D’une actualité brûlante, Désinformation économique, le dernier livre de Myret Zaki, n’apprendra rien aux économistes. Mais il fourmille d’exemples tout à fait convaincants de la manipulation officielle des informations. Son sous-titre, Repérer les stratégies marketing qui enjolivent les chiffres officiels, pourrait laisser croire que l'ouvrage traite de stratégies commerciales de firmes qui cherchent à appâter le chaland. Or l’essentiel porte non pas sur le commerce, mais sur les tactiques des États et des officines qui leur sont liées pour manipuler l’opinion publique. Bien qu’il ait été écrit avant l’invasion de l’Ukraine, ce livre illustre bien l’argument.
Tout commence (2021) de Frédéric Choffat retrace la lutte pour le climat d’une jeunesse suisse qu’on qualifie volontiers de dorée, comme pour nous dédouaner à bas prix de nos inactions. Une carte postale douce-acide du surplace des milieux économiques et politiques en matière d’écologie qui pousse les activistes à manifester encore et toujours pour tenter de faire bouger le législateur. Ce film, tourné avant et pendant la pandémie, sera diffusé en première suisse au Festival du Film et Forum International sur les droits humains (FIFDH) le 5 mars prochain.
Les points d’orgue sont des fictions. L’obstination des symphonies à ne pas finir, à ne se taire qu’à regret au terme d’un chapelet de cataractes, c’est le refus, exprimé à coups de cuivres et de timbales, de la clôture abrupte des histoires. C’est à cela que j’ai pensé au moment où le dos de Lilan a glissé hors de ma vue.
Attaché à la forme brève, Adrien Bürki est auteur de nouvelles et de contes notamment, et réalisateur de courts et de moyens métrages. Lauréat du prix Georges-Nicole en 2019 pour Sur la chapelle (L’Aire 2019), il est bibliothécaire-documentaliste scientifique à l’Université de Lausanne et codirige la revue littéraire Archipel.
Nous vivons entourés d’images. Celles-ci ont même réussi à nous envahir. Toutes les formes existent et coexistent (écrans, affiches, cadres, faire-part, archives, banderoles, enseignes, signalisations, etc.) bousculant et complexifiant la notion de «transparence». C’est dans cette ambiguïté de taille que s’inscrit mon travail de photographe de rue.
Le XXe siècle nous aura tout fait voir, le renouvellement des sujets, des techniques et des matériaux les plus improbables. Tout devient objet artistique, la sociologie, la publicité, les idées avec l’art conceptuel, jusqu’au kitsch du plus mauvais goût qui atteint des sommets avec la supposée Merda d’artista (1961) de Piero Manzoni, vendue au poids selon le cours de l’or! Aujourd’hui, comme par une sorte de trop plein, on ose la dématérialisation des œuvres.
Geneviève Nevejan, Paris, journaliste et historienne d’art
Avec quarante-trois auteurs d’art brut, pour des centaines de dessins, peintures, sculptures, collages où règnent divinités, saints et mystères divers, l’exposition Croyances frappe les esprits. Dans le petit château de Beaulieu, où la Collection de l’Art Brut a été installée en 1976 suite à la donation du peintre et collectionneur Jean Dubuffet (1901-1985), l’atmosphère évoque les tréfonds mais aussi le merveilleux.
5e Biennale de l’Art brut, Croyances,
à la Collection de l’Art Brut, Lausanne, jusqu’au 1er mai 2022.
Conférences, films, visites et publications:
www.artbrut.ch
Cent destins de pionnières, lausannoises de naissance, de cœur ou de passage, aussi bien connues qu’inconnues ou oubliées, sont retracés dans un ouvrage collectif joliment illustré. Une brillante idée doublée d’une savante recherche qui invite à se décliner pour chaque ville suisse, et même au-delà. Des portraits instructifs et inspirants, alliés à une écriture claire, simple et fluide, qui sondent les obstacles que ces femmes ont dû battre en brèche selon les époques.
Dans son écrin lumineux surplombant le lac, à côté de la maison familiale de Ramuz, le musée d’art de Pully présente une remarquable collection privée. Au temps de Bonnard et Mucha (sous-titre de l’exposition), on cherchait autant la révolution des formes que le décloisonnement de l’art, notamment par l’affiche dans la rue.
La transformation numérique de nos sociétés ne cesse de produire ses effets, telle une longue vague déferlante qui n’en finit pas, comme l’illustre le livre Pour un numérique au service du bien commun qui vient de paraître. Elle impacte les relations individuelles, collectives et entre États, la vie démocratique, l’information, le travail et l’emploi... Cette technologie est très intéressante, passionnante même, porteuse d’avancées et de promesses, mais la compétition économique et la volonté de domination la détournent assez largement de ses objectifs initiaux qui étaient de faciliter les relations et la communication.
Un Christ en pied montrant ses plaies -un Christ de douleur en bois de noyer (1460-1470)- nous accueille à l’entrée de l’exposition CORPUS Le corps et le sacré, qui se tient au Musée d’art et d’histoire de Fribourg (MAHF) jusqu’au 27 février 2022. Cette exposition sur le corps et la corporéité, ponctuée depuis l’automne dernier de conférences, de visites guidées et d’ateliers, est la première d’un cycle qui jalonnera la programmation du MAHF ces prochaines années. Elle veut explorer les relations complexes et passionnantes entre le corps et le sacré.
Les 20 et 27 décembre 2021, les huit premiers épisodes de la série The Chosen (l’Élu) ont été diffusés en français sur C8, une chaîne du groupe Canal +. Cette série américaine sortie en 2017 a pour ambition de raconter la vie de Jésus à partir du regard de ses proches. Elle a la particularité d’être produite grâce au financement participatif et d’offrir sa première saison en libre accès sur internet.
La première saison débarque ce 2 février sur les écrans de Suisse romande. Elle sera intégralement projeté à Vevey, Aigle et Orbe, à raison de deux épisodes par soirée et des discussions après certaines projections.
Aujourd’hui plus que jamais, Georgia O’Keeffe (1887-1986) colle à notre époque qui veut célébrer les femmes artistes et la nature. La Fondation Beyeler l’illustre par une grande rétrospective de cette figure marquante de l’art moderne américain du siècle dernier, mettant en lumière sa façon particulière d’observer son environnement et de traduire sa vision de la réalité, au-delà peut-être de la féminité. À voir jusqu'au 22 mai 2022 à Bâle.