Le préfacier nous avertit qu'on trouvera dans cet ouvrage non pas un discours de rechange modernisé, mais une aide précieuse pour réinscrire la foi chrétienne dans la dynamique de la tradition. Et c'est Pierre, dans sa première lettre, qui nous invite à être prêts à nous expliquer devant ceux qui demandent compte de l'espérance. Nous, chrétiens, en ce début du XXIe siècle, avons du mal à formuler notre espérance...
Dominique Degoul
Schéma de la foi chrétienne
À l'usage de ceux qui ne savent pas par où commencer
Namur, Lessius 2015, 144 p.
Canonisée par le pape François, avec six autres bienheureux, ce dimanche 16 octobre, Elisabeth de la Trinité a laissé un héritage spirituel majeur. Elle n’aura pourtant vécu que cinq ans au Carmel de Dijon. Fondateur de la communauté de Sitio, le Père Patrick-Marie Fevotte, curé de paroisse à Dijon, vient de publier un ouvrage sur la sainte.
Patrick-Marie Févotte
Élisabeth de la Trinité
(1880-1906)
Une clarté de cristal
Paris, Salvador 2016, 122 p.
André Vauchez
Catherine de Sienne - Vie et passions
Paris, Cerf 2015, 254 p.
Exceptionnelle cette vie d’une laïque qui a remué ciel et terre. Catherine [1347 - 1380], en peu d’années, a affronté les «grands» de ce monde pour les encourager ou pour les admonester, tant les politiciens que les gens de la Curie, voire le pape. «Intelligente, d’une vivacité d’esprit étonnante, elle refuse, à 15 ans, d’épouser un beau-frère veuf. Pour la faire céder, on l’enferma dans un petit réduit situé sous l’escalier de la maison, où elle vécut trois ans dans une grande solitude, en prenant du pain et de l’eau comme seule nourriture. Elle tint bon et s’enferma dans le mutisme, se repliant sur ce qu’elle devrait appeler ‘sa cellule intérieure’, c’est-à-dire un lieu de rencontre entre sa conscience et la présence de Dieu», précise l’historien André Vauchez. Son obstination finit par faire fléchir son père. Elle disposa alors dans la maison d’une chambre, qui devint un lieu de recueillement. Sa mère demeura réservée face ses choix.
Jean Delumeau, à plusieurs reprises dans le passé, a été interviewé et a écris pour choisir. Ses thèses sur le péché et la peur ont largement retenu l’attention des spécialistes et des médias. Il livre ici un regard original, bienvenu et pertinent, sur la vie de l’Église au Moyen Âge, lors duquel des chrétiens ont parfois été bouleversés par des façons de penser et d’agir. Certaines de leurs peurs se sont du reste prolongées dans le temps.
Jean Delumeau
L’avenir de Dieu
Paris, CNRS Éditions 2015, 288 p.
Robert Dumont, Femmes uruguayennes sous la dictature 1973-1985.
Enlèvements, viols et tortures
Collection « Signes des Temps »
Paris, Karthala 2015, 270 p. (+ 1 CD d’un film)
En 2011, quelques femmes uruguayennes ont pris la parole pour dénoncer plus de 100 civils et militaires pour des tortures et des viols perpétrés contre des femmes emprisonnées pendant les années du terrorisme d’Etat en Uruguay. Après 30 ans de silence, la parole a enfin trouvé une issue pour parler de la torture infligée au corps féminin : "C’est très difficile de parler de ça, nous avons évité de le faire pendant de nombreuses années. Nous ne trouvions jamais le moment, ni les paroles qui puissent se comprendre et les oreilles qui puissent écouter."
Chaque trimestre, la revue choisir présente une sélection de recensions d'ouvrages.
Thomas Römer, Moïse en version originale.
Enquête sur le récit de la sortie d'Égypte (Exode 1-15)
Genève / Montrouge, Bayard / Labor et Fides 2015, 280 p.
Le livre se présente comme une enquête sur le récit de la sortie d’Égypte, qui se trouve dans les 15 premiers chapitres de l’Exode. Il cherche à mettre à jour ce qui vient du mythe et ce qui est histoire. Il propose une hypothèse sur la manière dont les événements se sont déroulés.
Alexis Neviaski, Le Père Jacques - Carme, éducateur, résistant,
Paris, Tallandier 2015, 408 p.
Personnage lumineux au don de soi total lors des pires épreuves, le Père Jacques, héros du film de Louis Malle Au revoir les enfants, nous surprend par sa capacité d'agir sur tous les fronts. L'essentiel demeure son amitié profonde avec Jésus qui façonnera sa manière d'être au quotidien.
