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Lettres

jeudi, 16 septembre 2021 20:05

Vivre ou mourir

Nous sommes le 28 juin 1914, cela fait la une des journaux: l’archiduc François-Ferdinand vient d’être assassiné en pleine rue. À la maison, la nouvelle a très peu ébranlé mes parents. Pour eux, ce qui compte avant tout, ce sont les moissons qui vont bientôt arriver. Nous continuons à vivre normalement, bercés par notre insouciance. Malgré cela, là-bas, en Autriche et en Serbie, cela continue de gronder et les journaux nous le rappellent, en faisant du moindre geste d’un quelconque dirigeant un aveu que les journalistes étalent sur les pages des médias. 

L’ivresse révèle-t-elle les génies littéraires ou les entraîne-t-elle vers leur perte? Nombre de cas de ces derniers siècles indiquent une relation ambigüe entre la consommation d’alcool et le processus d’écriture de grands auteurs. Poètes buveurs d’absinthe ou romanciers assistés de vin et de whisky, devaient-ils boire pour écrire ou l’écriture les a-t-elle guidés à travers des angoisses que seul l’alcool arrivait à soigner?

Zanskar (Inde) © Michel Gounot/GodongHier traîtres, sommés de se déguiser en passe-muraille, aujourd’hui passeurs de culture, les traducteurs ont vu leur image changer au gré des pratiques professionnelles qui sont les leurs, mais aussi de l’esprit du temps. Ils suscitent aujourd’hui un intérêt qui surprend les plus anciens d’entre eux. Peut-être faut-il voir en eux des figures parmi d’autres de la mondialisation culturelle et d’un idéal d’«hospitalité» encore à définir.

Au commencement était le verbe, aux éditions ZoéSylviane Dupuis analyse, dans un essai de haute tenue, l’influence des Écritures sur la littérature romande du XXe siècle, de Chessex à Ramuz, de Bille à Chappaz. «Réserve d’images, de fables, de figures ou de préceptes», la Bible a été, au cours du XXe siècle, un foisonnant abreuvoir pour les écrivains romands. Bien que majoritairement agnostiques, les auteurs de Suisse romande n’ont pas fait l’impasse sur les deux Testaments et sur ce que ces derniers ont injecté dans leur chair et dans leur langue. Au point d’y faire largement référence.

Prison de Champ Dollon © JJKphotos«Tu m’as pris l’océan, tu m’as pris l’Espace.
Tu m’as laissé un timbre-poste pour m’y loger
de barreaux de prison entouré.
Le résultat? Aucun je pense:
tu m’as laissé mes lèvres
qui forment les mots
et le silence pour les former.»
Ossip Mandelstam

Poète, traducteur, spécialiste de J.-J. Rousseau, de M. Foucault et de C. Pavese, dont il a supervisé l’édition des Œuvres chez Gallimard, Martin Rueff a enseigné plusieurs années la philosophie (niveau universitaire) à la prison de la Santé de Paris. Il a animé de 2015 à 2018 un programme d’écriture créative à l’établissement pénitentiel genevois Curabilis. Il est professeur de littérature française à l'Université de Genève.

L’histoire d’Œdipe pose la question de la destinée humaine. L’homme entend deux voix -deux voix sans visage. Deux voix qui lui montrent deux chemins opposés. La voix du philosophe et celle du poète. Enfant, c’est celle du poète, avec ses terreurs et ses extases, qui lui parle. Puis à l’adolescence, il entend la voix du philosophe. La voix de la famille, de la cité, de la société, du troupeau avec ses clergés et ses tables de lois. Peu à peu il oublie la voix solitaire et sauvage qui avait enchanté son enfance. La voix du blâme, la voix asociale et poétique et parfois prophétique.

Poèmes a moi même, de SylvoisalGérard Joulié (traducteur et écrivain) a été durant 40 ans le traducteur de l’anglais au français des éditions l’Âge d’Homme où il a publié La forêt du mal (2014) et Chesterton ou la quête excentrique du centre (2018). Il écrit aussi de la poésie sous le pseudonyme de Sylvoisal. Ce texte est tiré de Poèmes à moi-même.

Mon grand livre de contes et légendes, tome 1, de Denis KormannIl a le verbe facile et le crayon alerte. Denis Kormann manie depuis quel­ques années les deux médias pour le plaisir de raconter des histoires. De prime abord, écrire n’était pas une vocation, au contraire du dessin qui anime sa vie depuis des décennies. Mais, après tout, pourquoi cloisonner les disciplines? Il y a bien des auteurs-compositeurs-interprètes. Denis Kormann, lui, est adaptateur, illustrateur et raconteur de contes et légendes suisses. Du livre à la scène, le pas pourtant n’était pas évident et il le franchit uniquement pour aller à la rencontre des enfants dans les écoles, avec un plaisir non dissimulé: «L’échange qui se crée autour des contes est magique.»

Graphiste de formation et illustrateur de cœur, comme il se définit lui-même, Denis Kormann a longtemps travaillé pour la presse. Aujourd’hui, le principal de son activité va à la création d’albums illustrés avec, notamment, sa trilogie Mon grand livre de contes et légendes suisses dont le troisième volet est à paraître.

lundi, 08 mars 2021 21:08

Lignine

© CCDiplômée en Arts visuels de la HEAD-Genève, spécialisée en vidéo, Fanny Desarzens a participé au concours d’écriture pour jeunes auteurs lancé par choisir en 2019. Sa nouvelle a été particulièrement remarquée par les membres du jury, qui ont salué à l’unanimité sa construction et son écriture. Elle vient de paraître dans Le choix. Recueil de nouvelles de jeunes talents, coédité par la Revue choisir et  Slatkine. Un livre que vous pouvez commander ici ou sur .

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