Il y a deux colonnes vertébrales à ce récit d’une enfance meurtrie. L’une fissurée, effritée même, marquée par le désamour parental et l’exil politique; l’autre, qui tient lieu de charpente, est imbibée de la tendre affection d’une tante, du soleil iodé illuminant les rues de Tunis, et du plaisir de lire et d’écrire. Danielle Dalmas était, comme on les appelait alors, une pied-noir qui a quitté adolescente sa Tunisie natale, en proie aux heures houleuses de l’indépendance, pour gagner avec sa famille Annemasse, en Haute-Savoie.
Convoquer les grands cinéastes qui ont posé leur caméra au centre des choses pour capter la beauté du monde est réjouissant, tant la nature a séduit et inspiré de nombreux metteurs en scène. Mais jamais l’équilibre de notre environnement n’a paru si fragilisé! Du 4 au 8 mai 2022, la 7e édition des Rendez-vous cinéma de l’ECR - Il est une foi traitera à la fois de la nature et de l’homme augmenté, de la transition écologique et de l’intelligence artificielle,[1] en jonglant autour du thème Création, re-création. Dix films sur la nature et treize sur le transhumanisme seront projetés.
Mano Khalil reste critique, humain et mélancolique dans son nouveau film largement autobiographique, qui se déroule dans un petit village à la frontière turco-syrienne. Voisins a été présenté en première mondiale aux Journées de Soleure en janvier dernier et a ensuite été projeté au Festival du film de Locarno. Aujourd'hui, le réalisateur kurde fait partie intégrante de la scène culturelle suisse, mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Sortie le 20 avril sur nos écrans.
Le dernier livre de François-Xavier Amehrdt, Évangile et musique, pourrait convaincre les néophytes comme moi dans l’art musical sur l’importance de l’écoute. Dans sa création si harmonieuse, Dieu n’a-t-il pas attribué à chacune de ses créatures la capacité à émettre un son qui lui est propre, un timbre reconnaissable entre tous? L'ouvrage vise à explorer la voie de la beauté musicale. Car, comme toute beauté authentique, celle-ci peut ouvrir notre cœur à la grâce divine. L'auteur présentera ce livre à Genève dans le cadre d’Un auteur un livre, le 30 avril à 11h00 au temple de la Madeleine.
Deux déesses ici sont honorées, deux religions sont pratiquées: l’amitié et la littérature. Pour relier les deux: la lettre. Un autre art: l’art épistolaire. On s’écrit d’abord les uns aux autres, on veut être lu par ses pairs, jugé, critiqué. On se querelle parfois, signe que le dieu qu’on sert est vivant, mais on écrit toujours pour un petit nombre. Le grand nombre n’existe que pour les éditeurs et les journalistes, quand la littérature entre dans le cycle commercial. Car on n’est vrai qu’entre gens de même métier. Le livre de Philippe Berthier, Amitiés d’écrivains, s’adresse au premier chef à ceux qui ont dilaté leurs pupilles et voûté leurs épaules sur des feuilles de papier couvertes de mots, non pour de l’argent ni pour la gloire, mais parce que les mots leur ouvraient les portes de ce qui dans ce monde se rapproche le plus du royaume des cieux.
Premier roman remarqué et remarquable pour la jeune auteure romande Fanny Desarzens. Galel est sans aucun doute de la veine des récits des écrivains suisses qu’elle affectionne, C.F. Ramuz et Corinna Bille en tête. Une écriture singulière, lente, minérale, poétique, au vocabulaire sans fard et senti avec justesse. Un style brut qui colle à celui de ces montagnards qu’elle décrit si finement.
Le film Man of God, de la réalisatrice serbe Yelena Popovic, retrace la vie de Nectaire d’Égine (Nektarios), un saint de l’Église grecque orthodoxe, interprété par Aris Servetalis, qui partage l'affiche avec la star russe Alexandre Petrov et Mickey Rourke. L'homme de Dieu a remporté en 2021 le prix du public du 43e Festival international du film de Moscou. «Dans un monde qui a répudié l’Évangile et abandonné l’idée que la vie est un processus piloté par l’inspiration et par la croyance en un ordre supérieur, le film de Yelena Popovic a quelque chose de salutaire», note le Emir Kusturica, un autre cinéaste serbe.
Cet ouvrage collectif raconte la passionnante aventure déployée sur près de 30 ans qui a conduit à la constitution du Groupe citoyen «Culture religieuse et humaniste à l’école laïque» à Genève (Groupe citoyen) et à l’inscription de l’article 11 dans la loi sur la laïcité de l’État acceptée par le peuple du bout du Lac, le 10 février 2019: «Dans le cadre de scolarité obligatoire au sein de l’école publique […], il est dispensé l’enseignement du fait religieux dans sa diversité.» Un livre qui est fort bien documenté et d’une grande clarté. Pour ce faire, le Groupe citoyen a sollicité la collaboration de l’Institut d’études de la citoyenneté de l’Université de Genève (InCite) pour lui confier ses archives à des fins d’évaluation et de mise à disposition du grand public.
Emmanuel Rolland et Henry Fauche ont eu l’heureuse initiative de convaincre Francine Carrillo de publier quelques-unes de ses prédications. Ce livre sera donc une piqûre de rappel pour celles et ceux qui les ont entendues et une ouverture à la méditation pour les autres. Dans la fidélité à l’Évangile, elle nous incite à «inventer et non pas simplement répéter ce que (nous avons) entendu» dans la promesse d’un Sens sans cesse renouvelé. Ces méditations bibliques s’articulent autour de neuf mots, accompagnés chacun par une calligraphie hébraïque, œuvre de l’auteure.
Chaque trimestre, la revue choisir présente une sélection de recensions d'ouvrages.
Anne Brécart
La Patience du serpent
Chêne-Bourg, Zoé 2021, 190 p.
Henry Mottu
James H. Cone. La théologie noire américaine de la libération
De Martin Luther King au mouvement Black Lives Matter
Lyon, Olivétan 2020, 160 p.
En bon connaisseur de la théologie protestante aux États-Unis, Henry Mottu, pasteur et professeur honoraire de la Faculté de théologie de l’Université de Genève, offre une présentation claire et bien documentée d’un des représentants les plus connus de la théologie noire américaine de la libération: James H. Cone (1936-2018).