Des voix s’élèvent en France et en Israël contre la fourniture en masse de drones tueurs au gouvernement chiite de Bakou. Dans une Lettre à un frère rabbin, rendue publique le 12 octobre 2020, l’historien Philippe S. Sukiasyan, diacre de l’Église apostolique arménienne de France, interpelle le rabbin Mickaël Azoulay, de la synagogue de Neuilly-sur-Seine, sur les ventes d’armes israéliennes sophistiquées à l’Azerbaïdjan, qui les utilise contre les Arméniens de l’enclave du Haut-Karabagh. Plus largement, la communauté arménienne en France s’inquiète aussi de l’étrange silence des grandes Églises chrétiennes et des autres communautés religieuses françaises face au drame du Haut-Karabagh.
Les bruits de botte ont repris ce 27 septembre dans le Caucase. Depuis trois décennies, l'Arménie et l'Azerbaïdjan s’affrontent aux confins de l'Europe pour l'enclave du Haut-Karabagh. Deux armées bien équipées se font face, enterrées dans des tranchées creusées par leurs pères et leurs grands-pères. Parfois, elles se heurtent. Au moins 342 soldats et 24 civils ont perdu la vie dans des affrontements depuis cinq ans. La paix peut-elle s’imposer après tant d’années? Le journaliste Harald Maass et le photographe Didier Ruef proposent une plongée poignante dans cette région meurtrie, à l’articulation entre l'Europe et l'Asie, qu'est le Haut-Karabagh. Un pays qui n'existe pas vraiment, et où propagande, formation militaire à l'école et guerre font le quotidien de la population.
Le candidat démocrate pour la présidentielle américaine du 3 novembre, Joe Biden, a intégré dans son programme une augmentation de la fiscalité sur les hauts revenus. Une mesure qui répondrait aux importantes baisses d'impôts concédées par Donald Trump aux plus riches, dans la droite ligne du mouvement amorcé par Donald Reagan en 1981. Pour des questions pragmatiques, deux économistes français de l'Université de Berkeley, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, ont remis en question ce système fiscal. Leur livre a eu un certain retentissement aux États-Unis et a été traduit en français ce printemps. L'économiste jésuite Étienne Perrot y revient.
Le célèbre magazine jésuite America a attaqué le président américain Donald Trump avec une extrême sévérité et a mis en garde contre sa réélection. L'administration Trump a «sapé l'ordre constitutionnel dans une mesure sans précédent dans l'histoire américaine moderne», ont déclaré les éditorialistes, dont la principale préoccupation n'est pas les positions politiques du président sortant, «certaines fausses et certaines bonnes», mais le «mépris de Trump pour le système de lois et de coutumes du pays qui crée les conditions nécessaires pour le débat, la prise de décision et la responsabilité publique dans cette république». Ils poursuivent en disant que «Trump a sapé l'état de droit en politisant le ministère de la Justice et en intervenant dans ses délibérations et enquêtes de manière sans précédent.»
Lors des votations fédérales du 29 novembre 2020, le peuple suisse se prononcera sur la proposition d’un article constitutionnel exigeant que les multinationales basées en Suisse soient tenues responsables quand les entreprises qu’elles contrôlent à l’étranger violent les droits humains ou dégradent l’environnement (pour une présentation plus précise de l’initiative: www.initiative-multinationales.ch). Agent pastoral de l’Église catholique dans le canton de Vaud, engagé dans la pastorale œcuménique dans le monde du travail et en charge de la promotion de l’enseignement social de l’Église, Jean-Claude Huot relit l'initiative au regard de l'encyclique du pape François Laudato si'.
Les crises sont des accélérateurs et des révélateurs de tendance. Celle du coronavirus n’échappe pas à la règle. Cette parenthèse sanitaire est un facteur aggravant et non pas déclenchant de la crise économique. Elle a mis à nu les plus faibles, les oubliés du marché de l’emploi, auprès de qui le principe de travail-dignité ne semble pas s’appliquer.
Jean-Marie Brandt, économiste et enseignant, enseigne à Connaissance 3, à l’Université populaire de Lausanne et au Service de formation des adultes de l’Église catholique du canton de Vaud. Il a dirigé les Impôts du canton de Vaud. Il est co-auteur de C’est l’emploi qu’on assassine (St-Maurice, St-Augustin 2019), recensé in choisir n° 693, p. 80.
Les effets économiques de la crise du coronavirus sont loin d’avoir été mesurés, ni même prévus. Les spécialistes, souvent catégoriques, défendent chacun des points de vue différents, en fonction des solutions qu’ils envisagent. Une certitude, l’heure n’est pas à l’optimisme et la crise est appelée à durer.
Étienne Perrot sj, économiste, est professeur invité à l’Université de Fribourg. Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’argent et le discernement managérial, dont Refus du risque et catastrophes financières (Paris, Salvator 2011, 296 p.). Prochain livre, à paraître cet automne, Esprit du capitalisme, es-tu là? (Paris, Lessius).
La crise du coronavirus a donné lieu à des réactions contradictoires. Parmi les points faisant consensus figure la recherche d’un meilleur équilibre entre commerce international et autonomie locale. À force de délocalisations, chaque pays s’est retrouvé bien trop dépendant de producteurs à l’autre bout du monde. L’agriculture est ici un cas d’école.
René Longet, expert en durabilité, est président de la Fédération genevoise de coopération; il a eu une longue carrière politique à Berne et Genève. Engagé dans les questions de biodiversité et d’économie durable, il est l’auteur de plusieurs livres, dont Alimentation, les bons choix (Genève, Jouvence 2013, 159 p.).
La pandémie a remis en cause la survie même de l’Union européenne. Dans une de ses rares interventions, Jacques Delors, ancien président de la Commission âgé aujourd’hui de 94 ans, lançait l’alerte: l’absence de solidarité parmi ses membres fait courir à l’Europe «un danger mortel».[1] Depuis, les choses ont clairement bougé. Le grand dialogue peut commencer.
Martin Maier sj est secrétaire des affaires européennes du Centre social jésuite européen; il enseigne à l’Université jésuite José Simeón Cañas (Central American University) de San Salvador, où il a œuvré quelques années en tant que prêtre d’une communauté rurale. Il a dirigé par le passé le Centre européen jésuite de formation à Munich et a été rédacteur en chef de Stimmen der Zeit, la revue culturelle jésuite allemande.
[1] Le manque de solidarité, «danger mortel» pour l’Europe, selon Jacques Delors, in https://institutdelors.eu/, 28 mars 2020.
La vallée de Pankissi est une région du nord-est de la Géorgie, frontalière avec la Tchétchénie. Dans cette vallée vit un groupe ethnique -les Kistes- aux racines tchétchènes. Ces derniers pratiquent un islam sunnite d'obédience soufie. Chaque vendredi, une fraternité soufie célèbre une cérémonie ancestrale dans la mosquée du village de Duisi. Aux côtés des Kistes vit une autre communauté de réfugiés tchétchènes rescapés des conflits russo-tchétchène de la fin du siècle dernier. Le photographe italien indépendant Giacomo Sini est parti à leur rencontre. Reportage.
En Suisse, depuis 1992 et le rejet de l'EEE (Espace économique européen), l’incertitude croissante va et vient au grès des circonstances. Or les sociétés qui peuvent s’appuyer sur une politique du centre forte respirent la confiance; en revanche, dans les sociétés polarisées, la peur règne en maître. Il est donc peut-être temps de renforcer à nouveau dans notre pays une politique du centre.