Le pape a donné ses chaussures lors de la Marche Mondiale pour le Climat à Paris. Le pape François a introduit dans le débat public la question du cléricalisme. Il y voit une dérive majeure pour l’Église. Dès son intronisation, à sa première prise de parole, il donne le ton par un «bonsoir». Pas de grande invocation doctrinale ou religieuse, simplement la salutation d’un voisin à son voisin. Autre modification significative, les souliers noirs, des souliers de tous les jours, pas des pantoufles blanches, ni des mules pontificales. Il réside à Ste-Marthe, où il avait logé comme cardinal de passage, pas au palais du Vatican. Il mange dans le réfectoire commun, à la grande surprise des hôtes visiteurs. Rompre avec le faste, le cérémonial, l’évêque de Rome se veut près de son peuple, de la vie ordinaire. Il croit que c’est une dimension fondamentale de l’Évangile.
«Église cléricale», «théologie patriarcale», «comportements antiféministes», «attitudes misogynes» qui criminalisent les femmes sans effleurer les partenaires masculins, autant de bonnes raisons que des politiciennes ouvertement féministes ont de se désolidariser de l’Église catholique romaine.
Dans un communiqué de presse du 19 novembre 2018, le pas a été franchi par «six féministes catholiques suisses alémaniques bien connues». Les signataires annoncent leur décision de «quitter l’Église» soit, pratiquement, de ne plus verser leur contribution ecclésiastique.
Université Saint-Georges, à Francfort«Des fonctionnaires du Vatican sanctionnent un enseignant allemand parce qu’il traite des homosexuels avec respect!... Si l’affaire n’était pas aussi affligeante, elle ferait rire.» Le jésuite allemand Klaus Mertes s’exprime sans détours. Directeur du Collège jésuite Saint-Blaise, dans la Forêt-Noire, il a publié dans Die Zeit, le 11 octobre passé, un commentaire à propos de l’affaire du Père Ansgar Wucherpfennig sj, remettant cette décision dans le contexte des luttes d’influence au Vatican.
Pour rappel des faits, Ansgar Wucherpfennig sj est recteur de la Faculté jésuite de théologie Saint-Georges, à Francfort. Il vient de voir sa réélection bloquée par la Congrégation pour l’éducation catholique à cause, notamment, de propos qu’il avait tenu sur l’homosexualité un an auparavant, le 14 octobre 2016, dans le Frankfurter Neue Presse.
Campagne d'apostasie en Argentine 2018 © Miradas del centro L’Église catholique défend une ligne radicale à l’encontre de l’avortement, dont le pape François ne se démarque pas. Lors de l’audience générale sur la place Saint-Pierre du 10 octobre 2018, il a à nouveau fustigé l’avortement, le comparant au recours à un tueur à gages. Cette sévère prise de position divise les catholiques, même au sein de populations considérées à tort jusque-là comme fidèles aux directives de l’Église. Cet été, en Argentine, l’avis de l’Église a conduit le Sénat à rejeter un projet de loi pour la légalisation de l’avortement. Une décision qui en a révolté plus d’uns et d’unes, et qui a mené à la création de No en mi nombre, une campagne d’apostasie collective qui défie l’Église du pays et qui frappe d’autant plus les esprits qu’elle a lieu dans le pays d’origine du pape.
Bruno Fuglistaller sj © jesuites.chBruno Fuglistaller sj est supérieur de la Communauté jésuite de Genève. C’est aussi un prêtre engagé au Service de la formation de l’Église locale, un membre du conseil de rédaction de choisir et un accompagnateur expérimenté des Exercices spirituels. Peut-il imaginer un éventuel accueil de femmes dans la Compagnie de Jésus? Et comment voit-il l’évolution de l’accompagnement spirituel? Une interview qui prolonge nos deux dossiers de cet automne (choisir n° 689) et qui a été éditée en partie dans Échos des jésuites de Suisse, le supplément de notre revue.
Stefan Kiechle est rédacteur en chef de Stimmen der Zeit et délégué de la Province jésuite allemande pour la spiritualité ignatienne. Il a été provincial des jésuites d’Allemagne de 2010 à 2017. Cet article est paru dans la revue jésuite Stimmen der Zeit, en mai 2018.
