Dépression verte, burn-out biologique, solastalgie ou éco-anxiété… ces expressions sont de plus en plus utilisées pour désigner la nouvelle souffrance psychologique due au déferlement des mauvaises nouvelles sur l’état de notre planète. Ne serait-ce pas là aussi le reflet d’un profond désarroi spirituel ? Grain, la particule humaine du cinéaste turc Semih Kaplanoglu tente d’amener une réponse aux questions des chantres de la «collapsologie», un courant de pensée qui étudie les risques d’un effondrement de la civilisation industrielle.
À VOIR OU À REVOIR dans le cadre d’Itinérances, l’édition 2021 des Rendez-vous cinéma de l’ECR, vendredi 7 mai 2021, aux cinémas du Grütli (Genève), à 20h.
À l’issue de la projection, un débat avec Alexandre Ahmadi, psychanalyste jungien et spécialiste de la mystique musulmane, sera animé par Emmanuel Tagnard
5 janvier 2020. Le petit est couché depuis une demi-heure. Au salon, le clavier de l’iMac cliquète à toute vitesse. Mon épouse et moi programmons un voyage à Saint-Pétersbourg en juin, pour les nuits blanches. Mon épouse est russe et notre garçon n’a pas encore vu un centimètre carré de Russie. Il est grand temps. On trouve des billets sur Swiss pour un prix acceptable (surtout si on les achète six mois à l’avance).
Pour sa 19ème édition, du 5 au 14 mars 2021, le Festival du film et forum international sur les droits humains propose un programme adapté aux circonstances sanitaires et explore de nouvelles formes de participation. La plateforme fifdh.org devient ainsi le centre du Festival, avec une sélection de films internationaux en VOD à voir chez-soi, des grands rendez-vous en direct, 16 heures de programmes originaux, vidéo et audio, une émission de radio et des interventions urbaines. Le 6 mars, par exemple, un drapeau de la taille d’un immeuble de 10 étages se déploiera sur la plaine de Plainpalais à Genève: We Are Watching, de Dan Acher, rappellera l’attente citoyenne face à l’urgence climatique.
La découverte en 1945 des collections du musée d’ethnographie de Genève (MEG) et la rencontre de son directeur Eugène Pittard bouleversent la vie et l’œuvre de Jean Dubuffet (1901-1985) ainsi que le cours paisible de l’histoire de l’art. L’exposition actuelle Jean Dubuffet un barbare en Europe célèbre tant l’auteur d’une œuvre hors du commun que l’inventeur de l’art brut.
Le poète et écrivain vaudois Philippe Jaccottet est décédé le 24 février 2021, à l’âge de 95 ans. En 2010, la traductrice Mathilde Vischer présentait l'écrivain et son œuvre dans choisir, sous le titre: La quête de la justesse. «La recherche de la "justesse" -adéquation entre ce qui est perçu et ce qui est exprimé- est au centre de sa quête poétique, écrivait-elle. Elle transparaît à travers les thèmes les plus présents dans son œuvre, tels que la description du paysage, l’effacement, la lumière, le travail sur l’image, l’affrontement avec la mort, le rapport à l’illimité.»
«Pour faire évoluer la place des femmes dans l’Église, tout n’est pas à attendre des papes; c’est aussi aux femmes de prendre en main leur destin», déclare Bénédicte Lutaud. Dans son livre Femmes de papes, la journaliste retrace le parcours hors norme de cinq femmes au Vatican. Chacune d'entre elles, à sa manière, -Wanda Poltawska, sœur spirituelle de Jean Paul II, Pascalina Lehnert, véritable mère de substitution pour Pie XII, Mère Tekla, «agente 007» au service de Jean Paul II, Hermine Speier, archéologue de renom aux Musées du Vatican et Lucetta Scaraffia, soixante-huitarde convertie au catholicisme- s'est créé de son propre chef un rôle au Vatican et a su imposer sa présence.
Bénédicte Lutaud, Femmes de papes, Paris, Cerf 2021, 394 p.
