleure, à la fin du XIXe siècle, des côtes européennes vers celles de l’Amérique du Nord.
Président de la Confédération suisse en 2014, le neuchâtelois Didier Burkhalter a consacré la plus grande partie de sa vie professionnelle à la politique au sein du PLR, au niveau communal, cantonal, puis fédéral de 2009 à 2017. Il a assumé en 2014 la fonction de président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
Elle savait bien sûr que dans moins d’un mois, 28 jours exactement, elle aurait atteint l’âge fatidique de la retraite - 64 ans maintenant, comme pour toutes les femmes travaillant à Genève. Elle se réjouissait de ce temps qui s’étendait à perte de vue devant elle, comme une plaine légèrement caressée par un vent venu du sud.
Danielle Meynet, Genève, Ecrivain
Près de 500 manuscrits d’auteurs de langue française sont conservés à la Fondation Martin Bodmer de Genève. Jusqu’à présent, ils demeuraient inaccessibles au grand public et aux chercheurs. Numérisés par le Bodmer Lab de l’Université de Genève (UNIGE), ils font aujourd’hui l’objet d’un vaste travail de recherche auquel plus de cinquante étudiants bénévoles ont participé au cours des deux dernières années. Ce travail a pour ambition d’analyser chaque document dans son processus de création, de le situer dans son contexte et d’accéder ainsi à une dimension supplémentaire de lecture.
Peut-on apprendre à devenir écrivain ? C’est la question que soulèvent les formations à la création littéraire, encore rares dans le milieu francophone. En Suisse, l’Institut littéraire de Bienne existe depuis douze ans et dispense un bachelor en écriture littéraire; pour le master, que j’ai suivi, c’est à la Haute école d’art de Berne que l’on s’adresse. Alors, écrire, ça s’apprend ou pas?
À la suite de son master à la Haute école d’art de Berne, Céline Zufferey a réalisé l’an passé un de ses rêves : publier chez Gallimard. Sauver les meubles est le premier roman de la jeune valaisanne.
Le mot y est, le spectacle aussi. Mais comme le Canada Dry qui a le goût de l’alcool sans être de l’alcool, l’apocalypse dans le neuvième art a un goût d’apocalypse sans en être. Exit l’espérance cachée dans le terme.
Étienne Perrot sj, Lyon, économiste, professeur émérite à l’Université catholique de Paris
Est-ce ta première fin de millénaire ? demandait Hubert-Félix Thiefaine en 1993, une époque où on regardait l’An 2000 comme une date aussi extraordinaire qu’inquiétante. Et vous qui lisez ces lignes, est-ce votre première apocalypse?
Eugène Meiltz, de son nom de baptême, est un écrivain vaudois, parolier et animateur d’ateliers d’écriture.
«Les cycles de gel-dégel sont connus pour endommager les pierres, mais les mécanismes de dégradation ne pas admis de façon irréfutable.»
Charlotte Walbert, Université de Cergy-Pontoise, mai 2015
Lorsqu’il gèle à «pierre fendre», il arrive parfois, mais c’est très rare, que les pierres émettent un petit cri lorsqu’elles se brisent ou s’effritent, comme une sorte de plainte ou de grincement.
Tertullien, ce Père de l’Église carthaginoise, disait que ce que le serpent a dit à Eve, Eve aurait dû le garder dans le fond de son cœur et le taire à son époux, comme Marie a gardé dans le fond de son cœur le secret que l’archange Gabriel lui avait confié. Un homme qui se tait est comme un dieu. Il n’a même plus besoin de se cacher. La chasteté est le silence de la chair. Ce n’est même pas un refus. La femme chaste ne se refuse pas. Elle est ailleurs. Elle s’est donnée à autre chose. Elle est consacrée. Elle est à part. Elle sert à d’autres fins.
Des nouvelles manières de dire Dieu
Dans le numéro de novembre 2015 de The Atlantic, un article de Grayson Clary porte ce titre provocateur: «Pourquoi tant de catholiques dans la science-fiction?» En fait, tant la science que la science-fiction peuvent être une source de joie intense, et même de joie spirituelle, ce qui s’accorde avec l’un des principes fondamentaux de la spiritualité jésuite: «Trouver Dieu en toutes choses.»
L’anecdote raconte que Zeuxis (peintre grec né en 464 av. J.-C.) avait peint des raisins sur lesquels s’étaient jetés des oiseaux, trompés par l’exécution parfaite. Un récit parmi d’autres qui indique que la peinture a longtemps cherché à représenter son modèle le plus fidèlement possible. L’art consistait à magnifier la beauté et la grandeur de son sujet, comme le démontre l’époustouflante fresque en trompe-l’œil qui orne le plafond de la nef de l’Église Saint-Ignace de Loyola à Rome (p. 37). Elle fut réalisée en 1685 par le peintre jésuite Andrea Pozzo, qui mit ainsi en pratique ses théories sur la perspective. Elle représente saint Ignace accueilli par le Christ et la Vierge Marie.
«L’essentiel est invisible pour les yeux», dit le poète, comme la beauté divine dont parle Augustin: «Tu étais au-dedans; et moi au dehors; et c’est là que je te cherchais.» Tout le rapport de l’invisible et du visible se coule dans la relation entre l’intérieur, non maîtrisable, la source de ce que je suis, et l’extérieur que je peux voir, toucher. Cet invisible intérieur, c’est l’âme, disent les théologiens. Le curieux que je suis s'en trouve interpellé.
Étienne Perrot sj axe ses recherches sur la dimension sociale de l’argent, la gestion du risque et le discernement dans la vie professionnelle. Il a abordé ces thèmes dans de nombreux ouvrages, dont Exercices spirituels pour managers (Paris, Desclée de Brouwer 2014).