Il neigeait en hiver (phénomène rare méritant d’être signalé). J’attendais de traverser un carrefour, quand soudain je remarquai que les traces des pneus laissées par les voitures matérialisaient une espèce de grand losange. Depuis le début de la matinée, aucun véhicule n’était passé au centre du carrefour, ni le long du trottoir. Si aucun automobiliste ne roulait à cet endroit et si aucun piéton ne marchait là-bas non plus, à qui servait cet espace? À personne! Un morceau de ville pour personne.
Écrivain pour la jeunesse et pour adultes, parolier, animateur d’ateliers d’écriture à l’Institut littéraire suisse, le vaudois Eugène Meiltz, de son nom de baptême, joue ses propres textes sur scène depuis une dizaine d’années.
Elle n’avait que peu de sympathie pour les alcooliques. Depuis son balcon étroit, accoudée à la balustrade, une tasse de café brûlant à la main, elle estimait avoir ses raisons. De bonnes raisons. Mais lui, qui marchait lentement, avec ses cheveux rares et pourtant longs, dans cette rue déserte qu’elle surplombait de deux étages, l’était-il vraiment, alcoolique? Dans son esprit, c’était chose admise. Pourtant elle ne l’avait jamais côtoyé à moins de dix mètres, le samedi, une fois par mois. Peut-on connaître quelqu’un, dans ces conditions?
Bernard Utz, né en 1987, a publié son premier roman, Un toit, en début d’année (éd. D’autre part, Genève 2020, 120 p.). Il a étudié la science politique et les sciences de l’environnement. Il collabore à la Journée suisse de la lecture à voix haute, pour l’Institut suisse Jeunesse et Médias.
Au temps des Lumières, L’Utopie (1516) de Thomas More génère un enthousiasme appuyé, car le roman escorte l’espoir politique et social du bonheur dans la cité juste, ce qui semble assez paradoxal. Figée dans la perfection, hors de l’histoire, l’utopie en effet force au bonheur, avec l’égalité contre la liberté, alors qu’au XVIIIe siècle l’impératif du bonheur politique en contrat social valide a contrario les libertés légales de l’individu.
Michel Porret, est professeur d’histoire moderne à l'Université de Genève. Spécialiste du siècle des Lumières, ses recherches portent notamment sur l’histoire de l’État moderne et de la justice.
Quand j’avais 9 ans, je n’avais pas droit à une histoire avant de m’endormir. Ma mère me mettait au lit, éteignait la lumière et retournait au salon regarder la télévision. Couché sous la couverture, j’entendais quelqu’un marcher dans le noir. Un son mat et bref. Une démarche lente. Déterminée. Le plus effrayant, c’est qu’il ne marchait pas sur le tapis. Il ne cheminait pas dans ma chambre. Non! C’était dans mon oreiller. Qui pouvait bien avancer avec une telle détermination? Une telle colère froide? J’étais terrifié. Et plus j’avais peur, plus le sadique accélérait. Qu’avait-il dans la main? Avec quel couteau comptait-il me faire mal? Je me tournais et me retournais dans mon lit. Mais rien à faire: il marchait vers moi.
En novembre 2019, choisir fêtait ses 60 ans dans l'espace feutré de la Société de lecture de Genève. L'occasion pour une dizaine d'écrivains de venir lire à haute voix l'un de leurs textes édités dans la revue devant une assemblée d'invités heureux et conquis. À l'image de Max Lobe qui a lu la présente chronique, Kampf ums Wasser, parue in choisir n°690 janvier-février-mars 2019.
Max Lobe est un écrivain camerounais qui vit en Suisse depuis plus de 10 ans. Il a reçu plusieurs prix pour ses récits fortement inspirés de faits réels. Ses deux derniers romans parus chez Zoé, Confidences en 2016 (voir sa recension in choisirMax Lobe est un écrivain camerounais qui vit en Suisse depuis plus de 10 ans. Il a reçu plusieurs prix pour ses récits fortement inspirés de faits réels. Ses deux derniers romans parus chez Zoé, Confidences en 2016 (voir sa recension in choisir n° 686, p. 80) et Loin de Douala en 2018, ont pour cadre son pays natal.
