La nouvelle saga d’Adam Price, produite en partenariat avec Arte, a passionné le Danemark dès sa sortie. Après le succès de la série Borgen, le réalisateur se glisse dans le quotidien d’une famille danoise issue d’une longue lignée de pasteurs. Au nom du père, cette ambitieuse série mêlant l’intime et le politique, questionne les notions de foi et d’engagement.
L’histoire se déroule dans le Danemark d’aujourd’hui, au cœur des relations de la famille Krogh, entre un père pasteur et ses deux fils. L’un se cherche encore et l’autre a suivi les traces de son père en devenant également pasteur. Johannes, le père, donne de lui-même une image engagée, sincère et à l’écoute de l’autre, mais dévoré par l’ambition, il bouscule tout sur son passage, à commencer par ses deux fils.
Marie Madeleine © Universal Pictures InternationalLe film Marie Madeleine est passé étonnamment inaperçu. Il a pourtant osé présenter cette femme non comme une séductrice devenue ascète, ou comme une amante secrète de Jésus, mais comme une apôtre de l’Évangile... comme l’ont déjà fait dans leurs écrits tant d’exégètes, féministes ou non. Derrière l’enjeu d’un meilleur accès des femmes aux responsabilités sociales et religieuses, transparaît celui, décisif, de la transition écologique, dans un monde et des Églises épuisés par le capitalisme et son grand-père... le patriarcat.
Alice Rohrwacher signe ici, à contre-courant, un film audacieux, délicat, inspiré de la figure de saint François d’Assise, et de sus fort bien interprété. Cofinancé par la Confédération helvétique et la RSI, coproduit par Martin Scorsese, Lazzaro Felice a obtenu (ex-æquo) le Prix du scénario au dernier festival de Cannes. Une palme méritée.
Une communauté paysanne en Italie cultive le tabac pour le compte d’une marquise qui se rend chaque été dans sa grande propriété, l’Inviolata. Dans ce hameau coupé du monde, le temps semble s’être arrêté à l’époque féodale: les paysans sont persuadés d’appartenir corps et biens à la propriétaire des lieux, et leurs conditions de vie et de travail relèvent du servage. Maltraités, exploités, ils abusent à leur tour de la bonté exceptionnelle de Lazzaro, un jeune homme doux, serviable et équanime, considéré comme le bâtard et l’idiot du village.
The Enemy © Lucid realitiesLa 24e édition du Geneva International Film Festival a pris fin le 10 novembre. Avec ses 32’000 visiteurs, le festival a confirmé son succès grâce à sa programmation de films et de séries télévisées de qualité. Mais c’est surtout son exploration des nouvelles pratiques numériques et de réalité virtuelle qui fait aujourd’hui sa spécificité. Le clou de l’édition 2018 a certainement été The Enemy, de Karim Ben Khelifa, une œuvre numérique immersive portant sur les guerres.
Le premier long métrage de Lisa Brühlmann, Blue my mind, est un drame fantastique réalisé en 2017. Il a obtenu le Prix du cinéma suisse 2018, avec trois récompenses à la clé: prix du meilleurs scénario, prix du meilleur film de fiction et prix de la meilleure actrice (Luna Wedler).
Lisa Brühlmann a commencé sa carrière en tant qu’actrice. Après un master à l’école de cinéma de Zurich, elle a décidé de se lancer dans la réalisation de films. Un choix judicieux au vu du succès qu'elle a rencontré pour cette œuvre.
Burning est un film sud-coréen qui a eu un très bon accueil critique au dernier Festival de Cannes, d’où il est pourtant revenu bredouille. Si l’intrigue est difficile à suivre, les qualités lyriques du film, par contre, sont évidentes.
Jongsu est le fils d’un modeste éleveur de bétail. Il rêve d’être écrivain, mais gagne sa vie en étant coursier. Lors d’une livraison, il rencontre une fille qui attire le chaland à l’entrée d’une galerie commerciale en exécutant une chorégraphie ridicule. Elle s’appelle Haemi, et elle reconnaît Jongsu: enfants, ils habitaient le même quartier.
