Marius Borgeaud (1861-1924)
Fondation de l’Hermitage, Lausanne,
jusqu’au 25 octobre
L’Hermitage célèbre Marius Borgeaud au travers d’une vaste rétrospective, sans rancune pour celui qui avait préféré la France à sa Suisse natale. Oui, des Suisses aiment la France ! Né à Lausanne en 1861, Marius Borgeaud a bien dû être un de ceux-là pour s’y installer en 1890 et mourir rue Lamarck, à Montmartre, trente-quatre ans plus tard. Son pays d’adoption le lui a bien mal rendu, en s’empressant de l’oublier. A l’inverse, son œuvre suscite la passion des collectionneurs helvètes.
56e Biennale de Venise,
jusqu’au 22 novembre 2015
Pavillon des immigrants apatrides anonymes. Accompagnée d’une flèche, l’inscription est portée au pochoir sur le dernier pont qui enjambe le canal avant l’Arsenal, l’un des deux lieux qui constituent l’ossature de la Biennale de Venise. Elle ne se réclame pas de l’art des rues. Elle est un acte politique. Le curateur de la Biennale Okwui Enwezor, Américain d’origine nigériane, l’a voulu ainsi. Dans un auditoire aménagé au cœur du pavillon central des Giardini, lecture du Capital de Karl Marx.
Les nuits blanches du facteur,
d’Andreï Konchalovski
La Isla Minima,
d’Alberto Rodríguez
Quand à 77 ans, après une parenthèse hollywoodienne dans le genre film d’action[1], un réalisateur russe ayant débuté avec Tarkovski[2] revient à ses premières amours[3] - une forme mêlant documentaire et fiction -, cela donne Les nuits blanches du facteur, un film magnifique d’Andreï Konchalovski.
Le film Spotlight a obtenu l’Oscar du meilleur film, le dimanche 28 février 2016, à Los Angeles. Basé sur des faits réels, il est un film-enquête de facture classique, qui fait beaucoup parler de lui. Il relate avec minutie le travail d’enquête au long cours de l’équipe des journalistes du "Boston Globe" à propos des crimes de pédophilie commis par des prêtres à Boston et couverts par leur hiérarchie. Chroniqueur cinéma de choisir, Patrick Bittar nous livre son analyse objective :
Platon, dans Le Phaïdros, décrit Socrate comme Suétone montrera César s’immobilisant devant le Rubicon : « Comme j’allais traverser une petite rivière, un signal tout à coup se produisit dans l’air et m’arrêta. » La voix de son démon lui dit : « Suspends tout mouvement. Ne te risque pas plus avant ! » Socrate, sur le bord de la rive, se fige. Le monde a fini son œuvre, il a fini d’exercer son attraction et son ensorcellement sur Socrate. Tout s’arrête alors.
Contempler une œuvre d’art et profiter de son rayonnement pour méditer... C’est ce que propose chaque mois Bruno Fuglistaller à l’antenne ignacienne de Saint-Boniface, à Genève. Il visite ici « L’agonie dans le jardin des oliviers », d’Andrea Mantegna (1459).
Bleu azur, mauve délicat, orange crème, noir velours : les iris s’étirent vers le ciel avec la fierté de milliers de paons. Comme chaque année, le Jardin des iris du Château de Vullierens est un enchantement. Je déambule parmi les couleurs, comme dans le film Dreams de Kurosawa (1990), dans lequel un amoureux de Van Gogh plonge dans un paysage à l’huile. Mais les visiteurs sont encore plus extraordinaires que les fleurs. Là, un vieux monsieur s’agenouille devant un iris grenat pour le photographier en très gros plan à l’aide d’un énorme appareil photo; plus loin, une jeune fille s’accroupit pour attraper un iris turquoise dans l’écran de son smartphone. Des centaines de personnes courbées en train d’immortaliser les pétales ourlés : heureux pays que celui où ses habitants s’agenouillent devant la nature!
Gabriel Ringlet
« Vous me coucherez nu sur la terre nue »
L’accompagnement spirituel jusqu’à l’euthanasie
Paris, Albin Michel 2015, 248 p.
« Vous me coucherez nu sur la terre nue. » Cette phrase de saint François, prononcée juste avant sa mort, accompagne Gabriel Ringlet dans sa solidarité avec les souffrants, jusqu’au dénuement final de la fin de vie, acceptée ou provoquée. « Prendre l’habit », « déchirer la robe », « déposer la bure », « revêtir la coule »... sont les étapes qui mènent de l’énigme au passage, en passant par l’impasse et l’apaisement.
Albert Rouet
L’échelle de la foi
Petites méditations sur la foi
Paris, Editions franciscaine 2014,174 p.
Ce livre, écrit par un Monseigneur, prédicateur, conférencier, écrivain, commence par une exclamation : « Sur la foi, autour de la foi, à propos de la foi, que d’études, de livres, de la savante théologie au roman policier, de lettres d’amour aux critiques les plus acerbes, ont été écrits ! » Et pourtant, dit l’auteur, les jardins secrets ont leurs poètes. Alors, suivons notre poète et tentons de découvrir son jardin.
Gilles Lipovetsky
De la légèreté
Paris, Grasset 2015, 372 p.
Splendide, cette fresque de la société actuelle ! Avec minutie, précision et compétence, l’auteur nous immerge dans cet univers évoluant au fil des émotions, des découvertes et de la recherche du mieux-être. Après L’ère du vide (1983), L’empire de l’éphémère (1987) et Le bonheur paradoxal (2006), nous cheminons dans le labyrinthe d’une société légère.
Pierre de Charentenay
Les Philippines. Archipel asiatique et catholique
Namur-Paris, Lessius 2015, 190 p.
Le jésuite Pierre de Charentenay trace six siècles d’histoire de l’ensemble insulaire situé au sud-ouest de la Chine que les navigateurs ibériques avaient appelé Philippines, en l’honneur du prince héritier et futur roi Philippe II d’Espagne. L’auteur a beaucoup d’affection pour ce pays - où il a résidé en 2013 - et pour ses habitants, dont il loue le caractère travailleur, conciliant, accueillant et créatif. Doués pour produire des « cultures hybrides », les Philippins ont su équilibrer leurs valeurs locales et traditionnelles avec les apports des colonisateurs successifs espagnol et américain.
Grâce à un rythme de narration animé et une information riche et documentée, l’auteur nous fait partager son amour pour ces îles. La culture et l’histoire du pays sont aussi envoûtantes que les événements survenus lors des dernières décennies sont tragiques.