Hartmut Rosa
Résonance
Une sociologie de la relation au monde
Paris, La Découverte 2018, 536 p.
Résonance fait partie de ces livres rares qui font date parce qu’ils mettent en lumière une réalité méconnue qui permet d’expliquer toutes sortes de phénomènes apparemment sans liens entre eux.
Nicolas Bouzou, Julia de Funès
La comédie (in)humaine
Pourquoi les entreprises font fuir les meilleurs
Paris, Éd. de l’Observatoire 2018, 176 p.
«On travaille rarement pour réaliser un projet collectif, souvent pour gagner sa vie, souvent sans savoir trop pourquoi. C’est devenu une obligation sociale», constatent Nicolas Bouzou et Julia de Funès dans leur dernier ouvrage commun, La comédie (in)humaine.
Andrea Caracausi, Nicoletta Rolla, Marco Schnyder (dir.)
Travail et mobilité en Europe XVIe-XIXe siècles
Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion 2018, 270 p.
Rédigé par des historiens, ce livre comprend huit monographies présentant chaque fois un contexte social et géographique différent.
Pablo Picasso (1881-1973) Autoportrait, 1901, © Succession Picasso/2018, ProLitteris, Zurich, Photo: © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)/Mathieu RabeauL’artiste aurait pu s’en tenir à ses deux périodes, bleu et rose, qui sont à elles seules une œuvre en soi. Au-delà du génie des commencements, la Fondation Beyeler nous invite à découvrir un autre Picasso, infiniment plus mélancolique, aux antipodes de son œuvre future pas toujours amène et à laquelle les récentes expositions prêtent influences diverses et encombrants ingrédients de vie privée.
Prolongation jusqu'au 16 juin 2019!
Paysage aquatique (1840-1845) de William Turner © Tate, Londres 2019Il revient à l’Angleterre victorienne le mérite d’avoir su se forger (particulièrement durant les années 1860/1870) une esthétique propre, dont l’empreinte sera déterminante sur ses voisins outre-Manche. La Fondation de l’Hermitage à Lausanne entreprend avec ambition et originalité d’en relater l’histoire. À travers une sélection de près de 60 œuvres, l'exposition illustre la richesse de l’art anglais au XIXe siècle.
À découvrir du 1er février au 2 juin.
Ferdowsî (v.934-1020), Khayyâm (v.1048-1122), Rûmi (1207-1273), Sa’dî (1231-1292), Hâfez (1325-1389)… ces poètes sont ancrés dans la mémoire collective iranienne jusqu’à faire de leur tombe un lieu de pèlerinage. L’auteur, philosophe et romancier iranien, parle «d’adoration collective […] Se perdre dans l’instant fugitif d’un quatrain de Khayyâm, butiner une sentence de sagesse chez le "maître de la parole" qu’est Sa’dî, s’extasier au rythme torrentiel des transports d’un Mowlânâ (Rûmi), s’identifier à la geste héroïque d’un "pahlevân" -chevalier- dans le Livre des Rois (Ferdowsî) sont autant de voyages que le Persan a la possibilité d’effectuer selon ses disponibilités du moment.»
Daryush Shayegan
L’âme poétique persane
Paris, Albin Michel 2017, 216 p.
«La douceur du seringat est grisante: il y a dans ce parfum quelque chose qui remonte à des temps russes immémoriaux, et, pour moi, c’est aussi une résurgence du Mont Athos.» L’auteur, né en Russie (1881) et mort à Paris (1872) où il a émigré, évoque les deux pèlerinages qu’il a effectués aux sources du monachisme russe, le premier au Mont Athos (1927) et le deuxième dans l’archipel de Valaam, alors en Finlande (1935).
Boris Zaïtsev
Le Mont Athos et Valaam
Pèlerinage d’un écrivain russe
Genève, Editions des Syrtes 2017, 228 p.