En novembre 2019, choisir fêtait ses 60 ans dans l'espace feutré de la Société de lecture de Genève. L'occasion pour une dizaine d'écrivains de venir lire à haute voix l'un de leurs textes édités dans la revue devant une assemblée d'invités heureux et conquis. À l'image de Germano Zullo qui a lu la présente chronique, Le récit, parue in choisir n°683 avril-mai-juin 2017. Enregistrée en live, nous vous proposons de l'écouter ci-dessous:
En novembre 2019, choisir fêtait ses 60 ans dans l'espace feutré de la Société de lecture de Genève. L'occasion pour une dizaine d'écrivains de venir lire à haute voix l'un de leurs textes édités dans la revue devant une assemblée d'invités heureux et conquis. À l'image de Silvia Ricci Lempen qui a lu la présente chronique, On se sent, parue in choisir n°683 avril-mai-juin 2017. Enregistrée en live, nous vous proposons de l'écouter ci-dessous:
En novembre 2019, choisir fêtait ses 60 ans dans l'espace feutré de la Société de lecture de Genève. L'occasion pour une dizaine d'écrivains de lire à haute voix l'un de leurs textes édités dans la revue devant une assemblée d'invités heureux et conquis. La rédaction tenait à rendre hommage à Georges Haldas, décédé en 2010, qui écrivit durant 20 ans pour la revue. Elle a invité la comédienne Marie-Luce Dayer à lire Le silence des cigales, une chronique du poète gréco-suisse, parue dans choisir n°443 (1996). Enregistrée en live, nous vous proposons de l'écouter ci-dessous:
En novembre 2019, choisir fêtait ses 60 ans dans l'espace feutré de la Société de lecture de Genève. L'occasion pour une dizaine d'écrivains de lire à haute voix l'un de leurs textes édités dans la revue devant une assemblée d'invités heureux et conquis. À l'image de Gérard Joulié qui a lu la présente chronique Lettre à un jeune poète qui n'a encore rien publié, parue in choisir n°684 juillet-août-septembre 2017, consacrée à la nuit. Enregistrée en live, nous vous proposons de l'écouter ci-dessous:
En novembre 2019, choisir fêtait ses 60 ans dans l'espace feutré de la Société de lecture de Genève. L'occasion pour une dizaine d'écrivains de venir lire à haute voix l'un de leurs textes édités dans la revue devant une assemblée d'invités heureux et conquis. À l'image de Jérôme Meizoz qui a lu la présente chronique Bonnes et peintres, parue in choisir n°681 octobre-novembre-décembre 2016. Enregistrée en live, nous vous proposons de l'écouter ci-dessous:
En novembre 2019, choisir fêtait ses 60 ans dans l'espace feutré de la Société de lecture de Genève. L'occasion pour une dizaine d'écrivains de venir lire à haute voix l'un de leurs textes édités dans la revue devant une assemblée d'invités heureux et conquis. À l'image d'Eugène qui a lu la présente chronique Fous, mais pas cinglés, parue in choisir n°684 juillet-août-septembre 2017, consacrée aux extrêmes. Enregistrée en live, nous vous proposons de l'écouter ci-dessous:
Parmi les peurs contemporaines, celles véhiculées par le développement de l’intelligence artificielle ne sont pas des moindres. Attributs de la science-fiction et de son art de la métaphore, leur questionnement en dit long sur notre condition humaine d’aujourd’hui.
Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs, Yverdons-les-Bains, dirige depuis 2011 le Musée vaudois de la science-fiction. Il est enseignant à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne. Son champ d’étude
touche à la littérature, l’imaginaire des technosciences et l’humanisme.