Michel Fédou
La littérature grecque d’Homère à Platon
Enjeux pour une théologie de la culture
Bruxelles, éd. jésuites 2019, 480 p.
Ce livre, nous dit l’auteur -un jésuite agrégé de lettres classiques, helléniste et théologien- , n’aurait pas pu voir le jour s’il ne lui avait pas été donné de pratiquer deux disciplines bien distinctes: les lettres classiques et la théologie chrétienne. Dans le contexte des traditions culturelles et religieuses de leur temps, les auteurs de l’Antiquité chrétienne ont rendu compte de la voie du Christ. Ce faisant, ils prenaient le risque de se voir accusés d’hellénisation du christianisme.
David Douyère
Communiquer la doctrine catholique
Textes et conversations durant le concile Vatican II d’après le journal d’Yves Congar
Genève, Labor et Fides 2018, 252 p.
Ce livre se présente comme un exercice d’analyse technique de la communication intra conciliaire. Il s’appuie sur l’ouvrage du Frère Dominicain Yves Congar, Mon journal du Concile, qui reflète les discussions, atermoiements, courants de pensée et tactiques de certains Pères conciliaire.
Bernard Sesboüé
L’Église et la liberté
Paris, Salvator 2019, 264 p.
Comment l’Église a-t-elle servi la liberté de l’homme au cours de l’histoire? L’auteur présente quelques-unes des théologies chrétiennes de la liberté qui ont exercé le plus d’influence sur le développement de la pensée de l’Église.
Jens Schröter
Jésus de Nazareth
À la recherche de l’homme de Galilée
Genève, Labor et Fides 2018, 320 p.
Cet ouvrage a pour ambition de familiariser le lecteur à l’état actuel de la recherche historique sur Jésus, une recherche qui ne cesse d’intégrer de nouvelles approches et de nouveaux résultats. Publié en allemand en 2003, il a été réédité six fois, puis traduit en anglais et en français. Quête passionnante, car Jésus a marqué notre civilisation européenne d’une manière unique et est plus actuel que jamais (les médias s’intéressent beaucoup à lui). Confrontations entre papes et empereurs, croisades, élans réformateurs, déclaration des Droits de l’homme: l’auteur va tenter de juger toutes ces esquisses.
Martin Roch
Le Moyen Âge avant l’aube
Témoins et acteurs d’un monde en mutation
Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité 2018, 320 p.
L’auteur, professeur d’Histoire médiévale à l’Université de Genève, scrute une période qui a la réputation d’être particulièrement sombre, celle qui s’étend entre l’Antiquité et le Moyen Âge central, entre le Ve et le Xe siècle. Tout commence par le déclin d’une civilisation et la disparition de l’État romain, qui laisse la place aux royaumes barbares qui, non dépourvus d’une certaine rigueur et loin d’entraîner la destruction de l’Occident, ont donné naissance à de nouvelles entités politiques et sociales.
Marcel A. Boisard
Aventurier de l’humanitaire
Paris, du Panthéon 2019, 168 p.
Souvenirs d’un délégué du Comité international de la Croix-Rouge, au cours de dix ans dans le monde arabo-musulman, tel est le sous-titre de ce livre qui nous emmène en Algérie (sort des Harkis), au Yémen, en Égypte, à Gaza (pendant la guerre des Six-Jours, puis la guerre du Ramadan/Kippour), en Jordanie (Septembre Noir). Avec Marcel A. Boisard, nous plongeons dans l’histoire du Moyen-Orient, dans la réalité difficile vécue au ras du sol, dans les rencontres avec ses dirigeants… Ce sont des conditions qui sont encore malheureusement d’actualité. Mais «les expériences acquises par le CICR (en Algérie notamment) furent ultérieurement utiles lors des différents conflits qui surgirent lors du processus de décolonisation et contribuèrent au développement du droit humanitaire.»
Frédéric Lenoir
La consolation de l’ange
Paris, Albin Michel 2019, 208 p.
Difficile de parler d’un roman sans en dévoiler la trame! Après une tentative de suicide, un jeune homme, Hugo, est placé à l’hôpital dans la même chambre qu’une vieille dame, Blanche, qui vit ses derniers jours dans l’apaisement.
Françoise Matthey
Dans la lumière oblique
Vevey, l’Aire 2019, 84 p.
Eblouie… je suis éblouie par ces poèmes qui visent l’essentiel là où la transparence de la lumière révèle les éclaircies de sens. Au rythme des saisons, tout au long des jours, Françoise Matthey traque l’invisible pour nous sortir de nos torpeurs. Elle déchiffre les signes qui sont à notre portée si nous savons ouvrir les yeux et les oreilles.
Bernard Minier
M, le bord de l’abîme
Paris, XO 2019, 576 p.
L’intelligence artificielle (IA) fascine et inquiète, non sans raisons. Elle est au cœur de ce thriller noir, dont la trame de facture classique -deux policiers se lancent sur les traces d’un assassin en série pervers sévissant à Hong Kong- sert de prétexte, comme dans la plupart des bons polars, à la peinture d’un monde sombre.
Marie David et Cédric Sauviat
Intelligence artificielle, la nouvelle barbarie
Monaco, du Rocher 2019, 314 p.
Pour Marie David et Cédric Sauviat, ce dernier présidant l’Association française contre l’intelligence artificielle, celle-ci s’inscrit dans une fuite en avant technologique vers toujours plus de déresponsabilisation. L’Intelligence artificielle est décrite comme «un projet technoscientifique d’exploitation utilitaire du monde (…) par essence, totalitaire». «Ce n’est (...) pas un hasard, écrivent-ils, si l’intelligence artificielle et les technologies du vivant se développent en même temps.»
Les auteurs de fait n’accordent guère de crédit à une contribution positive, ni aux possibilités de distinguer aide à la décision et décision, capacité de réactivité de la machine et capacité de pilotage de l’être humain. Leur livre met l’accent sur les retombées négatives de l’IA.
Cet essai vient à son heure. Il est d’une belle intensité théologique et spirituelle. Sa principale force, à mes yeux, consiste à offrir de précieux repères aux chrétiens comme à des personnes en recherche pour comprendre ce qui fait l’originalité d’une spiritualité chrétienne, sans pour autant dévaluer d’autres approches. L’étude et la méditation de l’évangile de Jean, auxquelles le théologien protestant Jean Zumstein s’est longuement consacré et qu’il a explicité et commenté dans d’autres ouvrages, trouvent ici un aboutissement concret dans cette proposition d’itinéraire spirituel.
Jean Zumstein, Sur les traces de Jésus. Un essai de spiritualité chrétienne, Labor et Fides 2021, 248 p
Lire les Écritures interroge et souvent déconstruit, ce n’est jamais une entreprise de tout repos. Le lecteur n’est pas maître du texte. Car lire avec un esprit critique signifie évaluer, discerner, choisir. La critique n’étant pas polémique -elle examine plutôt qu’elle ne distribue les bons ou les mauvais points- l’auteur, professeur de Nouveau Testament et de transitions chrétiennes anciennes à l’Université de Lausanne, insiste dans cet ouvrage sur le fait que «foi et compréhension» font cause commune. La foi revendique une connaissance de l’humanité. Lire les Écritures, c’est donc aussi accepter un détour par l’ailleurs: le monde des premiers chrétiens ou de l’Israël, un monde qui n’est pas superposable au nôtre.
Simon Butticaz, Le Nouveau Testament sans tabous, Genève, Labor et Fides 2019, 192 p.