D’origine franco-coréenne, Elisa Shua Dusapin vit en Suisse depuis 1995. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires pour son premier roman, Hiver à Sokcho (Zoé, 2016). Dans Les billes du Pachinko (recension, p. 79.), pour lequel elle a reçu le Prix suisse de littérature, elle poursuit son exploration des questions identitaires. Elle a aussi écrit des contes musicaux pour enfants.
Des chants jaillissent des enfants à mes côtés, emplissent l’étendue rocailleuse du Zanskar, s’élèvent si haut que le vent les emporte au-delà des montagnes jusque dans les vallées du Ladakh. Ce matin, le jeune professeur a donné sa première leçon à douze filles et neuf garçons de cinq à seize ans.
Khalil Gibran, Simone Weil, Ramuz, Mauriac, J.-P. Monnier et André Durussel.Choisir vous propose en marge de son édition 690, qui porte notamment sur la notion du "chez soi", un extrait remanié de Vives clartés d'André Durussel (à paraître en 2019). Le poète et essayiste vaudois évoque ici la vision de l'enracinement de différentes figures de la littérature, avant de donner la sienne à travers le récit de trois maisons qui ont contribué à forger son identité d'homme et d'auteur romand. Un texte qui nous mène de La Vallée de Joux à Tolochenaz, en passant par La Rippe. Un pays de Vaud au siècle dernier qu'il dépeint avec tendresse.
Première page du manuscrit autographe d’À la recherche du temps perdu de Proust, avec la reprise de la célèbre première phrase du roman. © Bodmer Lab Près de 500 manuscrits d’auteurs de langue française sont conservés à la Fondation Martin Bodmer de Genève. Jusqu’à présent, ils demeuraient inaccessibles au grand public et aux chercheurs. Numérisés par le Bodmer Lab de l’Université de Genève (UNIGE), ils font aujourd’hui l’objet d’un vaste travail de recherche auquel plus de cinquante étudiants bénévoles ont participé au cours des deux dernières années. Ce travail a pour ambition d’analyser chaque document dans son processus de création, de le situer dans son contexte et d’accéder ainsi à une dimension supplémentaire de lecture.
«Les cycles de gel-dégel sont connus pour endommager les pierres, mais les mécanismes de dégradation ne pas admis de façon irréfutable.»
Charlotte Walbert, Université de Cergy-Pontoise, mai 2015
Lorsqu’il gèle à «pierre fendre», il arrive parfois, mais c’est très rare, que les pierres émettent un petit cri lorsqu’elles se brisent ou s’effritent, comme une sorte de plainte ou de grincement.
P. della Francesca, Vierge de la miséricordeTertullien, ce Père de l’Église carthaginoise, disait que ce que le serpent a dit à Eve, Eve aurait dû le garder dans le fond de son cœur et le taire à son époux, comme Marie a gardé dans le fond de son cœur le secret que l’archange Gabriel lui avait confié. Un homme qui se tait est comme un dieu. Il n’a même plus besoin de se cacher. La chasteté est le silence de la chair. Ce n’est même pas un refus. La femme chaste ne se refuse pas. Elle est ailleurs. Elle s’est donnée à autre chose. Elle est consacrée. Elle est à part. Elle sert à d’autres fins.
Des nouvelles manières de dire Dieu
Dans le numéro de novembre 2015 de The Atlantic, un article de Grayson Clary porte ce titre provocateur: «Pourquoi tant de catholiques dans la science-fiction?» En fait, tant la science que la science-fiction peuvent être une source de joie intense, et même de joie spirituelle, ce qui s’accorde avec l’un des principes fondamentaux de la spiritualité jésuite: «Trouver Dieu en toutes choses.»