L’un des arguments fréquemment avancés contre l’ordination des femmes est la recherche de l’unité au sein de l’Église universelle: toutes les cultures et mouvements catholiques n’étant pas prêts à une telle éventualité, seul le maintien du statu quo éviterait de nouvelles divisions. Un danger bien plus fondamental, dont pourraient nous prémunir des femmes diacres, guette pourtant les Églises d’Occident, nous dit Stefan Kiechle s’appuyant sur l’exemple allemand.
©Wikipedia/Reinhard DietrichGarant de l’indépendance du Saint-Siège, l’État de la Cité du Vatican conserve avec précaution ses prérogatives régaliennes. Justice, citoyenneté, ou encore maintien de l’ordre sont donc assurés par des entités relevant directement du pouvoir du successeur de Pierre, chef absolu de ce territoire de 44 hectares. L’article 3 des accords du Latran (1929) stipule que l’État du Vatican est créé “pour des fins spéciales“ -c’est-à-dire spirituelles. Pour autant, la vie quotidienne y est régie comme dans n’importe quel pays.
Catho-fitness devant l'église Ste-Suzanne, à la Réunion, novembre 2017Danser collectivement la zumba et chanter en cœur sur le parvis d’une église pour célébrer Dieu dans la bonne humeur n’est pas si incongru. Ce concept dynamique alliant sport et foi a récolté un beau succès à La Réunion, même si certains ont regretté son côté «trop décontracté» ou y ont même vu un rite «païen»! La fête, plus sérieuse qu’elle n’y paraît au premier abord, était porteuse de sens. Danse et musique ne sont-ils pas souvent associées à la louange dans la Bible? Retour sur cet événement baptisé catho-fitness par l’un de ses instigateurs, Sébastien Vaast sj, prêtre jésuite installé à Saint-Denis et aumônier d’université.
Décembre 2017: le ministre de la Justice Peter McCellan et le gouverneur général, pendant la signature du rapport.Jésuite chilien, le Père Agustín Moreira Hudson vient de signer -dans la revue jésuite Mensaje de mars-avril 2018- un article sur les conclusions de la Commission australienne sur les abus sexuels rendues en décembre dernier qui proposent notamment des actions visant à décentraliser le pouvoir, à mieux inclure la population laïque, à avoir un système participatif lors de la sélection des évêques, à plus de travail dans la formation des prêtres et à réformer le Code de droit canonique de manière à faciliter les investigations et les sanctions. Mensaje a aimablement autorisé choisir a publier ci-dessous la traduction française de cet article.
Grégoire Catta sj est membre du Centre de recherche et d’action sociales (Ceras). Bruno Saintôt sj est responsable du département Éthique biomédicale du Centre Sèvres. Cet article est paru dans la revue jésuite Projet (n° 359, Paris, été 2017), dans leur dossier Fécondité : un enjeu pour la planète ? À consulter pour prolonger la réflexion.
La position de l’Église sur la pilule et le préservatif lui a valu bien des critiques et bien des divisions en son propre sein. Mais, progressivement, elle évolue du point de vue pastoral. Surtout, ce contentieux moral ne saurait résumer le discours catholique qui fait aussi de la démographie un enjeu d’éthique sociale.
Ça y est, la Campagne de Carême 2018 a démarré en Suisse sous un optimiste slogan, invitant à créer tous ensemble le monde de demain. Elle appelle à ne pas baisser les bras, mais à agir sur soi et sur le monde. À travailler à notre transformation intérieure et à s’impliquer politiquement en vu du bien commun.
Dans les rues de Lima ©Antonio Spadaro sjLa dernière et unique visite d'un pape (Jean Paul II) au Pérou et au Chili remontait à une trentaine d'années. C'est dire si le voyage de François était attendu. Six jours éclair qui viennent de s'achever, le 21 janvier dernier. Au Chili, l'accueil a été plutôt réservé, en deçà des prévisions. Au Pérou, la ferveur et l'enthousiasme collectifs ont agréablement étonné le Saint-Père habitué pourtant à l'émotivité chaleureuse latino-américaine. Plus d'un million de personnes ont assisté à la messe dominicale dans la soirée du 21 janvier à Lima.