Le Synode pan-amazonien, qui se déroule au Vatican du 6 au 27 octobre 2019, soulève beaucoup d’espoirs, d’incompréhensions et de passions au sein de l’Église. C’est normal, car il propose de trouver, avec les premiers concernés -soit les peuples indigènes de la région- de nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale. Une Église au visage amazonien.
Le jésuite Joel Thompson (ingénieur électricien et diplômé en Sciences de l’environnement et du développement) vit dans le Rupununi, au centre de la République coopérative du Guyana, où il accompagne et forme de jeunes adultes de seize villages. Cette région frontière avec le Brésil abrite principalement les peuples amérindiens macuxi et wapinxa.
Le missionnaire et sa mission suscitent beaucoup d’émotions, d’interprétations… et de malentendus. Comment s’y retrouver et, à fortiori, comment répondre à l’appel du pape d’organiser un Mois missionnaire extraordinaire en octobre 2019? La bonne nouvelle, c’est que François s’est clairement positionné sur la question. Et avant lui saint Paul, et encore avant, le Christ!
Matthias Rambaud est coordinateur romand du Mois missionnaire extraordinaire chez Missio (Œuvres pontificales missionnaires en Suisse). Il est aussi entrepreneur et agent pastoral en formation.
Un colloque des conférences épiscopales de France, de Suisse et d’Allemagne s’est achevé ce mercredi 27 mars à Paris sur un vibrant appel à ne pas sacrifier l’intérêt général de l’Europe à des tendances populistes ou à des intérêts nationalistes. Des représentants des mondes politique, scientifique et économique ainsi que de la société civile et de l’Église ont discuté, ces deux derniers jours, de l’avenir de l’idée européenne, dans un «Dialogue sur le bien commun européen». Parmi eux, le jésuite Gaël Giraud sj, économiste en chef à l'Agence française du développement. Cette conférence répondait à la conviction que la relance du projet européen nécessite une redéfinition du bien commun.
Étienne Perrot sj, Lyon, économiste et enseignant invité à l’Université de Fribourg.
Travail: le mot reste le même, la chose est en constante transformation, au point de bouleverser la théorie comme la pratique. Réagissant aux événements politiques et sociaux, la Doctrine sociale de l’Église ne cesse de s’adapter. Chaque texte pourrait reprendre le titre de la première des grandes encycliques sociales, Rerum novarum (1891), littéralement: «Au sujet des choses nouvelles». Parmi ces nouveautés, le développement intégral et la financiarisation.
Le pape François a introduit dans le débat public la question du cléricalisme. Il y voit une dérive majeure pour l’Église. Dès son intronisation, à sa première prise de parole, il donne le ton par un «bonsoir». Pas de grande invocation doctrinale ou religieuse, simplement la salutation d’un voisin à son voisin. Autre modification significative, les souliers noirs, des souliers de tous les jours, pas des pantoufles blanches, ni des mules pontificales. Il réside à Ste-Marthe, où il avait logé comme cardinal de passage, pas au palais du Vatican. Il mange dans le réfectoire commun, à la grande surprise des hôtes visiteurs. Rompre avec le faste, le cérémonial, l’évêque de Rome se veut près de son peuple, de la vie ordinaire. Il croit que c’est une dimension fondamentale de l’Évangile.
«Église cléricale», «théologie patriarcale», «comportements antiféministes», «attitudes misogynes» qui criminalisent les femmes sans effleurer les partenaires masculins, autant de bonnes raisons que des politiciennes ouvertement féministes ont de se désolidariser de l’Église catholique romaine.
Dans un communiqué de presse du 19 novembre 2018, le pas a été franchi par «six féministes catholiques suisses alémaniques bien connues». Les signataires annoncent leur décision de «quitter l’Église» soit, pratiquement, de ne plus verser leur contribution ecclésiastique.
«Des fonctionnaires du Vatican sanctionnent un enseignant allemand parce qu’il traite des homosexuels avec respect!... Si l’affaire n’était pas aussi affligeante, elle ferait rire.» Le jésuite allemand Klaus Mertes s’exprime sans détours. Directeur du Collège jésuite Saint-Blaise, dans la Forêt-Noire, il a publié dans Die Zeit, le 11 octobre passé, un commentaire à propos de l’affaire du Père Ansgar Wucherpfennig sj, remettant cette décision dans le contexte des luttes d’influence au Vatican.
Pour rappel des faits, Ansgar Wucherpfennig sj est recteur de la Faculté jésuite de théologie Saint-Georges, à Francfort. Il vient de voir sa réélection bloquée par la Congrégation pour l’éducation catholique à cause, notamment, de propos qu’il avait tenu sur l’homosexualité un an auparavant, le 14 octobre 2016, dans le Frankfurter Neue Presse.
L’Église catholique défend une ligne radicale à l’encontre de l’avortement, dont le pape François ne se démarque pas. Lors de l’audience générale sur la place Saint-Pierre du 10 octobre 2018, il a à nouveau fustigé l’avortement, le comparant au recours à un tueur à gages. Cette sévère prise de position divise les catholiques, même au sein de populations considérées à tort jusque-là comme fidèles aux directives de l’Église. Cet été, en Argentine, l’avis de l’Église a conduit le Sénat à rejeter un projet de loi pour la légalisation de l’avortement. Une décision qui en a révolté plus d’uns et d’unes, et qui a mené à la création de No en mi nombre, une campagne d’apostasie collective qui défie l’Église du pays et qui frappe d’autant plus les esprits qu’elle a lieu dans le pays d’origine du pape.
choisir n° 689) et qui a été éditée en partie dans Échos des jésuites de Suisse, le supplément de notre revue.
Bruno Fuglistaller sj est supérieur de la Communauté jésuite de Genève. C’est aussi un prêtre engagé au Service de la formation de l’Église locale, un membre du conseil de rédaction de choisir et un accompagnateur expérimenté des Exercices spirituels. Peut-il imaginer un éventuel accueil de femmes dans la Compagnie de Jésus? Et comment voit-il l’évolution de l’accompagnement spirituel? Une interview qui prolonge nos deux dossiers de cet automne (Tant que ne seront pas révélées les discriminations du droit canon envers les femmes, tant que les clercs refuseront le partage du pouvoir avec les laïcs, tant que les femmes catholiques ne se seront pas révoltées contre leur infériorisation, la place de ces dernières dans l’institution n’évoluera pas.
Agnès de Préville, journaliste, et Sabine Sauret, bibliste, sont connues sous leur pseudonyme de plume, Maud Amandier et Alice Chablis, pour leur livre Le déni, enquête sur l’Église et l’égalité des sexes. «Ils sont au pouvoir, elles sont au service», préface de Joseph Moingt sj (Paris, Bayard 2014, 372 p.).
L’un des arguments fréquemment avancés contre l’ordination des femmes est la recherche de l’unité au sein de l’Église universelle: toutes les cultures et mouvements catholiques n’étant pas prêts à une telle éventualité, seul le maintien du statu quo éviterait de nouvelles divisions. Un danger bien plus fondamental, dont pourraient nous prémunir des femmes diacres, guette pourtant les Églises d’Occident, nous dit Stefan Kiechle s’appuyant sur l’exemple allemand.
Stefan Kiechle est rédacteur en chef de Stimmen der Zeit et délégué de la Province jésuite allemande pour la spiritualité ignatienne. Il a été provincial des jésuites d’Allemagne de 2010 à 2017. Cet article est paru dans la revue jésuite Stimmen der Zeit, en mai 2018.