En l'espace de deux mois, cette année, sont sortis trois films américains et deux films français traitant du christianisme.[1] De quel phénomène étrange ces vaguelettes venues d’outre-Atlantique et de l’aval rhodanien sont-elles le signe? Sont-elles nées d’une faille laissée béante par le mouvement de déchristianisation accélérée de nos sociétés occidentales? En tous cas, elles n’ont pas la même forme selon leur origine.
Patrick Bittar, Paris, réalisateur de films
Sorti en 2017, le documentaire L’étranger, de Kenneth Michiels, relate le parcours du Sénégalais Moussa Cissokho, tout juste débarqué en Belgique, et des enfants de l’équipe de football multiculturelle du BX Brussels dont il devient coach. Mais ce n’est pas à une histoire de compétition sportive que nous sommes conviés. Se déploie sous nos yeux une quête complexe d’intégration à plusieurs tiroirs, autour de la force unificatrice du football, d’un important travail social, et du courage de chaque protagoniste, adulte ou enfant.
Wim Wenders à la Berlinale 2015. © WikipediaArtiste exceptionnel, le cinéaste allemand Wim Wenders contribue depuis des années à la communication de l’histoire et des idéaux multiculturels de l’Europe. Son dernier documentaire, Le pape François, un homme de parole (dans les salles dès le 13 juin), poursuit d’ailleurs ce travail de fond. Un travail récompensé en octobre dernier, à Lisbonne, par la remise du Prix européen Helena Vaz da Silva pour la sensibilisation du public au patrimoine culturel. À cette occasion, l’écrivain Pedro Mexia, conseiller culturel du président du Portugal, lui rendait un bel hommage, revisitant son parcours et ses films.
De la liesse de la première heure, celle de sa nomination le 13 mars 2013, à la ferveur populaire qui prendra son apogée en Suisse le 21 juin prochain, qu’est-ce qui fait de ce pape François le saint homme qui séduit au-delà de son clocher? Premier admirateur du Saint-Père, le réalisateur allemand Wim Wenders lui dresse un portrait certes élogieux, mais qui ne tombe pas dans la béatitude. Le pape François - Un homme de parole sort ce 13 juin dans les cinémas suisses, la visite imminente du Pontife à Genève oblige.
Au titre Le pape François - Un homme de parole, Wim Wenders aurait sans doute pu ajouter: et d’actions. À maintes reprises, François exhorte à agir! Et il n’est pas le dernier à se mettre en marche, l’écriture d’encycliques telle Laudato si’, ses nombreux voyages et ses prises de position courageuses en sont les témoins.
Le Sacrifice est le septième et dernier film d'Andreï Tarkovski, comme une dernière page de son carnet de voyage qui l'emmènera vers la mort quelques temps après la fin du tournage. En partenariat avec la revue choisir, les rendez-vous cinéma de l'ECR Il est une foi proposaient ce film récompensé par le prix de la meilleure contribution artistique (Cannes 1986) le dimanche 6 mai à 17 heures.
Après sa projection, le Père Jean-Bernard Livio sj était l'invité de Patrick Bittar, chroniqueur cinéma de choisir, pour parler de l'apocalypse selon saint Jean. Archéologue et bibliste, il a mis en évidence les liens et dissonances entre le film du célèbre réalisateur russe et les écrits bibliques. Une vidéo de la discussion à visionner ci-dessous ou sur la chaîne YouTube des Jésuites de Suisse: https://youtu.be/mcGfMSgUgl8
Deux heures à l’esthétique soignée, un peu décalée par rapport à nos standards jésuites, pour évoquer la jeunesse d’Ignace, ses racines culturelles et sociales, sa conversion et sa période espagnole. C’est le passage du rêve d’un chevalier soldat à celui d’un chevalier du Ciel… On assiste, via divers flash-backs, au cheminement intérieur (le parcours des Exercices en fait) du fondateur de la Compagnie et à ses premiers apostolats. Le film s’arrête au franchissement des Pyrénées, sans rien montrer de l’Ignace de la maturité. Cependant, l’essentiel est dit de son expérience fondatrice et du style nouveau qu’il va déployer ensuite.