Yvan Bourquin, Joan Charles Sancho, L’accueil radical. Ressources pour une Église inclusive
Collection «Pratiques» n°32
Genève, Labor et Fides 2015, 226 p.
La théologie et les Églises sont-elles dans l’inclusion ou l’exclusion? L’inclusion prêchée n’est-elle pas en contradiction avec l’exclusion effective? Et comment se fait-il que la plupart des exclusions tournent autour de la sexualité? À croire que le tout du message chrétien concerne la morale sexuelle!
Loïc Berge, Contraception : sortir du malentendu,
Collection « Débats »
Paris, Médiaspaul 2015, 184 p.
L’Eglise demande que les couples soient ouverts à l’accueil de la vie. Mais s’agit-il toujours et uniquement d’accueillir la vie biologique, c’est-à-dire l’enfant? Que signifie véritablement accueil de la vie? Ce livre est né d’une perspective découverte dans l’Instrumentum Laboris qui préparait le synode sur la famille. Un passage de ce texte préparatoire déplorait la non-réception de l’encyclique Humanae Vitae, considérait la contraception comme un péché. Pour bien comprendre la question, il faut se souvenir de la crise que cette encyclique avait provoquée...
Olivier Bobineau et Pascal Magnat, L’Empire. Une histoire politique du christianisme. Livre premier : La Genèse
Paris, Les Arènes BD 2015, 166 p., 158 planches
Voici une Bande Dessinée dans le style d’aujourd’hui : ligne clair, humour prononcé jusqu’à la caricature, message simpliste (l’Église romaine ne cherche que le pouvoir) ressassé ad nauseum. Les aficionados d’un interprétation monocolore de l’histoire de la papauté seront comblés. Quant aux autres...
Jacqueline Kelen
Sois comme un Roi dans ton cœur
Genève, Labor et Fides 2015,164 p.
Interviewée par la journaliste Anne Ducrocq (La Vie, Le monde des religions...), Jacqueline Kelen, ancienne productrice de France Culture qui a déjà publié plus de trente livres consacrés aux grands mythes et aux figures mystiques, dit d’emblée que la vie privée ressemble à un jardin : il n’est pas interdit d’y entrer mais ce n’est pas un espace public que tous peuvent fouler. Nous voilà avertis, son jardin intime restera secret... car l’intériorité « c’est avant tout l’histoire entre Dieu et mon âme ». Une histoire qui tantôt ressemble aux plaintes de Job ou aux lamentations de Jérémie, tantôt prend le cours du Cantique des Cantiques.
Dès l’enfance, Jacqueline Kelen a le sentiment de venir de très loin, comme si elle avait déjà vécu des siècles. La nostalgie, dit-elle, ce n’est pas une vague tristesse ni le regret d’un passé révolu, mais le mal du retour vers son véritable royaume. Parlant de culture, qu’elle qualifie d’essentielle, elle dit qu’elle ne repose pas sur une accumulation de spectacles, de concerts, de visites de musées, mais sur une curiosité personnelle, la soif de découvrir, de rencontrer, d’être surpris et dépaysé. Et les pages se suivent, toutes plus belles les unes que les autres. La langue orale de l’interviewée est aussi légère, délicate, élégante, pleine de poésie que celle écrite à laquelle elle nous a habitués.
Ce qui la frappe en observant ses contemporains, c’est qu’ils sont de plus en plus encombrés, et de citer un proverbe yiddish : « Un linceul n’a pas de poches ! » Elle parle de son enfance, de ses études, de son travail à France Culture, de sa soif d’écrire. Sa curiosité à l’endroit des religions et des spiritualités du monde entier est inapaisée et elle cherche le fil d’or caché qui relie toutes les voies authentiquement spirituelles. La religion, dit-elle, relie, le spirituel délie et la mystique unifie.
Mais loin d’elle l’idée d’exercer une maternité spirituelle. Si « mon existence porte des fruits spirituels, Dieu seul en est témoin ». Elle espère simplement donner envie à chacun de s’aventurer dans l’amour et la connaissance, en stimulant la curiosité, le courage de réfléchir et d’approfondir. Parfois, elle se demande si elle est dans la ligne enseignée par l’Eglise ou si elle est gnostique ! En tous cas, elle s’en prend aux faux gourous, aux marchands de bien-être qui exploitent la confiance des gens. La religion n’a pas pour but d’aider ou de faire du bien, mais de révéler la Vérité. Et de citer Socrate : « Vous pouvez tuer mon corps, vous ne pouvez pas nuire à mon âme. » Elle avoue que si elle parle et écrit, c’est pour réveiller les consciences et les ranimer, pour rappeler la Transcendance.
Dans un dernier chapitre où il est question de sainteté, elle redit l’ordre pressant de Jésus : « Viens et suis moi. »