Un autre enterrement dans «le cimetière des inconnus» signe le début du mois d’octobre à Zarzis, une ville côtière du sud-est de la Tunisie, non loin de la frontière avec la Libye. C’est Chamseddine Marzoug, ex-pêcheur, ex-chauffeur de taxi et bénévole du Croissant-Rouge à Zarzis, qui s’occupe des ensevelissements. «Cet été, j’ai enterré 60 personnes», dit-il en montrant du doigt les tas de sable du terrain vague que la commune a mis à disposition du Croissant-Rouge.
Photographies © Nastassia Kantorowicz TorresÀ Calais ou Paris, des centaines de migrants dorment dans la rue, guettés par le découragement dans les méandres de leur exil. Ils reçoivent l'aide de nombreux bénévoles souvent aussi jeunes qu'eux, rendue nécessaire par la démission de l'État. Cette générosité révèle une réalité alarmante, une impasse politique et sociale, mais aussi le désir d'un engagement porteur de sens et de changement, qui anime leur génération. Julien Lambert, jésuite genevois qui a travaillé et vécu trois semaines avec eux cet été, partage son regard sur ces deux quêtes, ces deux jeunesses qui se rencontrent...
En 2010, l’artiste Nicolas Garcia Uriburu et Greenpeace colorent les eaux du Riachuelo en vert - l'un des cours d'eau les plus pollués de la planète, qui sépare le sud Buenos Aires de sa banlieue - pour réclamer le nettoyage du bassin. © Greenpeace«Objectif, objectif, dis-moi qui est le plus beau?» Depuis l’avènement de la photographie, le paysage se pare de ses plus beaux effets pour sublimer la réalité et flatter l’œil de celui qui le regarde. Plus rien d’objectif pourtant dans la démarche du photographe qui traduit la nature plutôt que de la refléter dans ses moindres détails. Les représentations paysagères évoluent donc de pair avec notre vision de la nature, influencée par le développement de l'écologie. Près de deux cent ans de clichés passés sous la loupe par Anaïs Belchun, doctorante en arts plastiques au sein du laboratoire LARA-SEPPIA de l’Université de Toulouse Jean Jaurès. Elle signe une thèse sur «L’écologie à l’œuvre dans les arts du paysage».
« Petites boîtes, boîtes, boîtes,
Petites boîtes très étroites
Petites boîtes, boîtes, boîtes,
Toutes, toutes, toutes pareilles... »
Graeme-Allwright, le chanteur des années 1960, pointe dans cette terrible chanson, désespérante et gaie, la dérive de nos sociétés vers la vie en boîtes. Vie hors-sol, emmurée dans les murs de la salle de cours, dans la chambre, emmurée dans les rues de la ville entre le béton des façades et le goudron du sol, emboîtée dans la géométrie, les angles droits des pièces de l’appartement, de l’ascenseur, des murs extérieurs, des rues, emboîtée dans ce regard qui bute toujours, tout près, sur des murs, de l’asphalte, des murs, des murs... Vie réduite pour tout accès au monde à ouvrir des boîtes de conserve à perpétuité (écrans multiples et divers, claviers) d’où jaillissent des vies en conserve. Monde en conserve, nature même en conserve. Ah, les beaux films sur la taïga et ses derniers tigres blancs !
Biologiste, éducateur nature, Louis Espinassous est aussi conteur, romancier, accompagnateur en montagne et berger-fromager dans les Pyrénées. Il est l’auteur notamment de Besoin de nature. Santé physique et psychique, (éditions Hesse 2014), dont ce texte est tiré.
Véronique Lecaros est une spécialiste des mouvements évangéliques en Amérique latine et a écrit plusieurs articles à ce sujet dans choisir. Elle est notamment co-auteure de Le Pentecôtisme. Racines et extension Afrique / Amérique latine (Paris, L’Harmattan 2014, 318 p.) et auteure de L’Église catholique face aux évangéliques. Le cas du Pérou (Paris, L’Harmattan 2012, 252 p.).
La conversion religieuse comme alternative à la prison. La proposition paraît absurde, pourtant elle remporte un franc succès en Amérique latine, notamment au Pérou, et obtient des résultats estimables. Comment l’expliquer sociologiquement et psychologiquement ?
© Lucienne BittAncien agriculteur, Pierre-André Schütz[1] est aumônier depuis octobre 2015. Il a été mandaté par le Service d’agriculture et de viticulture du canton de Vaud (SAVI) pour mettre sur pied un programme de sensibilisation visant, notamment, à faciliter la détection des personnes en proie à des difficultés. Il vient de recevoir le prix de la Fondation Agrisano pour son engagement altruiste.
Tout un chacun s’accorde pour dire que, pour vivre mieux et plus éthique, nous devons consommer local, préserver la nature, favoriser le bien-être des animaux... mais qu’en est-il de celui des agriculteurs ? Le pasteur Schütz répond à la détresse de ceux d’entre eux qui ne trouvent plus leur place dans une société qui leur demande toujours plus et leur redonne toujours moins.
