«Élégie aux vingt mille femmes albanaises violées par l’arme et la police serbes dans la guerre du Kosovo de 1998-99.»
La dédicace de ce livre laisse prévoir l’horreur des viols. C’était au Kosovo, mais ce pourrait être partout ailleurs où une guerre est déclenchée. La barbarie, les brutalités, les viols accompagnent les génocides pour asservir plus fortement si besoin en était la population civile. L’auteur, kosovar émigré en Suisse, hurle son dégoût pour cette tragédie dans des poèmes poignants, tout en se sentant culpabilisé par son exil qui l’a empêché de protéger ses proches.
Bruno Pellegrino est lauréat du prix Bibliomedia pour Dans la ville provisoire (Zoé, 2021), un titre fort bien trouvé, pour un roman remarqué par notre rédaction! Un jeune homme est envoyé en hiver dans une ville envahie par l’eau (que d’aucuns reconnaîtront facilement) pour faire l’inventaire de l’œuvre de «la traductrice», ainsi qu’elle sera désignée tout le long du roman.
La trajectoire de celui que l’Assemblée européenne (qu’il a présidée en 1960) a nommé le Père de l’Europe est emblématique des raisons d’être du projet politique européen et de ses difficultés. Né en 1886 à la confluence de trois États européens, l’Allemagne, le Luxembourg et la France, ce Lorrain portera la nationalité allemande les trente-trois premières années de sa vie. Un héritage de la guerre franco-allemande de 1870. Un livre récent dresse le portrait spirituel de cet homme politique chrétien.
Chaque trimestre, la revue choisir présente une sélection de recensions d'ouvrages.
Le but de cet ouvrage est d’offrir des conditions pour que les Écritures soient reçues comme parole de salut en tout temps et en toute circonstance. Le dominicain Emmanuel Durand cherche à esquisser une théologie fondamentale des Écritures dans leurs réalités les plus complexes. Il explore dans quelle mesure les Écritures sont humainement conditionnées pour. Il s’agit pour lui tout d’abord d’assumer la finalité des Écritures, qui est d’orienter vers le Christ, puis d’expliciter et de formaliser les conditions d’une interprétation de ces Écritures, tout en affrontant leur complexité.
Voici une belle première pour cath.ch, l’agence de presse catholique suisse devenue portail d’information: la co-édition d’un livre avec les éditions Saint-Augustin. Il regroupe des portraits de jeunes engagés en Église en Suisse romande, réalisés par les journalistes de cath.ch entre septembre 2020 et octobre 2021. Une deuxième partie de l’ouvrage donne la parole à des responsables romands des vocations et de la pastorale de jeunesse. Parfois à «contre-courant de la société», comme l’écrit Bernard Hallet, rédacteur en chef de cath.ch, ces jeunes en recherche «tentent de revivifier l’Église pour en montrer les beautés occultées par les scandales, mais sans pour autant renverser l’autel». Entre tradition et changements…
L’auteur nous confie que l’accumulation de tant d’abus d’ordre sexuel dans l’Église avait mis son moral à zéro. Il se sentait trahi, un mélange de honte et de rage le submergeait, il avait «mal à l’Église». Mais il prit conscience qu’il devait cesser de se lamenter en pensant aux prêtres et religieux qui avaient vécu des temps encore plus sombres à l’époque de l’Inquisition ou, entre autres, à celle des Borgia. Il voulut alors montrer que les écrits du Père Benedict Joseph Groeschel, fondateur des Franciscains du Renouveau dans le Bronx (dont l’auteur fait lui-même partie), étaient très actuels pour la reconstruction de l’Église.
Maxence Bertrand nous invite dans son récent ouvrage à entrer dans la mystérieuse voie ouverte par Jésus, ignorée des pharisiens et des partisans d’Hérode. Saint Paul, qui connaissait bien Corinthe, y a fondé une petite communauté chrétienne et y restera très attaché. Son expérience d’avoir été saisi et consacré pour l’annonce de l’Évangile a été si forte qu’il a pu déployer une conscience profonde de son appartenance au Christ. Il devient ambassadeur. Cette identité nouvelle, conférée par le baptême, est d’une importance capitale: elle ravive en nous le don de Dieu.
Il y a deux colonnes vertébrales à ce récit d’une enfance meurtrie. L’une fissurée, effritée même, marquée par le désamour parental et l’exil politique; l’autre, qui tient lieu de charpente, est imbibée de la tendre affection d’une tante, du soleil iodé illuminant les rues de Tunis, et du plaisir de lire et d’écrire. Danielle Dalmas était, comme on les appelait alors, une pied-noir qui a quitté adolescente sa Tunisie natale, en proie aux heures houleuses de l’indépendance, pour gagner avec sa famille Annemasse, en Haute-Savoie.
Le dernier livre de François-Xavier Amehrdt, Évangile et musique, pourrait convaincre les néophytes comme moi dans l’art musical sur l’importance de l’écoute. Dans sa création si harmonieuse, Dieu n’a-t-il pas attribué à chacune de ses créatures la capacité à émettre un son qui lui est propre, un timbre reconnaissable entre tous? L'ouvrage vise à explorer la voie de la beauté musicale. Car, comme toute beauté authentique, celle-ci peut ouvrir notre cœur à la grâce divine. L'auteur présentera ce livre à Genève dans le cadre d’Un auteur un livre, le 30 avril à 11h00 au temple de la Madeleine.
Deux déesses ici sont honorées, deux religions sont pratiquées: l’amitié et la littérature. Pour relier les deux: la lettre. Un autre art: l’art épistolaire. On s’écrit d’abord les uns aux autres, on veut être lu par ses pairs, jugé, critiqué. On se querelle parfois, signe que le dieu qu’on sert est vivant, mais on écrit toujours pour un petit nombre. Le grand nombre n’existe que pour les éditeurs et les journalistes, quand la littérature entre dans le cycle commercial. Car on n’est vrai qu’entre gens de même métier. Le livre de Philippe Berthier, Amitiés d’écrivains, s’adresse au premier chef à ceux qui ont dilaté leurs pupilles et voûté leurs épaules sur des feuilles de papier couvertes de mots, non pour de l’argent ni pour la gloire, mais parce que les mots leur ouvraient les portes de ce qui dans ce monde se rapproche le plus du royaume des cieux.
Premier roman remarqué et remarquable pour la jeune auteure romande Fanny Desarzens. Galel est sans aucun doute de la veine des récits des écrivains suisses qu’elle affectionne, C.F. Ramuz et Corinna Bille en tête. Une écriture singulière, lente, minérale, poétique, au vocabulaire sans fard et senti avec justesse. Un style brut qui colle à celui de ces montagnards qu’elle décrit si finement.