Comment les petits pas d’un groupe de randonneur·euse.s peuvent-ils représenter un grand pas dans la marche de l’humanité vers des sociétés durables? Trois éditions d’une retraite spirituelle écologique m’ont permis de croire en cette improbable équation.
Julien Lambert (Paris, théologien et artiste) a étudié les Lettres et travaillé dans le théâtre et le journalisme à Genève. Jésuite ces sept dernières années, il a étudié la philosophie et la théologie au Centre Sèvres (Paris), tout en se passionnant pour l’écologie, le féminisme, le clown et la spiritualité.
Une chanson, une invocation et finalement nous sommes là, simplement là, dedans et en même temps pleinement dehors.
Chiara Mari, «artiste pélerine de la Lumière», comme elle aime se définir, convaincue que la beauté sauve le monde, invite chacun, dans ce petit billet, à suivre une voie tracée par Etty Hillesum et Antoine de Saint-Exupéry.
Le Père jésuite Federico Lombardi, ancien directeur du Bureau de presse du Vatican, a livré sur Vatican News, durant près de quatre semaines, ses réflexions sur la crise que traverse actuellement le monde. Cette série d'articles écrits durant la première vague de Covid-19 mérite d’être redécouverte, la seconde vague semblant encore plus dure à traverser pour nombre de personnes. Extraits choisis, pour en faciliter la lecture.
Jean-Blaise Fellay sj se souvient d’un conseil de rédaction de la revue choisir dans les années 70. La Covid-19 était encore loin. Pourtant les réflexions autour de notre relation au corps -bien que très différentes- étaient déjà au centre de toutes les attentions. «Nous étions dans la mouvance de mai 68. Le conseil était constitué majoritairement par de jeunes universitaires, doctorants ou assistants de hautes écoles. Les débats étaient passionnés et faisaient le désespoir du secrétaire de rédaction qui, de temps en temps, lançait: «Messieurs, le prochain numéro!» Ce rappel à l’ordre nous consternait, nous étions en train de refaire le monde et nous étions tout proches d’y parvenir. Il fallait changer l’Homme et la Société, et pour cela commencer au début. «Il faut habiter son corps», décréta l’un de nous, un théologien.
L’irruption de la Covid-19 a bousculé notre vivre ensemble, défiant notre aspiration à la fraternité, révélant nos peurs et nos fragilités. Qu’avons-nous appris sur nous et sur notre désir d’être en relation avec autrui, sur l’enthousiasme avec lequel nous veillons -ou non- sur nos frères et sœurs, sur le regard que nous portons sur eux? Et comment recevons-nous celui qu’ils portent sur nous?
Sabine Protais, bibliste, est directrice du Centre Sainte-Ursule; elle s’est formée à l’accompagnement spirituel à Manrèse (Clamart) et au Chatelard (Lyon).
L’isolement et le changement de rythme imposés par le confinement ont amené chacun à se poser des questions essentielles, tout en faisant corps avec les autres autour d’un projet commun: le soutien aux plus vulnérables. Une expérience sociétale et d’Église qui fait écho à la mission du Christ, accomplie à Pâques.
Étienne Grieu sj est géographe et recteur du Centre Sèvres (Paris), où il enseigne la théologie. Depuis quelques années, avec une équipe, il travaille à revisiter certaines questions théologiques classiques, comme la diaconie, à partir de ce que disent des personnes en situation précaire.
Les derniers instants de vie d’une personne aimée sont des moments d’une rare intensité. Ce partage est une expérience d’ordre spirituelle indéniable, particulière à chacun. L’automne passé, Fabienne Hutin a perdu sa mère, emportée par un cancer. Elle livre ici le témoignage de sa traversée.
Partir vers un ailleurs est le Départ, l’espérance suprême. La perte d’un être cher nous laisse pourtant au milieu d’un nulle part, sans force et avec un très fort sentiment d’injustice. Quand c’est une maman partie en trois mois, livrée à une maladie nous devançant toujours, sans nous laisser de répit, le manque devient incompréhensible...
Sur une fresque du Temple de Saint Gervais, à Genève, dans l’ombre de la petite chapelle ouest où se réunit chaque mercredi en fin de journée un petit groupe de prieurs, le visage d'un vieil homme m’intrigue. Sur un lutrin, un manuscrit est déposé qui semble attirer toute son attention. Mais sa tête est légèrement inclinée pour que son oreille gauche se rapproche le plus possible d’une source: la voix d’un ange, descendu du ciel, qui lui chuchote quelques mots que le vieil homme semble écouter avec étonnement et obéissance. Les historiens nous disent que sur cette fresque du XVe siècle, il s'agit de Marc écoutant l’ange lui dictant son Évangile.
Deux attitudes peuvent être adoptées face à la crise déclenchée par la pandémie du Covid-19. Nous pouvons, avec résignation, attendre que cela passe, ou en profiter pour réfléchir au sens que nous donnons à notre vie et nous mobiliser de manière créative. Le cardinal jésuite Michael Czerny sj est sous-secrétaire de la Section des migrants et des réfugiés du dicastère pour le service du développement humain intégral. Il propose une réflexion autour de ces deux voies, dans cet article publié le 22 avril 2020 sur Religión Digital et traduit en français ici.
Lorsqu’il me fut proposé de parler de l’idée du bonheur en fin de vie, je fus troublée et trouvai cela bien saugrenu, voire même déplacé… Puis, l’idée a fait son chemin et un souvenir précis m’est revenu. Je suis aumônier depuis quelques années à l’Hôpital cantonal de Genève. Ma mission consiste à visiter les malades qui en font la demande, pour un moment de soutien, d’écoute ou de prière. Notre équipe, interconfessionnelle, composée d’aumôniers catholiques et protestants, est aussi amenée à faire des nuits de garde à tour de rôle. Lors de ces gardes, les soignants ou les familles des patients font régulièrement appel à nous pour les soutenir et prier, selon les demandes qui nous sont faites, lorsqu’un malade arrive en fin de vie et que le temps est compté.
Rachel Wicht est aumônier catholique aux Hôpitaux universitaires de Genève.
«Le cœur me bat d’être là / dans le paradis des jours.»[1] En deux vers, le poète dévoile ce qu’il y a à savoir sur ces lieux énigmatiques où le ciel s’invite sur la terre. Oui, la porte de tels lieux s’ouvre bel et bien parfois devant nous, et en associant éden et rythme cardiaque, il nous souffle que le bonheur est affaire de vibration, mieux, de résonance: nous y goûtons quand je ne sais quoi vient à nous et nous emporte en élargissant et en élargissant encore l’espace devant nous.
Le théologien Yvan Mudry (Lausanne; journaliste et essayiste) est l’auteur de divers livres empreints de spiritualité. Ainsi de son dernier ouvrage, Le paradis des jours.
Réfléchissant à la peur, je me suis rappelé une expérience berlinoise au milieu des années 70. J’étais en Allemagne pour une formation spirituelle, celle que l’on fait chez les jésuites à la fin des études, après quelques années d’insertion professionnelle: il s’agit à la fois d’une sorte de bilan et d’une forme de renouvellement des racines spirituelles. Au loin brillaient les lumières du mur de Berlin, protégé par les féroces vopos…
Jean-Blaise Fellay sj, Villars-sur-Glâne, historien, a été directeur spirituel des séminaires diocésains des évêchés de Lausanne, Genève et Fribourg et de Sion, professeur à l’Institut Philanthropos et rédacteur en chef de notre revue durant 14 ans. Il tient une chronique régulière sur jesuites.ch.