Professeur honoraire au Département d’écologie et d’évolution de l’Université de Lausanne, Daniel Cherix a été conservateur du Musée de Zoologie du Palais de Rumine. Il est chroniqueur à la RTS pour Monsieur jardinier et le président de la Commission de recherche du Parc naturel périurbain du massif du Jorat.
La création de réserves naturelles a bonne presse en Suisse. Ainsi un nouveau parc périurbain pourrait voir le jour en 2020 dans la forêt du Jorat (canton de Vaud). Mais ces îlots de verdure ne s’apparentent-ils pas finalement à des musées de la biodiversité ou à des luna-park « bio » pour citadins stressés ? Réponse avec Daniel Cherix.
Octobre 2016, en Patagonie, Etienne Koechlin (à g.) et les autres scientifiques équipent Christian Clot avant son départ. © Lucas SANTUCCI/ ZEPPELIN NETWORKComment réagit notre cerveau dans des conditions climatiques extrêmes ? Quelles modifications structurelles et cognitives[1] sont induites par une exposition prolongée à une chaleur intense frôlant les 50 degrés ou un froid mordant de -50 degrés ? Pour répondre à cette question, le neurobiologiste Etienne Kœchlin, fondateur et le directeur du Laboratoire de neurosciences cognitives de l’INSREM rattaché à l’École normale supérieure (ENS), s’est associé à l’explorateur Christian Clot.
Tous deux sont franco-suisses et tous deux ont le goût de l’aventure, pour ne pas dire de l’exploit. Christian Clot est un sportif aguerri, explorateur par passion et par métier. C’est à lui que revient l’idée d’origine de l’étude (voir encadré). Le professeur Etienne Kœchlin est un neurobiologiste réputé, féru de montagne et de voile, qui mène l’étude scientifique permettant de mettre en évidence les modifications de notre cerveau exposé à des environnements climatiques aussi inhabituels.
Pour la 8e fois d’affilée, les 28 États membres de l’Union européenne ont échoué, mardi 30 mai, à se mettre d’accord sur une définition réglementaire des perturbateurs endocriniens. Ces molécules de synthèse, omniprésentes dans notre univers quotidien (pesticides, plastiques, cosmétiques, emballages, meubles...), modifient les systèmes hormonaux et sont suspectées d’être à l’origine de diverses maladies, telles le cancer du sein, l’infertilité, le diabète, l’obésité et des troubles du comportement.
L’occupation de l’espace public par les hommes et les femmes est révélatrice d’inégalités entre les sexes. Celles-ci prennent parfois des contours surprenants, tels que l’existence ou pas de toilettes publiques pour les femmes. Causes communes, le bimestriel des socialistes de la Ville de Genève, a consacré en mars, journée des femmes oblige, un numéro réussi sur le Féminisme. Avec notamment une interview de Jean-François Staszak, professeur de géographie de l’Université de Genève, qui analyse les questions de genre dans l’espace public. Un article reproduit ici avec l’aimable autorisation des intéressés.
Il a vingt ans. Il est originaire d'Afghanistan. Mahdi est arrivé en Suisse il y a plus d’un an. Il a été placé à l'abri PC de Crans-près-Céligny (qui vient de fermer) avant d'être accueilli dans une famille de la région dans l'attente d'une réponse de Berne. «Si la Suisse ne nous accepte pas, nous vivons sans espoir», s'inquiète le jeune homme qui rêve d'une vie différente de celle que son lieu de naissance lui prédisait. «On est arrivé ici dans l'espoir de vivre une vie sans la guerre, une vie où on peut être en sécurité». Le jour où nous recueillons son témoignage, il vient d'apprendre que l'une de ses compagnons d'infortune a reçu une réponse négative à sa demande d'asile. Une nouvelle qui l'inquiète et lui fait perdre quelques peu ses mots. Il parle néanmoins de son parcours en français. Merci à lui et à la photographe Anne Kearney qui nous a permis de le rencontrer.
Comment aider les migrants à se sentir acteurs de leur devenir ? En commençant par changer notre propre modèle, pour ne plus les voir comme des personnes porteuses de déficits, mais comme des sources de créativité. Pour prévenir les maladies dues à l’absence de liens sociaux, rien de tel que la reconnaissance !
L’analyse des liens entre migration et santé ne peut faire l’économie d’une définition de ces deux termes. La santé est le fait d’être et se sentir acteur et auteur, individuel et collectif, de son devenir : elle n’a aucune corrélation avec la présence d’une souffrance, l’être humain étant par essence jouissant et souffrant.[2] Ensuite la migration. Nous sommes tous des migrants, dans la mesure où chacun et chacune, quelles que soient la nature et l’importance de ses déplacements spatiaux, change de mon-des plusieurs fois au cours de sa vie.