Adam qui, nous dit l’Ecriture, était jardinier de son état, eut deux fils: Abel qui gardait les moutons et Caïn qui labourait la terre. Le sacrifice que Caïn offrit au Seigneur déplut à Dieu sans que l’on sache pourquoi. Tous les dieux sont capricieux et celui de la Bible ne fait pas exception. Après la faute de ses parents et le meurtre de son frère, Caïn dut donc travailler la terre à la sueur de son front. C’est de ce malheureux proscrit que descend l’infortunée race humaine. L’homme fut donc dès l’origine laboureur et berger. Il débroussaillait la forêt et apprivoisait les bêtes que le Seigneur avait créées fières et sauvages, comme le tigre de William Blake et du douanier Rousseau qui broie la gazelle dans ses puissantes mâchoires avant de la dévorer.
La revue choisir a donné carte blanche au jeune écrivain vaudois Florian Sägesser, auteur de Point de suture (Olivier Morattel Editeur), livre sélectionné pour le Prix littéraire SPG qui récompense la première œuvre littéraire d’un auteur romand, écrite en langue française et éditée par une maison d’édition suisse romande parue entre le 1er février de l'année écoulée et le 31 janvier de l’année en cours. Il sera remis lors du 33e Salon du livre et de la presse de Genève qui se tiendra du 26 au 30 avril prochain.
“ Mon café me brûle. Matin de cendres. Je me consume, ne subsiste que l'amertume. Le goût des regrets. Je repense à la veille, puis à l'avant-veille, puis à avant-avant-hier. Je pense à aujourd'hui, le chant de la monotonie, les notes de la mélancolie. J'imagine demain. J'esquisse après-demain, mon jour de congé, je pourrais faire une grasse matinée – suis-je encore capable de faire une grasse matinée?
La nuit, temps des rêves, de l'attente, mais aussi des peurs. Pour son premier numéro de l'année, choisir vous invite à pénétrer dans cet univers. Et à démarrer l'aventure avec ce conte, offert à nos lectrices et lecteurs par Marie-Luce Dayer.
Maya se trouvait laide, sans charme, ignorante, sans valeur. Personne, selon elle, ne lui témoignait une admiration quelconque et dans sa famille, elle était persuadée d’être le mouton noir. Dans le champ de ses amies, il y en avait bien une ou deux qui étaient sympathiques, mais elles avaient toutes des intérêts qui ne la branchaient pas. Elle avait seize ans et ne savait pas que faire de sa vie ! Un professeur de langues lui conseilla de partir étudier une langue étrangère. Ça pourrait toujours lui servir. Elle se laissa conseiller et accepta un poste de jeune fille au pair dans un pays nordique.
Quittant famille et amis, elle prit la direction du Nord. Elle ne savait pas que celui-ci est le lieu de toutes les patiences, de toutes les germinations, mais elle l’apprit peu à peu.
Des goûts et des couleurs en littérature, de leur bien-fondé ou de l’inanité ou de l’inutilité des jugements littéraires. Sur quel critère sont-ils fondés? Le goût change, l’homme aussi. Ce que l’on aimait hier, l’aimera-t-on aujourd’hui ? Relit-on ce qu’on a aimé enfant? Finit-on toujours les lectures commencées? Se souvient-on même de ce que l’on a lu? Où finit le bavardage? Où commence la littérature L’enfant distingue-t-il entre la grande et la moins grande littérature? Ces distinctions ne sont-elles pas le fait d’adultes rassis, de dégustateurs un peu blasés qui n’ont plus grand appétit.
Le poète John Keats disait: «Ce qui choque et scandalise le vertueux philosophe comble d’aise le poète-caméléon.» On peut se demander si le courant moderniste ou post-moderniste de la philosophie occidentale n’a pas fait sienne, en la prenant dogmatiquement au sérieux, l’assertion d’un poète qui n’était lui-même, comme il le dit, qu’un caméléon. Car il s’agit bien là d’une contestation radicale de l’esprit de sérieux, de fixité et de certitude, par des philosophes qui se posent comme des antiphilosophes, des contre-philosophes, sans pour autant être des poètes. Des poètes de la philosophie.
Le Nid est un récit inédit écrit pour notre revue. Hyperréalisme et imaginaire se côtoient dans les romans et nouvelles de Marie-Jeanne Urech. Dernier en date, Malax (Vevey, Hélice Hélas 2016, 112 p.), un polar noir, à l’humour absurde.