Forgiven © Saje DistributionForgiven, de Roland Joffé, est un film palpitant et rare, parce qu’il présente le combat exemplaire pour le Bien mené par un chrétien. En l’occurrence, celui de l’archevêque anglican Desmond Tutu, en Afrique du Sud, en 1995. Les lois de l’apartheid sont abolies depuis trois ans et Mgr Desmond Tutu est nommé par le nouveau président Nelson Mandela à la tête de la Commission Vérité et Réconciliation, dont la mission est de solder des décennies de ségrégation raciale.
C'est un hymne à la vie qui illumine un des derniers recueils de poèmes de Bernard Dutoit, et c'est d'autant plus émouvant que ce poète est décédé le 4 janvier dernier, à l'âge de 85 ans.
Avec lui, nous traversons la nuit féconde d'un espoir qui ne déçoit pas tant elle est éclairée par l'étoile filante et «la lune qui visite la terre». Et «si elle devient plus noire s'opère une mystérieuse purification car il n'y a rien à voir».
Mais à chaque aurore, nous dit Bernard Dutoit, il nous faut tout miser sur la vie afin d'arriver sain et sauf au port. Garder le regard vif et acéré pour, en toute saison, s'émerveiller devant les couleurs de la nature qui s'entrechoquent. Même lorsque «l'hiver étend la nappe blanche pour le festin du silence».
Fatigué depuis bien longtemps déjà des poncifs de la théorie, de la philosophie et de la politique, Sylvoisal croit bien plus à la coïncidence de la bête et du saint. Et à celle de la vie et de la poésie. La poésie, c’est la jeunesse et le chant, c’est la voix et le corps; c’est la voix qui fait corps avec les vers; c’est le cœur meurtri, déchiré, souffrant. Alors que la philosophie donne «la voie du Progrès et de l’Histoire». Dans sa très belle préface de Poèmes à moi-même, Sylvoisal oppose la poésie à la philosophie; l’un est un enchantement et l’autre un simple jouet pour l’adulte.Avant de proposer une série de poèmes classiques, thématiquement liés autour de l’amour et de la mort. Ce sont les pensées d’un homme veuf qui, comme Bernanos, éprouve le désir vif de «voir», de «se voir» et de «se voir mourir», c’est-à-dire le désir de mourir pleinement lucide; de voir le secret de l’au-delà, de le contempler avec les yeux vivants, d’avoir ainsi la vision de sa mort.
Sous la direction du théologien Andreas Dettwiler, professeur ordinaire de Nouveau Testament à la Faculté de théologie de l’Université de Genève, les différents auteurs de ces études, des théologiens catholiques et protestants, font le point sur les recherches à propos du Jésus historique et cherchent à cerner le personnage. L’ouvrage est une suite d’articles, tous plus passionnants les uns que les autres, qui posent des questions précises.
Andreas Dettwiler (éd.)
Jésus de Nazareth. Études contemporaines
Coll. Le monde de la Bible, 72, Genève, Labor et Fides 2017, 304 p.
Même si parler d’un livre de poésie est une gageure, je vais essayer de le faire sans «intellectualiser» mais en me laissant porter par mon ressenti.
Auteur de nombreux recueils de poésie et de trois romans, Jean-Daniel Robert arrive encore à nous émouvoir. Il sait tisser ensemble silence et parole, solitude et amour, terre et chair, joie et tristesse pour aller «jusqu’au bout des mots […] jusqu’au bout des morts». Il nous fait voyager au fil des quatre saisons, dans l’espace et dans les sensations entre «lichens et tendresse / Humus et chair». Passeur de joie, «sourcier du soleil, il marie le feu et le gel pour se dessaisir des peurs / pour laisser place au vent. Il cultive les jachères des mots / où se mêlent bruyères et champs noirs… les labours de la parole/ où s’allient aube et crépuscule». Merci à ce poète qui nous fait découvrir l’enluminure du chemin, que les photos d’écorces et d’arbres d’Adriana Passini illustrent avec beauté et justesse.
Jean-Daniel Robert
Journal en poésie
Genève, Encre Fraîche 2018, 158 p.