Je sais très bien quand écrire m’est devenu quelque chose de sérieux. C’était en 2018, l’année où j’ai terminé mon premier manuscrit. Après quelques tentatives de publication et quelques refus, j’en ai commencé un autre. Je savais que je n’allais pas me décourager. Mais quand même: c’est qu’on est très seul, lorsqu’on écrit. Et cette solitude, on doit apprendre à l’aimer, et en prendre soin. Mais écrire, c’est aussi lancer des appels à la ronde; on voudrait simplement que quelqu’un nous réponde un jour.
À l’occasion de sa participation au concours d’écriture Le Choix, Fanny Desarzens, vidéaste et écrivaine, s’est faite remarquer par les éditions Slatkine, chez qui elle a publié cette année son premier roman, Galel.
choisir a toujours eu un intérêt particulier pour la littérature, expression privilégiée de la culture. Des écrivains reconnus ont été régulièrement invités dans ses pages, mais aussi des plus jeunes désireux de faire découvrir leur plume. Ce numéro ne déroge pas à la tradition et propose, pour la dernière fois, une nouvelle inédite de Fanny Desarzens, vidéaste et écrivaine de Lausanne.
«Les écrivains, bien souvent, mettent leur art au service d'une cause, d'une idée universelle qui transcende le monde de la littérature; c'est à l'évidence le cas de l'écologie.» Kevin Despond nous emmène sur les traces d'écrivains d'hier et d’aujourd’hui qui «ont osé s'aventurer hors des sentiers battus et se sont intéressés au rapport de l'homme au monde, à son rôle de prédateur et à la menace qu'il fait peser sur toute forme de vie.»
Dans l’imaginaire de nombreux francophones, la langue française est dotée d’une architecture parfaite et immuable, comme si le temps n’avait aucune emprise sur elle. Une langue cathédrale en quelque sorte, où le moindre détail a été longuement pensé. De toutes parts, on loue sa capacité à avoir traversé les siècles, tout en parvenant à exprimer la modernité. Mais quand on regarde dans le rétroviseur, on se rend compte que sa fixité n’est qu’apparence.
Maître de conférences en linguistique française à l'Université de Lorraine, chercheur au laboratoire Analyse et traitement informatique de la langue française à Nancy et membre du Comité éditorial de l’Encyclopédie grammaticale du français, Christophe Benzitoun a écrit Qui veut la peau du français? (Le Robert, 2021). Les droits d’auteur de ce livre sont reversés à l’Association de formation et de recherche sur le langage.
Mon père était cowboy, dans le phare ouest. Je n’y suis jamais retourné ; je ne me souviens plus très bien de l’endroit. Ça se passait du côté des grandes plaines, là où dans les films des troupeaux de millions de bisons dévalent les collines, d’un seul élan, tous ensemble sans se poser de questions. Ils traversent l’horizon d’un trait, si nombreux que, de loin, on croirait que le vent fait ondoyer les herbes sur les collines.
Fréville est auteur de nouvelles et romans, dont une trilogie familiale douce-amère, parus aux éditions Chemins de tr@verse. Cette nouvelle est extraite de Nos Folies Douces (2014).
Les points d’orgue sont des fictions. L’obstination des symphonies à ne pas finir, à ne se taire qu’à regret au terme d’un chapelet de cataractes, c’est le refus, exprimé à coups de cuivres et de timbales, de la clôture abrupte des histoires. C’est à cela que j’ai pensé au moment où le dos de Lilan a glissé hors de ma vue.
Attaché à la forme brève, Adrien Bürki est auteur de nouvelles et de contes notamment, et réalisateur de courts et de moyens métrages. Lauréat du prix Georges-Nicole en 2019 pour Sur la chapelle (L’Aire 2019), il est bibliothécaire-documentaliste scientifique à l’Université de Lausanne et codirige la revue littéraire Archipel.
La Fondation Martin Bodmer, à Genève, est l'une des plus belles bibliothèques privées au monde. Elle témoigne d'un projet qui peut paraître insensé au premier abord: constituer une bibliothèque de la littérature mondiale en rassemblant les manuscrits et les éditions originales des textes les plus représentatifs de la culture universelle. Inscrite au registre «Mémoire du monde» de l'UNESCO depuis 2015, elle comprend plus de 150'000 papyri, manuscrits, incunables, livres imprimés, autographes, gravures, pièces archéologiques et objets d'art.
La Divine Comédie composée entre 1307 et 1321 par Dante Alighieri (1265-1321) décrit le voyage du poète dans l’au-delà. Ce récit d’expédition qui a lieu durant la semaine sainte de l'an 1300 offre plusieurs possibilités de lectures. La plus courante est la lecture poétique, puisqu’il s’agit indubitablement d’une des œuvres les plus connues et les plus belles de la littérature universelle. Mais quelle approche de ce texte singulier le poète lui-même recommande-t-il?
Professeur émérite de l’Université de la Sorbonne (Paris), auteur de Dante, la philosophie et les laïcs. Initiation à la philosophie médiévale (Cerf/Éditions universitaires de Fribourg, 1996), Ruedi Imbach donnera une conférence le jeudi 5 mai 2022 à la Fondation Bodmer (Genève), intitulée Dante, philosophe laïque.
Nous sommes le 12 mai 2019. C’est-à-dire à la fin de l’ancien monde. Une époque bénie où les virus restent cantonnés à Hong Kong et où les pandémies ne déciment la population que dans certains films de Soderberg (Contagion, 2011). Une série télévisée impose depuis quelques années l’imaginaire plein de batailles, d’infanticides, d’exécutions capitales, de zombies, de tortures et de dragons d’un écrivain américain sexagénaire: Georges R.R. Martin. Sa saga A song of ice and fire, dont le premier volume -A Game of Thrones- a été publié en 1996, est produite et adaptée pour la télévision par la chaîne HBO.
Auteur d’une quarantaine de livres, écrivain, journaliste et éditeur suisse, Roland Jaccard s’est donné la mort le 20 septembre 2021 à l’âge de 79 ans. Son dernier livre, On ne se remet jamais d’une enfance heureuse, venait d’être édité aux éditions de l’Aire, à Vevey. Notre chroniqueur littéraire Gérard Joulié propose ces quelques vers pour honorer sa mémoire.
Ce 11 novembre 2021 marque le bicentenaire de la naissance de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881), génie de la littérature russe. Son œuvre est le miroir d’une intense quête spirituelle qui l’habita toute sa vie et ne laisse pas, aujourd’hui encore, d’interpeller. Dans son roman L’Idiot, écrit en grande partie à Genève en 1867,[2] Dostoïevski traite des thèmes du péché et du salut, de la mort et de la résurrection. Le personnage central est le prince Léon Nicolaïevitch Mychkine, que ses proches appellent «l’idiot» mais en qui la critique voit une figure christique.[3] Quant à la Suisse, elle y tient le rôle de Jérusalem dans les récits évangéliques des derniers jours de la vie de Jésus.
ll faut un temps fou pour faire des vers bons ou mauvais. Parfois il y faut une vie entière. Et combien ont fini dans le fond d’une corbeille, jetés d’une main rageuse aux doigts noircis d’encre. Il faut aussi du temps pour les lire. On peut demeurer une journée sur deux ou trois vers, car les vers d’un poème sont faits pour dire et célébrer une sorte d’absolu.