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Anne Sandoz Dutoit
Vieillir. Un temps pour grandir
Bière, Cabédita 2014, 96 p.

L’auteure travaille comme bénévole dans un établissement médico-social. Les personnes âgées ne lui sont donc pas étrangères et la Bible non plus. Une Bible qu’elle va citer avec justesse tout au long de son livre, lequel se lit avec intérêt et émotion.

mercredi, 06 avril 2016 16:40

L'invention d'un personnage

Pendant longtemps Proust ne travailla pas, occupé qu’il était à aller dans le monde, à écrire des lettres affectueuses et louangeuses à ses amis ou à des dames de l’aristocratie qui le recevaient dans leurs salons et leurs châteaux, à coucher avec des jeunes gens, du peuple pour la plupart. Mais il avait toujours conscience de perdre sa vie et son âme en futilités mondaines, et peu à peu il s’aperçut de l’insignifiance et du néant de l’amitié, du monde, des conversations et de l’amour. Un jour il cessa ses activités mondaines, s’enferma dans sa chambre comme le recommande Pascal et rappela ses souvenirs.[1]

A la recherche de 0,10. La dernière exposition futuriste de tableaux, Fondation Beyeler, Bâle
De l’avant-garde russe encore. Love in Times of Revolution. Artist couples of the Russian avant-garde,
Kunstforum de Vienne

Avec l’exposition A la recherche de 0,10, la Fondation Beyeler livre quelques-uns des plus grands noms de l’avant-garde russe, illustrés par des œuvres considérables, rarement, voire jamais, prêtées par les musées russes. Elle aborde, avec ce nouvel opus consacré à l’émergence de l’abstraction en Russie, cristallisé autour de la personnalité singulière de Kasimir Malevitch, un chapitre déterminant de l’histoire de l’art du XXe siècle. Mais au-delà de l’icône de son fondateur, l’exposition donne à voir des figures plus confidentielles, qui permettent d’apprécier la place des femmes, mais aussi des poètes ou des photographes. Ce sont là autant d’acteurs aux talents multiples qui participent de la période la plus féconde de l’art russe, dont la politique stalinienne aura finalement et malheureusement raison.

mercredi, 06 avril 2016 16:08

Ancrés dans leur temps

Youth, de Paolo Sorrentino et Dheepan, de Jacques Audiard

Avec Youth, le réalisateur italien Paolo Sorrentino m’a procuré le même genre d’expérience jubilatoire qu’avec son film précédent, La grande belleza, chef-d’œuvre qui avait obtenu en 2014 l’Oscar du meilleur film étranger. Youth se passe presque intégralement dans un hôtel de luxe[1] à Davos, dans les Alpes suisses. C’est là que Fred et Mick, deux octogénaires américains, ont l’habitude de se retrouver.

mardi, 05 avril 2016 15:21

Le voile découvert

Yasmina Foehr-Janssens, Silvia Naef et Aline Schlaepfer (éd.), Voile, corps et pudeur. Approches historiques et anthropologiques, Genève, Labor et Fides 2015, 288 p.

Le port du voile suscite des débats passionnels. En France, en Belgique, dans certains cantons suisses,[1] des dirigeants politiques estiment que la présence sur leur territoire de femmes qui se couvrent la tête et le visage constitue un danger pour la société et que, par conséquent, ils doivent légiférer. Invoquant la laïcité, l’égalité des individus et des sexes, ils bricolent des lois qui interdisent la «couverture faciale» ; des lois qui, plus que de sanctionner les contrevenantes, amènent à incriminer «l’autre» comme fauteur de « choc de civilisations».

mardi, 05 avril 2016 02:00

De la poésie théâtre

Sylvoisal, Le spleen de Satan et Actéon, Vevey, Le Cadratin 2015, respectivement 68 p. et 30 p.

Le spleen de Satan est un savant mélange de deux genres, la poésie et le théâtre. Après D’Amour, de Mort et d’Infidélité en 2012, notre mystérieux poète reprend la forme du dialogue poétisé qu’il avait déjà employée pour donner son interprétation personnelle de la fin de Tristan et d’Yseult. La première page, avant la levée du rideau, fait penser au prologue du jongleur qui annonce au public « l’étrange histoire » qu’il chantera, celle des mortels et des dieux, celles de « l’âme à ses démons livrée. » Mais ce qui suit est plus proche du théâtre de Racine que d’une chanson de Geste. Des dialogues en alexandrins entre l’Ame, l’Ange et Satan, qui sont ici personnifiés, nous amènent au cœur même du mystère de l’homme qui est « Abel et Caïn issus du même père ».

Il est une foiPour la deuxième édition d’Il est une foi, l'Eglise catholique romaine - Genève (ECR) donne rendez-vous à la population autour d’un riche programme : « 16 films, des débats et de belles occasions de rencontre ». Gérald Morin, qui fut pendant six ans l’assistant de Fellini, est le directeur artistique de la manifestation. Il explique les choix de cette édition, présentée sous le titre de Trouble : «Après avoir axé la programmation l’année dernière sur la période du Moyen Age, l’idée est de proposer une réflexion, à partir du cinéma, sur la situation de la religion catholique dans nos sociétés civiles : ce qu’elle apporte, comment elle est vécue de l’intérieur, les limites de l’institution quand elle est liée au pouvoir, etc.» Une situation qualifiée globalement de trouble.

Frère Roger de Taizé, Dynamique du provisoire. A l'écoute des nouvelles générations 1962-1968, Les Presses de Taizé 2014, 284 p.

En 1965 déjà, dans son livre Dynamique du provisoire que le pape Paul VI gardait toujours sur sa table, Frère Roger écrivait : « Autrefois, les schismes menaçaient. Aujourd'hui, c'est l'indifférence des plus jeunes. Ce que la nouvelle génération demande, c'est qu'on lui prouve qu'on vit l'Evangile dans sa fraîcheur première... en esprit de pauvreté, dans la solidarité avec tous et non seulement avec une famille confessionnelle ! Où est cette dynamique sinon dans un retour aux sources... une réconciliation. Car catholique ou protestantes, les générations montantes exigent la réforme des institutions vieillies. » Mais, poursuit-il, rien de durable ne s'accomplit sans une création commune ! Et cela, jour après jour, chaque membre de la communauté de l'Eglise participe à la recréation du corps tout entier. Et seul celui qui a le sens des continuités peut être au bénéfice du provisoire.

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