Les collectionneurs sont des gens formidables, ils achètent passionnément et prêtent généreusement le fruit de leurs amours. À tant aimer l’art, les musées leur offrent leurs cimaises, comme le fait le Kunstmuseum de Berne qui accueille une part de l’immense Daros Latinamerica Collection constituée par le Suisse Stephan Schmidheiny. Musée à lui-seul, la collection de l’homme d’affaires déroule le panorama de l’art latino-américain depuis les années cinquante, avec sa diversité certes, mais aussi son identité constituée de pays souvent soumis à des régimes politiques totalitaires. À voir au Kunstmuseum de Berne jusqu’au 21 mars.
Montré en première mondiale au dernier Festival de Soleure, le documentaire Le corset catholique ou le laborieux chemin vers le droit de vote des femmes raconte l’émancipation des femmes dans le milieu catholique-conservateur de Suisse centrale des années 1970. Jörg Huwyler, qui signe avec Beat Bieri ce long-métrage documentaire, revient sur les premières réactions suite à sa diffusion et sur le rôle joué par la religion dans la résistance à l’émancipation des femmes.
«La commission Bergier, mise en place officiellement pour faire la lumière sur le comportement de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, n’avait pas jugé utile d’établir à la fin du XXe siècle combien de Juifs avaient été refoulés et combien de ceux qui avaient été refoulés avaient péri à la suite de ce refoulement. Cette lacune était une faute», écrit Serge Klarsfeld dans sa préface. Le livre de l'historienne genevoise Ruth Fivaz «met fin aux polémiques sur le nombre de refoulés, qui ne dépasse certainement pas le nombre de 3000, dont moins d’un tiers ont péri à la suite des refoulements dont ils ont été victimes et que la Suisse aurait pu accueillir», dit encore le préfacier.
Ruth Fivaz-Silbermann, La fuite en Suisse. Les Juifs à la frontière franco-suisse durant les années de «La solution finale», Paris, Calmann Lévy/Mémorial de la Shoah 2020, 1448 p.
Voir un film chez soi, Covid oblige, même sur le grand écran d’un home-cinéma, n’a rien à voir avec le fait de sortir, de retrouver sa salle de cinéma, de faire la queue, prendre son billet, assister à la projection en compagnie d’un public à chaque fois différent dont les réactions apportent convivialité et partage bienvenus. Devant les cinémas fermés, il reste la mémoire pour revivre nostalgiquement quelques-uns de ces moments magiques passés dans les salles obscures.
Ma première projection a eu lieu en Valais. Dans ce canton catholique empreint de Contre-Réforme et dont les autorités ne négligeaient pas le pouvoir temporel de l’Église et sa capacité de censure -nous sommes en 1952-, le cinéma était souvent vu comme une opération du Diable.
Poésie engagée, poésie philosophique et spirituelle, poésie politique… Pierre Santschi, ex-député au Grand Conseil vaudois -vert devenu hors parti-, a pris la difficile voie d’exprimer ce qu’il pense et ce qu’il croit en stances classiques, en alexandrins et autres métriques. Dans ces poèmes et pamphlets, il ne mâche pas ses mots pour fustiger les «élites» suisses, les partis, la corruption, etc. Il nous parle de justice, de «blablacratie», de chômage, de climat, de culture, d’économie, des limites de la croissance, de populisme, des pouvoirs… mais aussi de bonheur, d’enthousiasme, d’essentiel, de beauté, de création et d’univers… pour «rendre grâces à la Source de Vie».
Dans la deuxième partie du XXe siècle, soit il y a à peine quelques années, les sévices infligés en Occident aux mineurs placés dans des maisons de correction ou des centres d’accueil étaient encore courants. La révélation scandaleuse du jour -9000 enfants morts en Irlande entre 1922 et 1998 dans les maisons pour mères célibataires tenues à l’époque par des religieuses catholiques- fait froid dans le dos. Ce roman de Colson Whitehead aussi, car il s’inspire de l’histoire vraie d’un pensionnat disciplinaire pour mineurs de Floride, la Dozier School for Boys.