Zurich au début des années 1990. Depuis quelques années, les autorités ont décidé d'autoriser l'utilisation et la vente de drogues dans un parc au cœur de la ville (le Platzspitz) afin d’y contenir le problème. Chaque jour, jusqu'à 3000 toxicomanes suisses et étrangers viennent s'y approvisionner, principalement en héroïne. Le film Les enfants du Platzspitz s’ouvre sur la recherche par Mia, 11 ans, de sa mère Sandrine dans le chaos du Platzspitz. Naviguant entre les épaves humaines de ce mouroir à ciel ouvert, elle finit par la retrouver.
«Très populaire dans tout le nord de l’Europe, peu connu dans le monde francophone, Pierre Canisius est une des figures les plus impressionnantes des débuts de la Compagnie de Jésus. Sans appartenir à la génération des fondateurs, il est le type même du jésuite ordinaire.» C’est ce que relève Pierre Emonet sj, directeur de notre revue, dans l’ouverture de son récent ouvrage consacré à Pierre Canisius - L’infatigable réformateur de l’Église d’Allemagne (1521-1597) qui vient de paraître aux éditions Lessius.
Alors qu’on assiste à la montée des nationalistes, l’Europe de l’entre-deux-guerres sème les ferments d’un art libre et foisonnant. La vague mortifère liée à la guerre et aux ravages de la grippe espagnole n’est pas sans résonance avec la crise économique et sanitaire que traverse l’Europe d'aujourd'hui. C’est tout du moins ce que tente de démontrer le Kunsthaus de Zurich, dans une exposition qui souligne la permanence d’un héritage, cela dans tous les domaines de la création. L'exposition conjugue ainsi monde d’avant et monde d’après de l’effervescence des années vingt à Thomas Ruff.
Semer à tout vent, les années folles
jusqu’au 11 octobre, au Kunsthaus Zürich.
Dieu, le diable et la femme sont les trois principaux protagonistes de l’œuvre de Huysmans qui se déroule dans le Paris des messes noires, des sabbats de femmes hystériques, de prêtres diaboliques de la fin du XIXe siècle, toutes choses qui à l’esprit cartésien et jacobin d’un homme d’aujourd’hui semblent être des accessoires de mélodrame. Et cependant un homme comme Paul Valéry goûtait et prisait Huysmans. Valéry, qui avait reçu une éducation catholique, aimait les femmes et sans croire au dieu de Pascal pensait que le diable était un personnage sans lequel on ne fait pas grand chose. L’auteur de Mon Faust était-il hégélien à son insu?
JK Huysmans
Romans et nouvelles
Pléiade numéro 642
Paris, 2019 Gallimard, 1856 p.
Au fond rien ne change en eux, et cela depuis près d’un demi-siècle. Ils demeurent dans la vie et dans l’art fidèles, l’un à l’autre, mais aussi à leur volonté de dire le monde pour le meilleur et pour le pire.
Gilbert & George jusqu’au 18 octobre, Museo Casa Rusca, Locarno
Elohîm et YHWH sont les deux vocables pour désigner le dieu de la Bible. François Rachline, universitaire et écrivain, explore la relation qu’entretient le monothéisme avec une divinité qui est tout à la fois plurielle (Elohîm) et indicible (YHWY), en plus de l’ambiguïté grammaticale entre un sujet pluriel et un verbe au singulier. De là découlent les difficultés de la traduction.
François Rachline
Un monothéisme sans Dieu
Paris, Hermann 2018, 92 p.
Fin XIXe siècle, rares sont les femmes à entreprendre des voyages d’exploration, sauf en accompagnatrices courageuses et effacées de leur mari explorateur. Isabelle Massieu, veuve fortunée d’un avocat de province sous la Troisième République, a fait exception dans de longs voyages au Proche-Orient et en Asie dans les années 1890. «Il me semble que nous avons tout intérêt l’horizon de nos idées, à nous rendre compte de ce qui se fait au-dehors, à observer d’autres initiatives que les nôtres, d’autres manières de comprendre la vie.»
Isabelle Massieu
Comment j’ai parcouru l’Indo-Chine. Birmanie, Etats Shans, Siam, Tonkin, Laos
Genève, Olizane 2018, 292 p.
La doctrine du Réformateur a nourri bien des diatribes touchant le rapport-au-monde de l’être humain, du chrétien et du saint. D’une riche compilation de citations et de références, le professeur de l’Université de Genève tire quelques points saillants sous le terme controversé d’«éthique».
François Dermange
L’éthique de Calvin
Genève, Labor & Fides 2017, 320 p.
Un roman, de la poésie, un hymne à l’amour! Son auteur, Jean Ajalbert (1863-1947), journaliste et poète, a entrepris un long voyage en Indochine au début du XXe siècle. Du Laos, il nous rapporte ce roman.
Jean Ajalbert
Sao Van Di. Un amour laotien
Préface de Matthias Huber
Genève, Olizane 2019, 242 p.
Regarder, étudier, admirer, ressentir, s’émouvoir… La couleur, le bonheur et l’art s’entremêlent et se répondent dans deux beaux écrins publiés aux éditions Phaidon. L’occasion d’une plongée passionnante, en écho au nouveau numéro de choisir, dans le richement documenté L’histoire de la couleur dans l’art et le récréatif Mon premier livre d’art: le bonheur, pour un premier éveil émotionnel dès la prime enfance.
«La foi exige un cheminement, une sortie, elle fait des miracles si nous sortons de nos certitudes commodes, si nous quittons nos ports rassurants, nos nids confortables.» Cette invitation du pape François à sortir des sentiers battus ouvre le guide du journaliste Emmanuel Tagnard sur la Via Jacobi. Un guide sous forme de carnet de route, qui invite son lecteur à la découverte des trésors naturels, culturels et des lieux spirituels qui jalonnent la Suisse d’Est en Ouest, du lac de Constance au bords du Léman.
Depuis sa sortie sur Netflix fin mars dernier, le succès de la minisérie allemande Unorthodox ne se dément pas. Saluée par la critique et figurant dans la rubrique des émissions les plus plébiscitées de la plateforme, l’histoire raconte l’émancipation d’une jeune juive étasunienne hors de sa communauté ultra-orthodoxe. Malgré une interprétation des protagonistes principaux plus que brillante, la série souffre d’un manque de réalisme dommageable, entre personnages taillés à «l’emporte-pièce» et binarité de l’histoire.